Mesdames et messieurs, voici venu le temps de remettre le prix le plus prestigieux de notre Metalhit 2010, celui de l'« Album découvert trop tard au grand dam du chroniqueur qui lui aurait bien sûr fait une place dans ce palmarès sélect faisant mouiller les demoiselles ». Des questions avant que nous vous dévoilions le nom de l'heureux groupe étant passé sous nos radars ? Quoi ? Comment avons-nous pu graver un nom aussi long au bas du trophée ? Hum… Bon, alors voilà ! Le gagnant pour l'année 2010 est "Ominous Doctrines Of The Perpetual Mystical Macrocosm" d'INQUISITION ! Quoi ? Vous avez une autre question ? Si…? Si le groupe remporte les prix de la pire pochette et du titre le plus laid de l'année en plus ?

La mort. Les étoiles. La suie. Un énorme trou noir. Le sang. "Ominous Doctrines Of The Perpetual Mystical Macrocosm" ouvre un large pan de notre imagination. Black jusqu'au plus profond de l'âme après avoir débuté leur carrière dans le Thrash en 1988, ces Colombiens relocalisés aux États-Unis n'oublient pas leurs racines musicales et infligent une superbe leçon de Black mélodique, sale et rentre-dedans. Un peu comme les vieux IMMORTAL ou DISSECTION se plaisaient à nous lancer dans les dents, ce qui nous forçait bien entendu à ramasser nos canines sur le sol avec le sourire ravagé, en en demandant encore et encore. Rappelez-vous.

INQUISITION, c'est un peu cette ferveur qui ne mourra jamais. Les notes et commentaires sur les précédents albums du combo sont assez éloquents à ce sujet… De grosses guitares mélodiques et fuzzées, qui s'étirent comme la corde d'un arc faisant craquer l'arme au maximum. Des guitares effrayantes comme une scie à chaîne découpant sa victime, oui merde, les cisailles du Diable lui-même. Précis, malsain et catchy comme c'est péché de l'être en Black, le fiel d'INQUISITION s'écoule en variant les tempi et en collant à ces sortilèges écrits grâce au grimoire des clichés. Mais ça, on s'en fout. Ah si on s'en fout, les Colombo-Américains ne sont que musique, que Black, que pure tuerie. Les textes ? La voix monocorde affreuse du chanteur ? Détails que ça.

Dès que le riff et l'ambiance de "Astral Path To Supreme Majesties" vous pourfend, que le groove dansant de "Cosmic Invocation Rites" vous fait tranquillement headbanguer comme si vous aviez fumé trois grammes d'opium, que les guitares hurlantes de "Command Of The Dark Crown" et la pièce-titre vous font saigner les oreilles, que "Desolate Funeral Chant" vous enterre vivant, que les effets de base comme celui de "Hymn For A Dead Star" vous propulsent contre le mur, vous rendez les armes et plongez tête première dans le vortex. Impossible de lutter contre ces vieux croûtons frappés d'une cure de rajeunissement semblable à bien d'autres comme eux, ils sont trop forts.

Et ces agressions sont pour la plupart réfléchies, contrairement aux jeunes boucs du Black qui ne font que jouer de la corne dans les clôtures électrifiées. La preuve: la vélocité atteinte sur "Crepuscular Battle Hymn" est rarement égalée sur "Ominous Doctrines Of The Perpetual Mystical Macrocosm". INQUISITION est un grand trou noir, ne perdez pas cela de vue ; son Black est certes martial, mais mature, occulte mais assez facile à saisir. Mix des riffs implacables et des parties plus calmes de DISSECTION et des atmosphères froides et dantesques d'IMMORTAL. Je ne trouverais jamais meilleure façon de décrire ce groupe afin de le rendre aussi sympathique que possible à un grand nombre d'amateurs.

Ce cinquième album d'INQUISITION est un cœur noir découvert sur le tard qui ne pourra malheureusement pas faire partie de mon Metalhit. Sauf qu'il est gravé dans ma mémoire comme une des meilleures sorties Black traditionnelles de 2010.

Bref, la machine colombienne poursuit sa route et pave d'autres avenues pour une carrière qui n'est pas sur le point de se terminer.