Le satanisme est la pierre d'assise de ma spiritualité. En tant que libre penseur, tu peux choisir en qui tu crois et pourquoi, afin de trouver ce qui se cache dans la noirceur. Le nouvel album parle ainsi de grands concepts : la mythologie sumérienne ancienne, l’astrologie et le créationnisme ainsi que l’occultisme dans son sens large. La musique est un art, qui vous oblige à bien jouer de votre instrument, mais pour lequel vous devez emboîter les pièces du puzzle pour que tout fonctionne. Garder un esprit ouvert et rechercher constamment de nouvelles idées est aussi essentiel.

Cette citation est de Dagon, fondateur d’INQUISITION et sorte d’Abbath nord-américain. Vous savez, c’est lui qui excelle dans le chant de corbeau et les riffs tranchants et saturés un max, qui nous offre depuis 1988 des albums noirs et mystérieux sondant la voûte étoilée, le mysticisme des pratiques occultes et les méandres de l’histoire. Un Black reconnaissable parmi des milliers, une aura cauchemardesque qui s’acclimate depuis quelques années à un fédéralisme assumé. INQUISITION a suffisamment lorgné les abysses impénétrables dans ses premières années et a acquis le titre de groupe culte. Cela lui permet de ne pas dévier de son cap et de fournir, sortie après sortie, une came de qualité. Les ironiques évoqueront le pilote automatique, alors que les fans applaudiront cette constance dans la bastonnade.

Je suis assez divisé devant un tel embranchement. J’aime la constance chez un groupe, en autant qu’il évite le plafonnement. INQUISITION est trop fier de son héritage pour glisser dans ce piège, Dagon est un type trop talentueux et maître de ses incantations pour se connecter au dangereux engrenage du hasard. Un métronome capable de briser le rythme et de se réinventer, un pas à la fois.

On retrouve sur "Bloodshed Across The Empyrean Altar Beyond The Celestial Zenith" les ingrédients classiques de cette potion malsaine, les mêmes riffs empoisonnés, le chant dérangeant du matador, ces mélodies accrocheuses et inquiétantes et ces fûts légèrement étouffés sonnant vintage et parfaitement mixés pour respecter la production impure. Les américains réfléchissent longuement pour que leurs compos ne détonnent pas en raison d'une ambition démesurée derrière les manettes. Certains fans leur ont reproché sur leurs trois derniers skeuds de se travestir, mais je ne crois pas que ce soit un immense raté. Au contraire, je préfère le considérer comme une évolution.

Toutefois, sur "Bloodshed Across The Empyrean Altar Beyond The Celestial Zenith", j’aurais aimé que les américains appuient davantage leur direction artistique sur les trois instrumentales, soit l’intro, l’outro et le coda, qui foutent les jetons à chaque écoute. Surtout l’outro, qui évoque des forces pernicieuses et tribales, thématique peu exploitée dans notre univers métallique. Mais non, INQUISITION joue du INQUISITION pur jus, avec une dose de vitamine C saturée, fuzzée, comme d’hab’, et une tabasse de tous les diables. Ces fûts martelés par Incubus, si primaux, injectent une curieuse atmosphère encore une fois dans ce déluge cosmique, au risque de me répéter.

Ce septième disque des américains ne dépasse pas les attentes, ce n'est une surprise pour personne. Disons que c'est une perle noire de plus à leur collier, qui nous éloigne encore de la facilité faite Black. INQUISITION est reconnu pour son originalité et la puissance de son œuvre somme toute assez simple quand on y songe…

Mais en toute objectivité, il est impossible de descendre sous les 4 étoiles, même si la note de cet album est de 3,5/5. INQUISITION demeure un leader de la scène Black et les vétérans qui poursuivent avec succès leur route dans une ère de compétition sauvage méritent les grands honneurs.

Podium : (or) "The Flames Of Infinite Blackness Before Creation", (argent) "Wings Of Anu", (bronze) "A Magnificent Crypt Of Stars".