Quand vous êtes un groupe et que les gens pensent à un truc qui vous démarque des autres à la seule évocation de votre nom, vous êtes automatiquement une créature à part parmi des milliers d'entités sombres. Que ce soit en raison de votre frontman hyper connu, votre style barjo, vos atmosphères ou autres gimmicks, vous avez le pouvoir de vous détacher du lot. Oui, oui, même en 2021, malgré la courte et pourtant très longue histoire du Metal qui nous en fait ouïr de toutes les couleurs.

INQUISITION possède beaucoup de ces points lumineux qui clignotent dans la nuit pour vous aider à cheminer vers lui. En premier lieu la voix graveleuse et gouleuse de Dagon et son jeu de guitare mélangeant riffs Heavy et cisailles Black. On croirait entendre IMMORTAL sur le crack. Notons aussi, pour le plaisir, les bonus dont tout le monde se fout : le duo Dagon-Incubus joue ensemble depuis 1996 et provient du fief des plus grands narcos de tous les temps, la Colombie.

Après avoir tout dit et craché, il ne reste que la fumée et le temps qui file. Et qui a envie de recommencer à filer. Donc est-ce qu'INQUISITION a des choses à prouver en 2020 ? Non. Est-il encore pertinent ? Bof. Les mots et expressions « tranquille », « stagnation » et « pilote automatique » me viennent instantanément à l'esprit quand je pense à cette cuvée qui s'étire, s'étire et s'étire sur une saloperie d'heure complète. "Black Mass For A Mass Grave" est long, long et INQUISITION ne divertit pas autant qu'avant avec ses lames rouillées, son goitre fatigué et ses lancinantes complaintes, qui ponctuent ce huitième album.

Tout n'est pas ennuyeux comme les symptomatiques pièces "Necromancy Through A Buried Cosmos" ou "My Spirit Shall Join A Constellation Of Swords" (lentes et répétitives), heureusement. Je salue quelques idées intéressantes de ce "Black Mass" sur le podium, mais la majorité des lueurs géniales de l'album sont mal développées ou effleurées. Ce qui retiendra positivement l'attention avant toute chose est le son de ces cordes éclairantes très Post, qui filtrent souvent de la noirceur caractéristique du duo, et qui tranchent avec les cisailles classiques d'INQUISITION ; on dirait des pointes de ballerine gothique sur un étang argenté... Nous dirons que c'est la facette émotive de ces funérailles ! L'orgue aussi est digne de mention, le son est assez surprenant, parfait même pour une telle messe noire. Le hic est qu'il est trop rare et mal placé dans ce labyrinthique et verbeux disque. Il ne ressort donc pas comme il devrait, comme le résultat de ces soixante-quatre minutes ne touchent pas au fameux.

Dommage qu'INQUISITION ait gardé le meilleur pour la fin avec le duo "Hymn To The Absolute Majesty Of Darkness And Fire" - "Beast Of Creation And Master Of Time", qui supplante le correct duo de départ "Spirit Of The Black Star" – "Luciferian Rays". Car pour le reste, le trou béant entre ces deux poteaux, on nage en plein limbo. Je ne crois pas que le concept du disque ait été respecté et développé à sa juste valeur.

Les Colombiens se font vieux et ça s'entend. Pauvre Incubus, il a dû s'emmerder ferme durant l'enregistrement !

Podium : (or) "Hymn To The Absolute Majesty Of Darkness And Fire", (argent) "Spirit Of The Black Star", (bronze) "Beast Of Creation And Master Of Time".

Indice de violence : 2,5/5.