Après un premier album splendide s’étant considérablement démarqué de la concurrence par sa qualité et son originalité, tout en restant fidèle à une esthétique black metal, WOLVES IN THE THRONE ROOM est de retour avec un 2ème album qu’on attendait de pied ferme !

« Two Hunters » est composé de quatre morceaux. L’introduction, « Dia Artio », est une mise en bouche plutôt paisible : une fois l’ambiance posée, des guitares droniennes et une batterie emplie de reverb nous plongent dans un monde feutré. La première impression est celle du dépouillement, on se demande où sont passés les sursauts de rage et les superbes voix féminines du magistral « Diadem of 12 Stars ». Il faudra patienter jusqu’au deuxième morceau pour reconnaître le groupe dans toute sa splendeur, reprendre ses marques et souffler un gros coup. Il s’avérera une fois tout cela bien assimilé que cette introduction remplit à merveille son rôle de coupure avec le monde extérieur, c’est en quelque sorte une invitation à se plonger dans l’univers qui va suivre.

Le deuxième morceau nous montre un groupe étirant ses riffs sur la longueur pour mieux les faire monter en puissance dans un alliage de simplicité et de beauté pouvant évoquer par instants les morceaux les plus agressifs d’AGALLOCH sur le somptueux «Ashes Against The Grain ».

Puis le moment qu'on attendait inconsciemment, un lent battement de tambours pose une ambiance rituelle et enfin la voix féminine vient reposer, bercer, tout en sobriété, le son d’une cascade résonnant au loin dans les bois. L’orage se lève, le blast beat déboule enfin, WOLVES IN THE THRONE ROOM revient plus déterminé qu’avant et « Cleansing » se termine dans une rafale de riffs mélodiques et puissants.

Le vent et les arpèges de guitare mélancoliques opèrent ensuite judicieusement la transition vers le dernier morceau, point culminant de l’album : « I Will Lay Down My Bones Among The Rocks And Roots ». 18 minutes transcendantes, achevant ce crescendo de beauté et nous confirmant les intentions des géniteurs de cette galette : ensorceler son auditeur et le plonger dans son univers spirituel. Ambiances épiques saupoudrées de rage, cris de désespoir, langueurs atmosphériques, rien ne manque au tableau.

L’album se distingue de son prédécesseur par une dissociation des phases de metal et des passages de chant féminin. Ce dernier intervient une dernière fois lorsque les guitares se taisent, apportant une conclusion paisible à l’album qui se termine comme un rêve dans lequel on ne demande qu’à replonger immédiatement.

« Two Hunters » forme un ensemble indissociable, ses pistes s’enchainent dans une logique aussi majestueuse qu’implacable. La musique n’est pas foncièrement technique ou compliquée, mais il faut prendre le temps de digérer des compositions relativement longues. C’est vraiment fort de la part de ces talentueux américains d’arriver à pondre à nouveau un tel chef d’œuvre atmosphérique quasiment sans claviers (une fine nappe de fond sur « Dia Artio » n’est pas à exclure). Le groupe ne recherche ni l’agression excessive, ni les prouesses techniques, mais veut hypnotiser et fait carton plein avec ce « Two Hunters » qui avait la tâche difficile de succéder à un des meilleurs albums de black metal de ces dernières années. Le défi est remporté, le potentiel confirmé, prions pour que ça continue !