En 2014, on ne devrait plus présenter Leif Edling, misteur souédiche-doume since naïnetihétissixe (quand même). De CANDLEMASS à KRUX en passant par ABSTRAKT ALGEBRA, le bassiste a toujours su tirer le meilleur de sa passion pour les musiques tristes mais néanmoins burnées. AVATARIUM, son nouveau projet, ne saurait déroger à la règle et plus que jamais, nous propose son lot de mélodies lumineuses déchirant les lourds riffs orageux qui squattent le premier plan.

À la base goupillée avec Mikael Åkerfeldt d'OPETH (mais qui quittera rapidement l'aventure, ne pouvant y consacrer le temps nécessaire) et Marcus Jidell (ex-EVERGREY, ex-ROYAL HUNT, The RING), la musique du projet se veut sévèrement Doom (par ses riffs très appuyés et ses guitares sous accordées) sans omettre pour autant quelques velléités progressives (dans ses structures et ses enchaînements notamment). Mais comparée aux autres groupes du bonhomme, la différence fondamentale à retenir dans AVATARIUM est ici personnifiée en sa blondinette de chanteuse. En effet, Jennie-Ann Smith (la femme de Jidell), apporte au groupe, il faut bien le dire, une aura toute particulière et son timbre plutôt Rock, son feeling bluesy et ses vocalises soutenues font mouche, incontestablement.

Chaque morceau a ici son propre truc bien à lui et parvient à se démarquer des autres. Le tout demeure cependant extrêmement cohérent, sans pour autant laisser l'impression d'avoir à se farcir un gros pavé de 50 minutes. Le skeud débute sur les chapeaux de roues avec "Moonhorse", longue composition à tiroirs, qui résumera parfaitement la teneur de l'album. Les riffs plombés, judicieusement rehaussé d'un orgue sonnant résolument vintage, s'alternent aux passages acoustiques magnifiques ("Moonhorse", "Pandora's Egg", "Bird Of Prey") où la voix de la miss Smith fait des merveilles. Les refrains presque incantatoires typiquement Doom ne sont pas en reste ("Bird Of Prey", "Tides Of Telepathy", "Avatarium") pas plus que les quelques soli flamboyants dont nous gratifie la formation ("Moonhorse", "Pandora's Egg", "Bird Of Prey"). Au final, en plus de l'excellent "Moonhorse", deux titres arrivent à s'extraire du lot par leur approche légèrement différente : "Boneflower" et son riff accrocheur et enjoué typique 70, puis la magnifique ballade finale "Lady In The Lamp".

AVATARIUM, pour un premier jet, nous balance un disque très prometteur quant à la suite des évènements et outre la belle prestation de sa chanteuse, parvient à mettre en exergue le talent de composition du duo Edling/Jidell, qui prouve qu'après trente années de carrière, il reste toujours possible de se renouveler et ce, tout en sachant sonner résolument actuel. Certains pourraient, devraient même, en prendre de la graine.