Après un sublime « Into the Infernal Regions of the Ancient Cult » sorti en 1998 chez l'enfant du pays – la Colombie – Sylphorium Records, un album pétri d'une personnalité forte, d'un satanisme déjà mâture et d'une énergie et d'une déprime communicatives, dépeignant des paysages véritablement infernaux, INQUISITION va remettre doucement la machine en route et prendre son temps pour accoucher en 2002 d'une autre pièce d'Art Noir nommée « Invoking the Majestic Throne of Satan », en la maison de War Hammer Records. Le combo, composé du survolté Incubus à la batterie et de Dagon aux cordes et vocaux, ne comptait pas baisser les bras dans sa conquête du public Black Metal, déjà sacrément alléché par le premier effort. Et personne ne va être déçu, car ces Etasuniens d'origine colombienne donc, y ont tout mis, dont toute leur inspiration et leur perfectionnisme patenté... « Invoking... », plus que le premier acte, est à considérer comme l'opus de l'Hommage à Satan (DEICIDE sont des rigolos à côté d'INQUISITION) et comme celui de la Conquête, tant il est gorgé de fierté, d'orgueil et de sentiments épiques. Vous vouliez du Black Metal – vous serez plus que servi !

Comme je l'ai déjà dis dans ma critique du premier full-lenght, INQUISITION est unique pour plein de raison : un batteur bondissant et intelligent; un vocaliste hors pair à la voix véritablement unique et inhumaine (qui déclame : il ne chante pas) ; un univers satanique bien personnel... De toute façon, pas besoin d'en faire des tonnes, à peu près tout le monde dans le milieu du Black Metal connait le duo – d'ailleurs impressionnant en concert; et vivement la tournée – et lui reconnaît sa personnalité en marge de la marge. Bref. Faisons le tour des nouveautés ! Dans cet « Invoking the Majestic Throne of Satan », INQUISITION ajoute une dose de Heavy qui transforme quelque peu la recette sans la faire tourner vinaigre. Je vous en dirait plus plus loin, mais sachez que c'est réussi : on n'en attendait pas moins de Dagon. De plus, la production est un peu plus épaisse et la basse un peu plus mise en avant...

Arf... AAAAAAAARGHH ! J'aimerais m'arrêter là, car ce disque ne rassemble que des PU-TAINS DE HITS, gravez-le dans votre cervelle ! Comment ne pas headbanguer et lever le poing en hommage à Satan avec ce premier et destructeur « Embraced by the Unholy Power of Death and Destruction », coupé par un magnifique solo lancinant, qui nous conduit à une partie plus mid-tempo ? Cette piste est l'une des meilleures du genre que je connaisse. Ceux qui aiment TSJUDER par exemple, se retrouveront facilement dans le duo. Ce premier tir de la part d'INQUISITION révèle également un autre des talents de la formation : l'efficacité, caractère indissociable du commando. Celui-ci n'a de cesse d'y coller, de le vouloir être et y parvient admirablement. Ce nouveau missile permet également de se rendre compte que plus de place, d'ampleur a été donné à Incubus et de se rendre compte comme les deux hommes fonctionnent avec une osmose incroyable.

Après ce premier titre destructeur, on continue avec un rouleau compresseur sur la seconde piste (les amateurs de Black Metal Brutal apprécieront), elle aussi devenue un hymne du groupe. Epique, ravageur, avec son break de fou et ses riffs facilement mémorisables (et son fameux « Hail Lucifer the Prince. Hail Satan King of kings »). Si j'en avais les moyens, je ferais tourner le groupe rien que pour moi : il est l'un des meilleurs au monde. « Kill with Hate » fait peser de sa basse lourde et du mur sonore créé par la guitare et la batterie pour nous écraser la cervelle, avant de nous achever par un break fabuleux dont seul lui a le secret. Ce titre pue le souffre à des kilomètres. Sans tomber dans le ridicule, INQUISITION sait se montrer convaincant dans son adoration au Grand Cornu – fait trop rare pour ne pas être relevé. Le lent et Heavy « Rituals of Human Sacrifice for Lord Baal » fait retomber la pression et exerce son emprise avec facilité sur l'esprit, hypnotisant ce dernier et l'emmenant dans les régions infernales et ancestrales dont INQUISITION, plus que tout autre servant de Satan connaît les Portes et en détient les Clés. Toute la fierté du duo en transpire également... La piste éponyme fait alors son apparition en cinquième position. Elle débute par un sample minimal en reprise de ceux du premier album. Puis c'est à un titre mid-tempo et entraînant auquel nous avons affaire. On ne peut que tomber à genou devant tant de génie de leur part : un satané feeling en resort. Les bougres maîtrisent l'art de faire secouer les cheveux et balancer la tête comme celui de nous convaincre de vouer nos vies à Satan à leur suite... INQUISITION a un réel pouvoir pour charmer et fédérer. INQUISITION est un pilier du Satanisme orthodoxe (mais n'ont absolument rien à voir avec cette vague-là musicalement parlant).

On passe dans la seconde moitié de l'opus avec « Hail the King of All Heathens », une piste pleine d'entrain, conquérante, fière et terriblement Metal !!! Avec un break extrêmement savoureux et très Heavy (rappelant ceux d'ARCKANUM), ce titre possède un refrain jubilatoire que scande avec ferveur Dagon :

« Hail... Lucifer
Hail... Abaddon
Hail... Beelzebub
Hail... Satan ! »

Mais putain, comment ne pas aller fracasser tous ces curés encore debout et réduire tout à feu et à sang avec un tel titre !!!? (Vous l'aurez compris, je suis un indécrottable d'INQUISITION. Mais j'ai mes raisons que la Passion ne connaît pas (peut-être)). TER-RIBLE... Le combo a pris quatre ans pour ne pondre que des hits – je vous avais prévenu.

« The Realm of Shadows Shall Forever Reign » met un coup de turbo pour nous prouver, s'il le fallait encore, que ces mecs maîtrisent aussi bien l'art du fleuret que de la hache, escrime dont ils font toute la démonstration ici en alternant parties bourrines et parties Heavy... J'aimerais bien vous dire qu'INQUISITION commet enfin une erreur, mais non : le lourd « For Lucifer my Blood » est lui aussi un tube. Tout l'art du duo pour nous rallier à La Cause nous est ici servit avec brio. La puissance du morceau dégagée par la possession satanique de Dagon et Incubus est intense et fascinante. Je ne vais pas tarder à me convertir si j'écoute trop d'INQUISITION... Peut-être le suis-je déjà après tout, depuis le temps que je les écoute. Bref. Le dernier titre avant l'outro pointe déjà son nez et son nom est tout à fait éloquent : « Imperial Hymn for our Master Satan ». Une piste typique des Etasuniens : on passe du violent au doomesque. Génial. Néanmoins, elle est surprenante car bien plus sombre et menaçante que l'ensemble, en contraste avec le reste de l'album – comme un avertissement pour la suite à venir. Qui sait de quoi sera fait demain... Je ne vous parle pas de l'outro et vous laisse découvrir cette fin hautement exquise...

Les seuls reproches que l'on pourrait adresser au groupe, c'est son Satanisme ostentatoire, ses noms de pistes à rallonges et ses pochettes véritablement kitsh. Mais tout cela participe du Culte... Trois quart-d'heure de Black Metal entièrement dévoué aux hordes infernales, à l'Apocalypse et au Seigneur des Mouches sont passés et encore une fois, INQUISITION l'enfant du Blasphème, invoquant le throne majestueux de Satan, nous subjugue, s'impose et nous décapite sans pitié...
Impensable de passer à côté de ce groupe lorsqu'on écoute du Black Metal. Et une Œuvre simplement indispensable.

« Hail... Lucifer
Hail... Abaddon
Hail... Beelzebub
Hail... Satan !»