Le live est l’essence même du Metal… J’appartiens à cette frange de mordus qui ne jurent que par les concerts et la scène comme épreuve du feu pour chaque groupe. Notre musique est vouée, destinée à être proposée "en direct" : elle repose sur une évidence que le commun des mortels néglige, à savoir que chaque groupe est composé systématiquement de sacrés musiciens. Oui, nous le savons nous tous, mais pour les autres, "ils font du bruit"… Trente-cinq ans que j’entends ce genre d’inepties.
"Venez les voir live ou bien allez parler avec eux et vous comprendrez leur culture de la Musique, des instruments et leur niveau de technicité, à chaque poste".
Les metalleux sont de putains de musiciens et d’artistes. Point.

Alors évidemment, je suis un dingue des captations live. Certaines ont marqué notre Musique. Nous le savons tous. Quand SKINLAB s’offre enfin un exercice de cette nature (il faut bien avouer que proposer un album live, c’est un peu une consécration car il s’agit de la mémoire d’au moins une tournée, donc offert à des groupes avec une certaine notoriété ou une notoriété certaine).
À nous les hurlements des fans, les échanges entre le groupe et le public, les larsens, les couacs et autres imperfections, les jokes…
Après son hiatus 2003/2007, les Californiens ont rompu par consentement mutuel leur contrat avec Century Media et reviennent avec cette production éditée par BCD Music, en 2008, sans nouvel album studio ! Un poil surprenant vous en conviendrez, surtout que la dernière sortie était… une compilation en 2004...
"Écorchés vivant" (comme les bébés phoques) ou un jeu de mots avec ce titre "SkinnedAlive!" propose une expérience délicate et presque de souffrance, d'une manière peu commune.

Au départ, tout semblait bien parti : c’est toutes dreadlocks dehors que SKINLAB déboule donc pour reprendre contact avec son public (Steev indiquera tout le plaisir de retrouver tout le monde en fin de galette avant de lancer "Know Your Enemies" annoncé comme le dernier titre… avant un inédit "Face Of Aggression"). Le groupe puise allègrement dans ces trois albums studio évidemment mais ne fait même pas plaisir à son audience en délivrant quelques petites nouveautés, histoire d’aguicher le client au moment de pondre un quatrième L.P. Seul "Face Of Aggression" vient conclure le set avec une entrée vraiment plus Punk dans sa première moitié avant un final bien Groove Metal (on notera quelques années plus tard que ce titre est resté à ce niveau, absent du futur album par exemple).
La setlist est efficace. Indéniablement. Dix titres qui font la force de SKINLAB : "So Far From The Truth" en guise d’ouverture pour mettre (quasi) tout le monde d’accord (après l’insupportable "Intro" bruitiste que certains combo s’évertuent à perpétuer en guise d’ouverture) avec son côté Nu/Groove Metal qui avait su attirer l’attention notamment d’un Robb Flynn, parrain du groupe.
Les connaisseurs apprécieront "Excellerate", "Paleface", Know Your Enemies" ou "Scapegoat" (plaintif à souhait) en autre, qui ne perdent pas vraiment de leur fougue ici.

Mais, car il faut bien rentrer dans le dur à un moment, le sentiment "live" est littéralement passé au second plan. C’est bien simple, il est bien délicat de prendre la mesure que le groupe est en direct à un public. Certes, le Groove Metal occupe tellement l’espace sonore qu’il ne faut pas s’attendre à profiter de chœurs des fans en délire, nous sommes parfaitement d’accord mais de là à ne pas sentir une forme de frénésie ambiante, il y a un juste milieu. Steev échange avec les fans à la fin de "Excellerate" et à quelques occasions ("How are you doing tonight?") mais il en résulte un forme d’ennui global à l’écoute de ce monolithe de Groove Metal. Un titre efficace comme "Paleface" s’en trouve gâché par la voix de Steev qui déraille et montre de sacrées limites, et par un refrain avec des chœurs inaudibles et ridicules. Même bordel sur "Scapegoat" et "No Sympathy For The Devil".
Bref, vous l’aurez compris, pondre un album de captations fade est un crime de lèse-majesté à mes oreilles. La production n’est pas digne de SKINLAB (écoutez-moi cette batterie sur le final de "Scapegoat", une horreur).

"SkinnedAlive!" est un album live qui dessert la discographie de SKINLAB, ne permettant pas de mettre en valeur le groupe, qui s’en trouve même desservi au moment de vouloir revenir avec un prochain L.P.
Fade et sans saveur, il n’illustre pas les capacités latentes d’un groupe qui n’aura cessé de se prendre le plafond de verre en pleine gueule, année après année. Ce n’est pas cette prestation quelconque qui sauvera quoi que ce soit, encore moins cet artwork flashy qui vous punie la rétine.
Inquiétant pour la suite tout de même cette histoire.

Note réelle : 1,5/5, tout juste sauvé par la setlist, j’ai longtemps hésité avec 1/5, sec.

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