La deuxième mort de CELTIC LEGACY, au sortir de la publication de l'album "Resurrection" en 2003, prit des allures de redites : line-up instable, en proie à des difficultés financières, ignoré par les labels, le groupe irlandais de Dave Morrissey et Dave Bolan dut attendre à nouveau de nombreuses années avant que la possibilité d'enregistrer un nouvel album studio se présente. Miné par des changements incessants de personnel (pas moins de cinq chanteurs se succèdent entre 2004 et 2007), le groupe accouche, dans la douleur, d'un "Guardian Of Eternity" aux allures de testament.

Le style et la patte du groupe, assuré par les deux membres séculaires du combo, ne change pas outre mesure sur cette troisième offrande des Irlandais. Quelque part entre IRON MAIDEN et THIN LIZZY, CELTIC LEGACY se fait l'auteur d'un Heavy Metal épique et très mélodique, porté par des "twin guitars" affûtées et flamboyantes. Si la tradition celtique n'est jamais bien loin, évoquée par les quelques intermèdes faisant la part belle à une flûte mélancolique, le groupe tend bien plus vers la NWOBHM que vers le folklore traditionnel irlandais. Ingrédient inédit en revanche, la voix particulière du nouveau chanteur, Ciaran Ennis, dont les intonations et les "minauderies" rappellent Geoff Tate (QUEENSRYCHE). Alors que le chant était un atout majeur des précédents albums, voici qu'il se fait moins carré, plus clinique, et bien moins appréciable.

Les compositions n'offrent pour leur part aucune réelle nouveauté. Si la progression entre "Celtic Legacy" et "Resurrection" était flagrante, "Guardian Of Eternity" témoigne d'une certaine stagnation et n'offre malheureusement aucun titre de la trempe de "Guardian Angel" et de "Resurrection", pépites de l'album précédent. Les réussites sont néanmoins de la partie : "Afterworld", mid-tempo aux mélodies prenantes, "Erinmor", Heavy Metal enjoué sur lequel le travail des guitares est à se damner, le direct "Dance On Yer Grave", ou encore le morceau-titre "Guardian Of Eternity", dont les onze minutes fonctionnent à merveille, se font le témoignage d'un groupe inspiré et, par dessus tout, tributaire d'une identité propre et reconnaissable. De même, si la production de "Resurrection" était faiblarde, celle de "Guardian Of Eternity" parvient à mettre en valeur les guitares et la basse, arguments majeurs de l'album.

Plus dispensables, le redondant "Forgive Me" ou encore "King Of Thieves" et son agaçant refrain viennent nuire légèrement à la cohésion d'un album somme toute bien composé et bien exécuté. Pas suffisant néanmoins pour CELTIC LEGACY qui, incapable de rentrer dans ses frais, mettra définitivement la clé sous la porte en 2009, invoquant le téléchargement illégal comme motif de tous ses déboires. Restent deux albums chaudement recommandables et, pour les amateurs, ce "Guardian Of Eternity", témoignages remarquables d'un groupe dont le temps aura finalement eu raison de l'abnégation.