Le cas SOUNDGARDEN relèverait-il du foutage de gueule ? N’a-t-on pas encore informé les membres du groupe que le marché du disque est en crise ? Inactif durant douze ans, c’est le premier janvier 2010 que le chanteur Chris Cornell annonce la reformation du groupe. S’en suit une poignée de concerts savamment choisis à travers le Monde dont un sous pseudonyme à Seattle. Il n’en faut pas moins pour que le buzz SOUNDGARDEN prenne de l’ampleur. Courant 2010 toujours, le groupe sort dans le commerce "Telephantasm", une compilation honnête mais qui n’apporte rien de vraiment neuf. Jouant encore une fois avec la fibre nostalgique de leur fan.

"Live On I5" est le premier album live du gang de Seattle. Il a été enregistré entre le 30 novembre et le 18 décembre 1996, il devait initialement sortir après l’album "Down On The Upside" mais les dissensions qui existaient dans le groupe ayant causé leur split, il en a été autrement. Le nom de la galette fait référence à "l’interstate 5", sorte d’autoroute longeant la côte pacifique des Etats-Unis, reliant les villes comme Del Mar, Oakland, Vancouver, Salem et Seattle dont en sont extraits les titres. Ce qui constitue, en tant que réac, une hérésie. Appartenant à la vieille école, mes faveurs vont aux prises uniques, issues d’une seule date et constituants pour le groupe qui s’y soumet, un exercice périlleux mais sincère. Qui généralement est vecteur de charmantes imperfections pardonnables. D’autant que de nos jours, il est monnaie courante de gommer et réenregistrer ces imperfections en studio. D’où la question : dans ces conditions quel est l’intérêt du live ?

Ce premier faux pas exprimé, il convient de préciser que les shows ont enregistrés sur un 24 pistes par Adam Kasper (NIRVANA, FOO FIGHTERS, QOTSA, PEARL JAM,R.E.M). Autant dire que si SOUNDGARDEN ne s’est pas plié aux règles de la performance sur date unique, le son de ce live est énorme et uniforme. Et oui, on en fait des merveilles en studio !!!! Ainsi, les quatre musiciens proposent dix sept titres parfaitement exécutés. Ils ont choisis de ne piocher que dans leurs trois derniers disques studio : "Badmotorfinger (1991)", "Superunknow (1994)" et "Down On The Upside (1996)" correspondant à leur période jugée la plus commerciale. A cela sont ajoutées deux reprises. Une version infidèle et étouffante du "Helter Skelter" des BEATLES, dont tout le monde s’accorde à dire qu’historiquement, il s’agit du premier morceau de hard rock enregistré et le "Search and Destroy" des STOOGES, anecdotique. Curiosité, "Nothing To Say", qui figure sur "Screaming Life", un des premiers EP enregistré par SOUNDGARDEN en 1987.

Pour le reste, "Down On The Upside", le petit dernier est sous représenté avec seulement quatre titres. Les hits en puissances que son « Burden In My Hand » et « Dusty » sont bien présents ainsi que le punkisant « Ty Cobb » joué pied au plancher.
Cornell est très en voix et le groupe qui l’accompagne est bien rôdé. Le problème c’est que jamais le groupe ne communique avec son public. Malgré les cris de celui-ci et et les sons de guitare tantôt bruts tantôt travaillés, on ne sent pas de passion. Soit, cette qualité n’a jamais été celle de SOUNDGARDEN, il n’empêche que cette froideur peut frustrer. En bonnes place, "Rusty Cage", "Slaves" et pour le final "Jesus Christ Pose" représentent "Badmotorfinger" et que les filles se rassurent, "Black Hole Sun" appartient à la liste, dans une version fidèle et chantée par un Cornell excellent mais qui en fait des caisses. Quel bel organe tout de même,vous en conviendrez. Les titres les plus dépressifs de leur répertoire ne sont pas présents au profit des efficaces "Spoonman" ou "Fell On Black Days". Petite mention pour la section rythmique toujours en béton armé et aussi à Kim Thayil, qui s’en sort magnifiquement bien avec ses parties de guitares (avec ou sans effet)que l'on soupçonne néanmoins d’avoir un peu triché.

Début mars 2011, un communiqué officiel annonce que l’ingé son du futur album (toujours sans nom) de SOUNDGARDEN sera, encore une fois Adam Kasper. Pour l’heure, le groupe possèderait déjà quatorze titres dont 90% seraient des compositions récentes. Aucune date précise n’est annoncée mais le groupe promet une sortie d’ici la fin de l’année. Procéduriers comme peuvent l’être les américains, ce temps qui passe n’est peut être qu’une histoire de contrat, sachant que Matt Cameron, toujours batteur chez PEARL JAM a peut être le "cul entre deux chaises". Croisons cependant les doigts pour ne pas avoir à marner trop longtemps pour voir si SOUNDGARDEN peut encore apporter musicalement quelques choses d’intéressant au 21e siècle. Alors que certains bons groupes enregistrent des albums excellents en trois jours SOURDGARDEN, prend son temps. Espérons qu’ils peaufinent ou la sentence sera radicale.

Note : 2,5/5 et normalement quand on triche, c'est 0.