Chroniquer un album de légende du Black Metal.
Ce n’est rien de moins que cela qui attendait votre modeste serviteur lorsqu’il s’est engagé à revenir sur cette première réalisation de DARK FUNERAL. Pas de besoin de revenir sur l’extraordinaire qualité de la production métallique extrême de la seconde moitié des années 90 : pour ceux qui ont vécu cette époque enchanteresse, la situation actuelle du milieu paraît bien décevante. Et parmi les groupes qui ont contribué à la vitalité de cette massive vague sombre il faut citer DARK FUNERALl. Les Suédois appartiennent à la catégorie peu fréquentée des groupes qui parviennent, dès leur premier album, à imposer leur style, inventant des enchaînements d’accords immédiatement identifiables, qui leur appartiennent en propre. Le territoire musical délimité avec "Secrets Of The Black Arts" en fait une des formations les plus reconnaissables du genre. Plus que cela, "Secrets" est sans doute un des albums qui a fait chuter la suprématie norvégienne en matière de Black Metal (aidé notamment par le rouleau compresseur "Heaven Shall Burn", premier réel carton de MARDUK, sorti la même année).

Comment s’imposer en un album ?
DARK FUNERAL sonne très « Black Metal » (c’est bête à dire mais c’est le cas): des guitares acérées, peu diversifiées mais hypnotiques, qui jouent du décalage de quelques notes d’un riff à un autre provoquant un puissant effet maléfique (tout l’art des bons DARKTHRONE). Les morceaux, courts pour la plupart, sont imparables et entrent immédiatement en tête: une des qualités du groupe est d’arriver à produire des titres « à mémoire immédiate » c'est-à-dire dont on parvient à s’imprégner rapidement (pour un peu toutefois que l’on ait l’habitude des structures alambiquées du Black). Pour compléter la formule, ajoutez une batterie agressive et variée, des paroles glorifiant le Malin, un chant haineux et vous obtenez le secret d’un art sombre qui pose "Secrets" en référence. Là où cette alchimie fonctionne le mieux est probablement sur "When Angels Forever Die", le «tube» de cet album.

Point important : DARK FUNERAL est moins direct et intense qu’un MARDUK par exemple. Ici on prend le temps d’un petit mid-tempo bien malsain ; tendance qui confère à leur style un côté plus narratif et élaboré. Surtout, DARK FUNERAL est un groupe en constante progression : leur second album, "Vobiscum Satanas" (1998), est plus brutal et plus réussi encore à mon sens, explorant les chemins frayés par "Secrets Of The Black Arts". "Diabolis Interium" (2001) marque une réorientation, pleinement assumée dans le magnifique "Attera Totus Sanctus" (2005): la musicalité des compos est dorénavant privilégiée ce qui, couplée à la violence d’exécution et au style si particulier de DARK FUNERAL, produit un résultat pour le moins spectaculaire. Dans Secrets, c’est "Dark Are The Path To Eternity" qui annonce cette évolution future.

Bref, "Secrets Of The Black Arts" est un monument du Black, ruez-vous dessus !
4,5/5.