La grosse cylindrée du Metal Symphonique ? Si NIGHTWISH incarne de la façon la plus décadente l’abondance de moyens, WITHIN TEMPTATION s’acoquine avec le Pop Rock depuis quelques temps déjà. Si "The Heart Of Everything" peinait avec son caractère entre deux, "The Unforgiving" a opéré un virage bien plus radical et avec brio. On peut ne pas aimer ce Pop Metal vaguement symphonique, mais WITHIN TEMPTATION a sorti un bien meilleur album qu’on ne peut le croire.

Le truc qui pouvait choquer, c’est justement ce côté surproduit très américain dans l’esprit. "Hydra" est fait du même bois. Tout sonne très gros, produit, et lissé à l’extrême… et parfois trop. Les guitares obèses perdent la moindre once d’agressivité et cela même si le riffing est le plus affûté depuis des années ("Let Us Burn", "What About Us?"). La batterie sonne très synthétique et le traitement de la voix de Sharon peut sembler parfois étrange donnant l’impression que la belle chante dans un tuyau tant le mixage ne lui laisse pas de largeur.

Passées ses considérations, le groupe iconoclaste, non content de s’être associé avec le saint patron de la Trance Armin Van BUUREN, tente le featuring rap sur "And We Run" avec XIBIT, pas non plus un lapin de trois semaines même si son heure de gloire semble bien passée… Et ma foi je trouve que c’est peut-être l’un des titres les plus réussis de la galette, car non seulement XIBIT glisse son flow avec goût, mais les arrangements orchestraux sont de toute beauté. On ne parlera pas du blockbuster "What About Us?" qui voit les deux divas du style se renvoyer la balle pour un carton assuré.

Au-delà de ce côté « album des invités » (3 featurings sur les quatre premiers titres), WITHIN TEMPTATION réussit à donner un successeur plus qu’honorable à "The Unforgiving". Sans s’embarrasser d’un concept un peu obscur, le septette, le guitariste de tournée Stefan Helleblad s’étant joint à la paire Westerholt/Jolie en studio, vient d’accoucher de ce que j’appellerai un album de Rock moderne qui possède pour lui de la variété, de bonnes mélodies (Sharon reste irrésistible sur les ballades) en dépit d’une mise en son trop grand public qui tend à faire perdre un peu de caractère aux morceaux. Et bien qu'il tende à s’essouffler dans ses dernières minutes, "Hydra" est plutôt bien contrebalancé par les bonus tracks du deuxième cd, en particulier ce "Radioactive" remuant.