Recherche avancée       Liste groupes



      
HEAVY METAL MODERNE  |  STUDIO

Commentaires (25)
Questions / Réponses (1 / 2)
Lexique heavy metal
L' auteur
Acheter Cet Album
 


 

2016 The Stage
2023 Life Is But A Dream
 

- Style : Black Veil Brides
- Membre : Adrenaline Mob, Bpmd
 

 Site Officiel Du Groupe (2698)
 Myspace (987)

AVENGED SEVENFOLD - Nightmare (2010)
Par CANARD WC le 30 Août 2010          Consultée 18347 fois

Alors que le Metal n’a jamais autant tourné en rond, le mot « originalité » n’a jamais autant été employé. Un peu comme si on essayait tous de se convaincre d’une chose, quitte à galvauder ce terme pour de bon. D’ailleurs, allez hop, je prends la rousse par le haut (« tiens, grosse pute ») et voici ce que ça donne :

Originalité : Caractère de ce qui est original, nouveau, singulier, personnel ( ex : l'originalité d'un procédé de fabrication). Capacité de quelqu'un à produire quelque chose de nouveau, d'original (ex : artiste qui manque d'originalité).

Voilà. Donc par originalité, il y a nécessairement l’idée d’une certaine nouveauté.

Prenons un peu de hauteur si vous le voulez bien (si vous voulez pas, c’est le même tarif) : en quoi a consisté l’originalité dans le Metal ces dix dernières années ? La réponse : peau de balle de zob. Nos vieux groupes font toujours du vieux Metal, certains ont essayé quelques arrangements classico-sympho-moncul, les petits jeunes qui déboulent sur le devant de la scène se contentent quasiment tous de fusionner, mixer plein de trucs ensemble en priant pour que le résultat soit honorable et basta. Finalement, le truc le plus novateur ces dernières années, c’est le « Metalcore » soit du gros son qui tache bien moderne avec une alternance chant hurlé / plaintif. Pas lumineux, mais original il est vrai.

Résultat des courses : en terme d’originalité et malgré les nombreuses tentatives, ça fonce irrémédiablement droit dans le mur, la tête la première et le sourire aux lèvres. Pourquoi ? Parce qu’avant de vouloir « créer » une formule ou faire du « nouveau » ; il faut être en mesure de mettre l’essentiel sur la table. Soit de vraies compos, des mélodies, de la structuration. On n’exige pas d’un étudiant en lettres de faire d’emblée du Victor Hugo, mais par contre « écrire correctement » en évitant les fautes d’orthographe me semble un corollaire « raisonnable » avant de prétendre à quoi que ce soit.

Prenez les groupes « originaux » des années 90 - genre NINE INCH NAILS ou FAITH NO MORE ou RAGE AGAINST THE MACHINE ou SYSTEM OFA DOWN – ces groupes en plus d’avoir quelque chose de novateur à proposer n’ont pas oublié en cours de route la moitié des ingrédients (les riffs, les mélodies, les compos, le « son » que sais-je encore ?). Quasiment toutes les tentatives actuelles genre « Black Electro Drone Postcore à tendance Screamo » ont du coup peu de chances d’aboutir à un résultat transcendant parce que leur intérêt ne repose QUE sur le mélange qu’il opère. Et la vraie originalité ne consiste pas uniquement en un « bête » cocktail d’ingrédients, sinon la bouillabaisse serait le plus grand plat du monde et moi je me fais hara-kiri. J’anticipe : l’originalité n’est pas non plus la nouveauté (au sens strict) sinon suffirait de se retrouver dans les bacs avec de beaux stickers. Non, il faut aussi une « personnalité » et une singularité créative qu’on vous dit.

Pour cette raison, je voudrais lever mon verre et rendre hommage à AVENGED SEVENFOLD (*), qui en ces temps obscurs pour notre musique, va nous permettre l’espace de deux pages de causer sur ce que revêt l’originalité et toutes ces vertus.

Emporté dans son élan, Canard réalise qu’il est debout sur son bureau en slip et brandit un coca tiède.

J’entends déjà les esprits chagrins lever les yeux au ciel (oui c’est possible) :

« AVENGED, original ? Laisse-moi rire Canard, ce groupe pompe METALLICA au taquet et plein d’autres trucs. Alors « original » pas tant que ça ».

Eh bien je ne suis pas d’accord et m’en vais vous expliquer pourquoi.

Avec son album éponyme de 2007, AVENGED avait placé la barre très haute. Soit un Metal foisonnant et furieux, étrange et accrocheur en même temps. Rien qu’un titre comme "Little Piece Of Heaven" valait son pesant de cacahouètes à lui tout seul, c’était complètement nouveau et fascinant, pour un rendu à la croisée des deux mondes (Metal Trad’ et Metal Moderne). AVENGED avait fait un bien fou dans le paysage et comme souvent quand une étoile brille trop fort dès le début, le Destin s’en est mêlé et a emporté « The Rev » (leur batteur) avec lui. Ca ressemble au "Nighmare" que font souvent les grands groupes (LED ZEP, AC/DC, METALLICA, etc.) – coupé en plein élan – au moment le plus inopportun. AVENGED s’est retrouvé un peu orphelin, déboussolé mais avec du fric plein les poches. Il y avait de quoi craindre le pire pour la suite, sauf que non. Malgré ce gros coup du sort, AVENGED nous démontre qu’il est de la race des grands groupes, de ceux qui savent relever la tête. Alors "Nightmare" n’en devient que plus passionnant et admirable. Saupoudré de ce zeste d’émotion, ce regain de sensibilité fait basculer AVENGED de trublion à délicat, de turbulent à sensible. Ce contexte donne une profondeur nouvelle à sa musique, comme à l’occasion de ce "Fiction" où l’ombre du Rev semble planer pendant que la mélodie « lawrencedarabesque (**)» vous hante, vous déboussole et vous fait chavirer. AVENGED s’est extrait de sa condition pour proposer autre chose, tout en ayant conservé les mêmes forces et faiblesses. Non pas une évolution donc, juste un nouveau « pan » du talent de ce groupe, un nouvel horizon endeuillé, plus émouvant, plus touchant, plus posé, plus « sombre ».

Evidemment, cette nouvelle orientation peut sembler de prime abord moins ambitieuse, moins étonnante et moins furieuse (la contrepartie logique du choix artistique opéré). Ce "Nightmare" aura donc ses détracteurs, ceux qui préfèreront les premiers amours du groupe avec ses maladresses et ses fulgurances. Il n’en demeure pas moins que ce nouvel album transpire du même professionnalisme, d’une certaine remise en question, d’un savoir-faire brillamment exploité et de références parfaitement digérées. Plus qu’une question de « préférence » (le débat est inutile), avec "Nightmare" AVENGED a passé un cap rendant toutes comparaisons plus ou moins foireuses tant entre "City Of Evil" et cet album on ne parle pas du même groupe. Cette faculté à exploiter aussi brillamment de nouvelles références est finalement ce que "Nightmare" a de plus réjouissant. Tout en préservant l’essentiel, sans se perdre en chemin. Juste avec un peu d’huile de coude et un véritable sens de l’interprétation. L’album sent le sérieux à plein nez, les compos sont travaillées et d’une richesse à faire pâlir la concurrence.

Puis, il y a ce côté « oldschool » (que les nouvelles scènes ont mystérieusement délaissé) si bien intégré : le chant (le vrai), les soli et les riffs accrocheurs. SHADOWS chante comme si sa vie en dépendait, il met du cœur à l’ouvrage (écoutez sa prestation sur "Tonight The World Dies") et hisse à lui seul toutes les compos d’un cran. Que dire encore des gratteux, capables de vous scotcher à coups de riffs ou de véritables sérénades (je vous renvoie au final de "Danger Line")… En notre époque de hurlements, de martèlements et de vacarmes dignes de votre chasse d’eau, AVENGED dénote intelligemment et saura mieux que quiconque se faire apprécier aussi bien de la jeune génération que celle des plus vieux hardos (nos lecteurs grisonnants) qui savent qu’un bon soliste et un bon chanteur peuvent faire la différence (cf. le final de "So Far Away" à mi chemin entre SCORPIONS et "Sweet Child Of Mine").

Alors l’album prend progressivement un autre sens. Il s’amplifie, enfle, se faufile, surprend un peu plus à chaque fois. Ce foisonnement de « petites choses », de détails rend chaque écoute différente, l’album en devient presque « inusable ». Toute la force d’AVENGED qui sait insuffler à sa musique une profondeur insoupçonnable vous donnant l’impression littéralement de vous « coller à la peau ». "Nightmare" peut vous suivre partout, il s’adapte aux conditions de votre écoute, à votre environnement et vos états d’âme. Triste ou de bonne humeur, au bureau ou au lit, malade ou en pleine forme, au volant ou en faisant à bouffer : AVENGED saura aussi bien vous faire headbanguer que se faire discret, vous émouvoir comme vous foutre une pêche d’enfer. Aussi caméléon que la palette des registres que le groupe effleure à chaque titre.

Par delà les qualités « classiques » évoquées plus haut, le « secret » du groupe réside dans cette fantastique capacité à se réapproprier ses références. AVENGED est un groupe de son temps qui a digéré parfaitement les bons groupes pour en faire une tambouille unique. Alors on entend du METALLICA un peu partout ("Buried Alive" par exemple), que ce soit dans les riffs ou dans la façon très « Hetfieldienne » de chanter par moment, un soupçon de RAGE AGAINST THE MACHINE sur "God Hates Us" avec un break à la PANTERA, beaucoup de FAITH NO MORE aussi sur "Save Me" par exemple… AVENGED navigue entre des eaux territoriales savamment choisies sans jamais verser non plus dans le copier / coller grotesque. Entre la référence appuyée et le talent de remaquiller une musique à sa sauce.


On pourrait continuer à décliner les éloges pour chaque titre (rien que le final "Save Me" mériterait à lui seul un sonnet) ou tenter de répondre à des questions existentielles comme :

"Nightmare" mieux ou moins bien que son prédécesseur ?
Futur groupe culte ?
Quel impact sur la scène actuelle ?


On s’en fout.

A l’instar d’un SYSTEM OF A DOWN fin des années 90, AVENGED est à ce jour l’un des groupes les plus excitants. Et "Nightmare" est juste votre dernière chance de pas passer à côté du phénomène.


Note : 4,5/5.


Morceaux préférés : "Danger Line", "Tonight The World Die" et "Save Me".
Morceaux moins adorés (tout l’album est bien je précise) : "Natural Born Killer", "Victim" et "Fiction".



(*) Je sais que l’abréviation officielle du groupe est : A7X. Et je sais pas pourquoi ça m’énerve – tout comme les gens qui disent « les METS » pour parler de METALLICA ou pire ceux qui disent « Asse Death » pour AC/DC. Donc je refuse sciemment de l’utiliser, même si j’ai l’air très con. Et pas à la mode non plus.
(**) 38 points au Scrabble.

A lire aussi en HEAVY METAL par CANARD WC :


JUDAS PRIEST
British Steel (1980)
Breaking the conventions, breaking the conventions

(+ 5 kros-express)



IRON MAIDEN
Brave New World (2000)
Comme on chérit plus fort celui qu'on a cru perdre

(+ 9 kros-express)

Marquez et partagez






 
   CANARD WC

 
   FENRYL
   METALINGUS

 
   (3 chroniques)



- Shadows (chant, piano)
- Synyster Gates (guitare solo)
- Zacky Vengeance (guitare rythmique)
- Johnny Christ (basse)
- Mike Portnoy (batterie)


1. Nightmare
2. Welcome To The Family
3. Danger Line
4. Buried Alive
5. Natural Born Killer
6. So Far Away
7. God Hates Us
8. Victim
9. Tonight, The World Dies
10. Fiction
11. Save Me



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod