Deux années après le premier opus, le grand chef, Glenn Danzig remet le couvert. Le premier album était une belle réussite, du Rock’n’Roll teinté de Blues sur le fond, du Heavy Metal dans la forme, le tout absolument pas indigeste. Il manquait néanmoins un petit quelque chose, un peu d’assaisonnement peut être, pour faire chavirer définitivement les gloutons que nous sommes.
Alors qu’y a-t-il au menu de ce second album estampillé DANZIG ?
La même recette que le précédent, mais davantage soignée et approfondie.

On retrouve donc sur "Lucifuge" les points forts du groupe: la voix du chanteur, tout d’abord, bestiale dans les accélérations et poignante dans les moments plus calmes. Le Jim Morrison du Metal démontre un savoir faire saisissant qui donne à chaque morceau une dimension étonnante. Notre homme est une véritable machine à émotion, capable de vous bouleverser avant de vous secouer énergiquement quelques secondes plus tard. Je pense bien entendu à "Devil’s Plaything", la pépite d’or du disque ou "777" dont l’intro est tout simplement magique. Un début calme, la voix est posée et délicieuse et laisse place en un instant à des cris de rage, des cris du cœur, intense ! N’oublions pas, non plus, la science du refrain dont fait preuve DANZIG qui semble y avoir apporté un soin particulier. Refrains entêtants qui restent ancrés dans un coin de l’esprit, refrains envoutants qui inondent le cerveau de dopamine, effet garantie.

Bien sur, derrière ce génie de Danzig, s’agitent quelques gaillards non dénués de tout talent, bien au contraire. Musicalement, c’est travaillé et affiné. On pourra surtout râler sur les solos un peu trop courts, parfois. Sinon, on ne retrouve pas grand-chose à redire, c’est sans grande effusion mais efficace et fluide. Juste ce qu’il faut quand il faut.

Mais alors, qu’est ce qu’il a de plus cet album que le précédent ? Selon moi, un détail qui rend le tout plus consistant, DANZIG plonge davantage en profondeur dans ses morceaux. En guise d’entrée, "Long Way Back From Hell" fait immédiatement écho au passé Punk de Danzig. Dans le texte et le style, c’est du MISFITS version Metal.
Le plat de résistance, "Killer Wolf" expérimente le Heavy Blues comme jamais. Le groupe prend même le risque avec "I’m The One" de confectionner un titre purement Rock-Blues, le chant de Glenn Danzig est mis en avant et le résultat est au rendez-vous.
DANZIG nous offre même en dessert pour la première fois de son histoire une ballade envoutante, "Blood And Tears".

Le bilan est donc plus que positif. DANZIG se lance courageusement dans de nouvelles sonorités, s’aventure avec brio dans le domaine du Blues, augmente sensiblement les passages lents et mélodieux de l’album. L’aspect sombre et torturé est bien entendu préservé tout en prenant une ampleur nouvelle suite à l’orientation musicale du groupe. On regrettera uniquement les textes, un peu bateau par moment, mais cela relève de la futilité tant l’ensemble est probant.
Un album moins homogène que le précédent et clairement un cran au dessus au niveau de l’intensité et de l’ambiance. "Lucifuge" c’est de la gastronomie pour oreilles avisées, un régal des fins gourmets, simplement du grand art concocté de main de maitre par un Glenn Danzig virtuose. "Lucifuge" c’est un restaurant 5 étoiles.