En premier lieu, la reformation du groupe (après plus d’une décennie d’absence) avait simplement pour but de reprendre les vieux succès d’antan et de les jouer en concert. La machine à rumeur s’est rapidement mise en marche et on a eu droit d’espérer un album en bonne et due forme. Après plusieurs mois à jouer dans les festivals histoire de se dégourdir un peu les jambes, les gars en sont rapidement venus à la conclusion que la chimie était toujours au rendez-vous. Le nouvel objectif était donc clair : l’enregistrement d’une toute nouvelle galette. SOUNDGARDEN n’a cependant pas sauté les étapes : il y a eu les premiers balbutiements avec le "single" "Live To Rise" conçus pour le film "The Avengers". Par la suite, nos amis "Grungiens" nous ont annoncé un album.

Autant le dire d’emblée et crever l’abcès une bonne fois pour toutes : SOUNDGARDEN n’a jamais été mon groupe préféré dans le mouvement Grunge. De ce type de musique, je lui préfère largement les petits gars d’ALICE IN CHAINS. Même le père Cobain a une plus grande affinité avec moi. J’y retrouve une certaine connexion, un meilleur "feeling". Tout ceci est bien sûr une question de goût. J’apprécie tout de même Cornell et compagnie et reviens constamment vers les derniers albums ayant fait leur succès.

Nous voilà donc en 2012, époque où bien des choses ont changé depuis le déclin du Grunge. Déjà, les reformations sont maintenant à la mode. Aucune surprise donc de revoir nos amis de chez SOUNDGARDEN reprendre du service et repartir en tournée avec un nouvel album à la clef. Ensuite, les galettes se font maintenant plus concise, plus compactes et la grosse production est maintenant facilement atteignable. Si vous avez déjà écouté du SOUNDGARDEN auparavant, vous savez déjà que le résultat sera très différent. Les gars sont restés coincés dans les années 90. Certains vont aimer, d’autres non.

"King Animal" contient donc des titres à ras-le-bol, une habitude chez SOUNDGARDEN qui ne se fait tout simplement plus à notre époque actuelle. Les morceaux sont nombreux, massifs et difficiles d’accès. La première écoute est vite décevante, avec des titres soit trop faciles comme "Been Away Too Long" ou simplement trop complexes. Le juste milieu n’est pas de mise ici.

Pourtant, avec du temps et de l’effort, les subtilités se révèlent au fur et à mesure des écoutes. Il faudra donc s’armer de patience si on veut "comprendre" "King Animal". On voit poindre une espèce de maturité qui était préalablement absente. Le talent des musiciens est toujours bien présent, de même que la voix reconnaissable entre mille de Cornell. Pour moi, la pièce centrale de l’album se nomme "Bones Of Birds" : sensible, mordant, intemporel. Malheureusement, les moments nostalgiques qui étaient présents sur "Down On The Upside" sont chose du passé et on reste dans du Grunge plus calibré. La magie n’est plus, mais Cameron et Shepherd restent toujours inventifs. Quant à Kim Thayil, on reconnaîtra facilement sa signature sur bon nombre de titres.

Difficile donc de mettre la note maximale lorsqu’on entendra "King Animal". Les morceaux sont beaucoup trop nombreux, les moments de réjouissance trop peu présents. Il reste que, n’étant pas un grand fan du groupe, je ne suis pas le mieux placé pour parler des gars. Peut-être que le fan hardcore verra en ce "nouveau" disque une continuité qui aura échappé à votre humble serviteur.

Le coup le plus dur sera d’admettre qu’il s’agit du tout dernier disque de SOUNDGARDEN. Le 18 mai 2017, la Terre s’arrête pendant quelques millisecondes, le temps de noter la disparition d’une légende de la musique. Chris Cornell met fin à ses jours après des années de combats contre la dépression et diverses substances illicites. SOUNDGARDEN repose maintenant comme monument pour tous les amateurs de musique.

Morceau préféré : "Bones Of Birds".