A croire que le Metal est un environnement peuplé de moutons noirs, SKINLAB est un nouvel exemple de reformation inattendue... Sorte d'"Homme au masque de frère" (vous savez, le jumeau du roi caché, resté dans l'ombre, le chevalier Gémeau de SAINT SEIYA si vous voulez !), SKINLAB était devenu le mauvais cheval depuis l'explosion sur le devant de la scène de MACHINE HEAD, qui tout comme ce groupe, était à l'origine du Groove Metal. Dire que l'on ne s'attendait pas à les revoir est un doux euphémisme : les problèmes récurrents dans l'histoire du groupe ont entraîné une telle instabilité que personne (moi le premier !) ne s'attendait à voir nos lascars enterrer la hache de guerre (*) ! Il faut également savoir que le projet parallèle de Steev et Steve (aka Snake), RE:IGNITION, semblait constituer leur priorité...

Pourtant, en cette fin d'année 2009, c'est bien un SKINLAB tout recomposé qui se présente devant nous. Le line-up de "Revolting Room" est même de la partie après un hiatus entre 2003 et 2007 (avec entre-temps un best-of et un live, histoire de racler les fonds de tiroir) !!

Le premier titre de cette galette porte terriblement bien son nom : "Face Of Aggression" comporte deux mots sur trois qui nous causent bien ! Une véritable agression, « in your face ». Sans doute le titre le plus « extrême » du groupe tant le chant de Steev frôle le Death (core) ! Ultra rapide pour le groupe (qui je le rappelle est censé oeuvrer dans d'autres contrées !), il est entrecoupé de breaks qui viennent rompre cet uppercut... Original et véritablement surprenant.

Si "Amphetamines Gods" (ou "Bloodclot" plus tard) semble vouloir enfoncer le clou (Esquivel est décidément bien en forme !) dans la furia, on se surprend à penser à PANTERA sur "Scream At The World". En effet, tout y est : on jurerait Phil Anselmo (cette façon de hurler le titre de la chanson !), sur des lignes de Dimebag Darrel (ce riff principal si typique)... La rythmique devient plus lourd, le rythme se pachydermise. Notre tête retrouve ses bons vieux réflexes de headbanging ! Quelle efficacité !

Plus l'album progresse et plus la vitesse diminue : si PANTERA et SEPULTURA ("Bloodclot") sont à l'ordre du jour sur les premières plages, on glisse vers un Power Thrash, voire du Stoner/Sludge ("Karma Burns" typique du groupe) ou même quelques expériences un poil plus Nu Metal (relents de SLIPKNOT sur le titre éponyme) ! "Still Suffering" bien que très très heavy (au sens propre du terme) s'offre un break/solo dantesque sur la fin, laissant enfin les zicos se laisser aller à davantage de feeling... A noter l'évolution de la batterie, dont la frappe semble parfois très sèche et claquante, peu commun chez nos américains.

Merde alors, on était quand même là pour du SKINLAB ! Même si le groupe oeuvrait dans la zone B du genre, on en espérait sans doute davantage... Au final, "The Scars Between Us" est un bon album qui signe un retour burné du combo de la Bay Area... Il leur fallait bien cela pour pouvoir espérer rivaliser avec un MACHINE HEAD en pleine forme cette année (pour les avoir vus live deux fois, je peux vous dire que le challenge est relevé !).

SKINLAB s'est peut être fait désirer pour les amateurs du groupe, mais il ne s'est pas foutu de notre tronche... Un agréable retour.

(*) Depuis la fin de l'enregistrement de "The Scars Between Us", Glen Telfor a de nouveau quitté le groupe !! C'est dire !!