On prend quasiment les mêmes et on recommence ? Finalement oui ! Lord Ahriman est arrivé à stabiliser son line-up et déroule ces 43 minutes de musique bien prévisibles disons-le d’emblée. Médisant que je suis, j’ai bien envie de plonger ma plume dans une encre facétieuse pour tailler dans le gras de "We Are The Apocalypse". Les écoutes passent et trépassent…

Je dois bien concéder que l’album jouit d’une production sans fioritures et suffisamment claire pour que s’émancipe chaque instrument et c’est déjà un très bon point n’est-ce pas ? Heljarmadr, le vocaliste d’ailleurs se taille la part du roi. En effet la voix est projetée en avant dans le mix et accentue ainsi l’aspect maléfique de l’album. D’ailleurs le côté maléfique, Satan et tout le bordel, mascara et mascarade de blablabla n’est-ce pas sont un peu l’apanage de DARK FUNERAL. Sa toile de fond et de commerce aussi, du moins je l'imagine. J’arrête là un peu ma diatribe mais peut-être est-ce juste l’expression de mon agacement à écouter un manque de variété évident que semble bercer DARK FUNERAL depuis deux décennies. Nos Suédois n’ont du reste jamais été des plus productifs, et cet album arrive six ans après le précédent "Where Shadows Forever Reign". Et ce dernier, malgré le retour d’une pochette signée Necrolord – éminent participant à la gloire du "The Secrets Of The Black Arts" - n’avait pas vraiment emballé tous les petits cœurs hérétiques de la planète. Et pourtant j’y avais cru moi aussi, j’avais attisé un secret espoir de revoir ce mur sonore bardé des riffs glacés des guitares que "Vobiscum Satanas" et "The Secrets Of The Black Arts" avaient déployé avec brio.

Pour faire le deuil il faut que le souvenir s’estompe et s’étiole ou que de nouveaux projets fulgurants viennent piétiner cette nostalgie stérile. "We Are The Apocalypse" ne permettra donc pas de congédier ce mauvais sort qui s’acharne sur la sucess story de DARK FUNERAL. À l’instar d’un MARDUK, quoique cette entité a été nettement plus prolifique, le manque de variété vient trop souvent toquer à la porte. S’en suit donc pour ce nouvel album de DARK FUNERAL, un bal des illusions nettement prévisible. Dommage car si l’écoute n’est pas si désagréable, la monotonie emporte "We Are The Apocalypse" de bout en bout. Seul peut-être "A Beast To Praise", et dans une moindre mesure le titre éponyme aiguisent mon intérêt et bingo je vous le donne en mille : ces titres sont variés dans leur rythme et déclinent différentes strates mélodiques bien plus inspirées. Dommage que ces deux îlots déserts soient si encerclés d’un océan médiocrement infini.

Je ne vous ferai pas l’article sur la qualité des musiciens car pour le coup Lord Ahriman est un DRH de qualité qui sait s’entourer d’un line-up efficace et peut-être bien servile, ce que tout bon manager rêve en secret… Six ans auront donc été nécessaires pour que DARK FUNERAL accouche de cet album, aurai-je donc la patience d’attendre un énième coup de semonce ou aurai-je encore la bienveillance nécessaire et l’entrain pour croire en une future itération ou en un dernier coup de génie ? DARK FUNERAL est une machine, une grosse machine, la raison d’être de Lord Ahriman. Le bougre n’a pas raccroché les cartouchières donc attendons-nous à un huitième album qui se blottira peut-être dans les quatre décennies du groupe. À voir donc.