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MORBID ANGEL - Illud Divinum Insanus (2011)
Par DEADCOM le 25 Juillet 2011          Consultée 21588 fois

Depuis un bon moment, MORBID ANGEL fait bouche grasse un peu partout. Effectivement, huit ans c'est long. "Heretic", la précédente lettre de l'alphabet morbidgélien, ne restera pas un souvenir impérissable et la prestation de Steve TUCKER sera dans son ensemble, tout juste correcte, cela dit bien plus intéressante aujourd'hui avec NADER SADEK. Enfin bref, seize ans sans David VINCENT c'est tout même dramatiquement long, peut-être un peu trop.

Aujourd'hui nous assistons à cette réunification et nous espérons un retour digne d'un Roi. En vérité, l'ange morbide amorce, ici, un sévère contre-pied. Désormais, cet artiste du Metal mortuaire ambitionne une autre voie sous une autre forme.

Dès le départ, "Illud Divinum Insanus" endosse le rôle du vilain petit canard et devient victime de toutes les perversités (1). Malgré tout, l'objet du délit attise toutes les convoitises parce que nous le désirons dans toute sa matérialité. Après, libre à nous d'accepter les faits. Malheureusement, les "puristes" et autres conservateurs nourris d'un profond mépris, molestent sans compromis cette "dérive" artistique (notez les guillemets). Pourtant, si on se rapporte aux "Laibach Remixes" de 94 (par l'entremise de David VINCENT à son pote Trey), au ton martial de "Domination" (95) ou encore de "Love Of Lava" et de sa succession d'instrus formatés au shred, alors on se dit que cette "dérive" là n'est pas un acte fortuit et que l'ange morbide aime avant tout expérimenter. Même si cela doit lui être fatal.

Comme dirait l'ami Bio :
"Qu'est-ce c'est que ce pseudo SUMMONING en introduction ? Merde, ça booste pas un canasson en furie reproductive ! Mais que se passe-t-il ???"

Certes, le groupe relâche la pression et sa double pédale pour quelques instants étrangers au dogme des anciens mais rassurez-vous, la plupart des morceaux consistent en un Death Metal (très) puissant. Épuré, certes, mais travaillé dans les moindres détails. Idem pour ce qui est des "expérimentations" qui s'ensuivent, autant par leur fond que par leur forme.

De son doux nom, "IDI" est par définition, anachronique. Fraîchement sorti en 2011, l'opus incorpore tous les ingrédients du travail passé de l'artiste pour construire un présent plutôt radical, a contrario des modes actuelles. Autrement dit, quelque chose d'unique en son genre… Le retour du grand David VINCENT (et de ses envahisseurs), n'y est pas étranger et le détonateur de cette soif d'extrême s'enclenche à nouveau, seize ans plus tard.

*

De mémoire, Le Death Metal, surtout pour les plus acharnés de ses apôtres, a frisé le zéro absolu en terme d'évolution car la moindre "déviance" lui serait fatale. La tradition ça a du bon, c'est certain, mais l'innovation et le changement ne sont pas à exclure pour autant. On se souvient encore des cas de "Massive Killing Capacity" (DISMEMBER), "Feel Sorry For The Fanatic" (MORGOTH), "Heartwork" (CARCASS) et "Spheres" (PESTILENCE) qui firent grincer bien des dents. Pris de panique, nous nous accrochons à ce qui nous reste de valable à nos yeux dans le but de ne pas sombrer. Steve TUCKER, qui n'était au départ qu'un simple intérimaire, devient par la force du buzz, un faux prétexte pour broyer de l'ange morbide qui lui ne bronchera pas d'un pouce face à ces piètres ouvriers aux mauvais outils… Et la plèbe pourra hurler autant qu'elle le voudra et expier le vil péché aussi violemment qu'elle le pourra, rien ne stoppera le processus de la nouvelle mouture du Maître des armées.

A ce moment précis, l'ami Bio me rétorque :
"Ce n'est définitivement pas mon album préféré du groupe mais je dois bien reconnaître que la prise de risques est très forte et mérite un coup de lumière à ce titre au moins."

Effectivement, la prise de risque est palpable. Dorénavant, dés qu'il s'agit d'innover, MORBID ANGEL ne se comporte plus comme une pucelle. Totalement désinhibé (et dépucelé), la bouteille en plus, c'est sans complexe qu'il assume ce parti pris des plus audacieux car c'est sans préavis que "Too Extreme!" Nous assomme et que "Profundis - Mea culpa" nous achève. Amen, mes frères.

**

Pour son grand come-back, MORBID ANGEL marque le coup. Les moyens déployés n'imposent pas moins de quatre ingénieurs du son (2) pour sa réalisation qui se résume en deux mots : puissance et lumière. Ange puissant, ange de lumière, le mal est incarné dans son insondable beauté... Aujourd'hui, l'ange morbide se drape d'une bien jolie parure où sa puissance ostentatoire reste l'élément dominant. Autant que le mysticisme et la nature étrange de la bête qui s'humanise pour la toute première fois. Le monstre n'en reste pas moins enraciné dans les ténèbres et la mythologie mésopotamienne chère au maestro AZAGTHOTH ("Blades For Baal").

D'emblée, un "rite" vocal crée le fil conducteur tout au long du parcours ("Omni Potens") et c'est alors que l'apocalypse devient imminent. Animé d'un ton autoritaire "Destructos VS The Earth / Attack", nous entraîne vers une fiction de la fin des temps. Enrichie d'un discours endurci, ici, quelque peu ironique voire autocritique, la désinvolture au parfum Big Rock du morceau "Radikult" vous emmènera loin, très loin, bien loin du dogme des anciens, et de ce fait, l'artiste que nous connaissons tous enfonce le clou rien que pour le plaisir ! Chacun est libre de se prononcer (ou pas) là-dessus mais ce plaisir-là reste entier. Mais c'est aussi d'une certaine manière un plaisir coupable pour nous faire avaler la pilule. Une grosse pilule.

Cet album à l'allure électro / indus n'épouse ces contours que de manière subjective et cette fâcheuse manie d'étiqueter une musique est beaucoup trop réductrice pour ceux (ou celles) qui veulent rentrer au cœur du sujet. D'ailleurs, "Profundis - Mea Culpa", un titre fort à l'effet immédiat, tendance "Thunderdrome volumeXXX", découle du travail mutuel d'Erik RUTAN sur les instrus hors-norme de MORBID ANGEL, juxtaposés lors de moments bien précis… Bluffant.

Un bluff qui nous surprend d'autant plus que l'on en fait la grimace. "Boum, boum, boum…" la grosse caisse de Tim YEUNG "captée", elle aussi, par Erik RUTAN sur "Too Extreme!" fait déjà grand bruit et pas seulement sur ce disque. Musicalement intéressant, l'effet de cette piste est tout aussi saisissant ; un rythme techno sur du Death Metal, d'accord mais sur du MORBID ANGEL, cela a de quoi surprendre (ou décevoir) l'auditeur car il faut bien le dire, les surprises sont de taille sur "Illud Divinum Insanus", pour ne pas dire assez gigantesques. Tout simplement parce qu'aucunes machines, à proprement parler, ne sont utilisées. Seul le triptyque guitare/basse/batterie enregistré de main de maître donne toute la sève de cette fantastique beat-machine et de ses riffs bétonnés jusqu'à en devenir de véritables marteaux pilons, pour se réunir in fine avec une certaine idée de la magie.

Ce qui lève le voile sur une vraie prouesse technique et amène un des plus grands représentants du Metal Extrême vers un voyage artistique sans commune mesure… On serait tenté de le rapprocher d'un "Grand Declaration Of War" en terme de conception similaire mais la lutte serait vaine. "IDI" n'est pas de ce type d'expérimentation… tant pis, tant mieux…

Allez, un petit constat s'impose…

***

Pour la deuxième, septième, et onzième piste, vous allez grincer des dents à vous en perforer l'os maxillaire ! Soit vous aimez, soit vous détestez. Pour la troisième, quatrième, sixième, huitième et neuvième piste, attendez-vous à du classique, le groupe évolue vers un registre bien plus familier et donc rassurant. Pour la cinquième et dixième piste, là le rythme death diminue et l'élément rock surgit. Un des moments-clés de "Illud Divinum Insanus".

Et hormis ceci, l'envolée de blasts millimétrés et de tempos organiques reste la principale méthode de destruction massive de l'ange morbide, dont le duo "Existo Vulgoré"/"Blades For Baal" qui tel un lavement auditif, vous soulagera de "l'affront" des précédentes pistes. Avant de scander à votre tour le nom du Maître sur "I Am Morbid", un "hommage" (aux fans) plein d'adrénaline et de fureur (soli), pour repartir sur un groove entrecoupé d'un speed meurtrier sur "10 More Dead" armé de son terrible refrain. A ce titre, notons la qualité d'un mix savamment dosé par Sean BEAVAN (NINE INCH NAILS) qui englobe le tout, là où la mitraillette à chatons de Tim YEUNG tapisse honorablement le spectre sonore sur le mystique "Beauty Meets Beast" sans l'assiégé et son écriture reste un brin plus développée que celle du massif "Nevermore" (et son milieu de parcours écrasant), autant que la mise en valeur des impressionnantes cordes vocales de M. VINCENT. Les moments "mélodieux" sont toujours considérés et habités par le maître et son nouveau disciple, formant un tandem de haut niveau.

Bien sûr, tout n'est pas parfait. L'approche de cette superproduction quasi-hollywoodienne que représente "Illud Divinum Insanus" en laissera pas mal sur le carreau. En plus, l'animal est gros, velu et long (56 minutes pour onze titres). Le risque de décrocher à partir de la deuxième piste est plus que certain et plane dangereusement sur ce nouvel album injustement mis au pilori par la majorité (comme le fut un certain "St Anger" en son temps).


Selon moi, il était grand temps de rectifier le tir car "Illud Divinum Insanus" le vaut largement.


****

"Sage est l'homme qui connaît ses propres limites."
Pas de bol, MORBID ANGEL n'en a aucune.

NB : Je remercie chaleureusement mon collègue BIONIC2802 pour sa participation car la richesse de ce papier provient surtout de nos réflexions mutuelles. Donc, un grand merci à toi l'ami.


*****


(1) : La décence m'interdit de préciser davantage tous les détails de ce véritable massacre collectif de cet album sur le net. Ce phénomène frôle la démence caractérisée et nous démontre ainsi la grande médiocrité d'un public dit averti envers un artiste aussi référentiel que MORBID ANGEL.

(2) : Dans le désordre ça nous donne : Erik RUTAN, Mark PRATOR, Juan GONZALEZ et Sean BEAVAN.

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Par BIONIC2802




 
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   (3 chroniques)



- Trey Azagthoth (guitare)
- Destructhor (guitare)
- Tim Yeung (batterie)
- David Vincent (chant, basse, claviers)


1. Omni Potens
2. Too Extreme!
3. Existo Vulgoré
4. Blades For Baal
5. I Am Morbid
6. 10 More Dead
7. Destructos Vs The Earth / Attack
8. Nevermore
9. Beauty Meets Beast
10. Radikult
11. Profundis - Mea Culpa



             



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