Attention, SKINLAB évolue... Et il va falloir s'y faire car si vous recherchez quelque chose qui sonne à la manière des premières heures du combo, il va falloir vous résigner !
Ce « Revolting Room » quitte ostensiblement les rivages du groove metal pour s'élancer sur les flots déchaînés de la noirceur et de l'ambiance...
Vous voulez goûter, que dis-je déguster et savourer des titres alternant puissance et mélodies dépressives ? Vous voulez entendre le timbre si particulier de Steev vous transporter dans un monde sombre et glauque ? Ouvrez donc le bal avec ce « Disturbing the art of expression » au refrain explosif tel un cocktail molotov et aux couplets monocordes et hypnotiques... Une véritable perle offrant une dimension TOOLienne au groupe. Magistral !
Exercice périlleux mais totalement maîtrisé que cette descente aux enfers au travers des mélodies mélancoliques sur lit de rage et de furie pure.
SKINLAB est devenu sombre, noir... terriblement noir... pour notre plus grand bonheur.

Mais que les fans de la première heure se rassurent tout de même: le groupe a su conserver sa rage d'antan (« Take as Needed »), sa capacité à créer des titres puissants, fédérateurs et entêtants (« Never give in »), tout en y incorporant des touches innovantes parfois des plus déconcertantes ! Forgez vous une opinion personnelle sur ce « Come Get It »: on jurerait entendre MARYLIN MANSON en guise de chant clair ! Et puis, non, Steev Esquivel repasse en mode éraillé en reprenant sa tessiture... Cette dernière apparaît de suite avoir évolué: le timbre se veut plus gras, plus écorché laissant croire que le sieur a soumis ses cordes vocales à un traitement de hurlements et de rage (un peu le type de voix que l'on peut avoir lorsque que l'on est fumeur et que la bronchite pointe le bout de son nez: outre cette voix « à la BARRY WHITE », votre timbre évolue au fil des modulations liées à la présence de corps étrangers dans votre appareil respiratoire !).
Et le break monumental sur « Jesus Sells » ? Nan ? ZAKK WYLDE ! Je vous assure avoir bluffé des fans de BLACK LABEL SOCIETY qui pensaient découvrir là une participation cachée de notre guitar hero vénéré !! Le tout au beau milieu d'une track totalement dans l'esprit torturé du groupe, reposant sur ses fondamentaux « groove metal »: riff lourd, lancinant et martelé à l'infini sur lequel se place la voix grave de son frontman (qui ne cesse de me surprendre et de m'inspirer un respect des plus profond).

Ôtons un titre introductif incorporant des samples (sans autre intérêt que de placer l'auditeur dans l'ambiance... dispensable), SKINLAB nous sert ici 9 titres risqués mais qui font mouche. Le groupe réussit ni plus ni moins qu'un joli tour de force dans un genre intimiste et endémique... Ce qui ne peut qu'à mes yeux forcer le respect.
Grosse verrue tout de même sur cet opus, c'est ce final interminable de 26 minutes sur « The Revolting Hotline »: 20 minutes de bruitages et de hurlements téléphoniques comme son nom l'indique dont l'intérêt ne saura trouver preneur au mieux, au pire fera perdre des points à cet album. La preuve. Quelle connerie de laisser mourir un album de cette qualité...
Au final, « Revolting Room » est, tout de même, un très bon album qui mérite respect et attention, ce que le groupe n'a toujours pas eu à sa juste valeur à ce jour... Une erreur que tout à chacun se doit de réparer et ce, le plus rapidement possible !

Verdict: 3,5/5, note réelle.