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DANKO JONES - Sleep Is The Enemy (2006)
Par BAAZBAAZ le 17 Avril 2006          Consultée 11007 fois

Quand démarre le riff de « Baby Hates Me », on s'attend presque à entendre Bon Scott. La guitare minimaliste, le tempo millimétré : il ne manque plus que la voix pour que l'illusion soit parfaite et qu'on obtienne ce qui serait le meilleur disque d'AC/DC depuis… High Voltage. Sauf qu'à la place, c'est celle de Danko Jones, guitariste et chanteur. Tranchante et cassante, ironique, agressive et parfois langoureuse. Une pure voix rock pour un disque rock. Un disque rapide, nerveux, joué d'une seule traite, sans respiration, dans un déluge de morceaux rugueux et basiques portés par des riffs hargneux et efficaces, une basse carrée et un chant qui rappelle le meilleur de Thin Lizzy, autre influence majeure du groupe. C'est du hard rock, du vrai. Pas de fioritures, le pied au plancher. Du hard rock comme on en n'avait pas entendu depuis longtemps : dur, querelleur et mal élevé. Où l'on parle de sexe, de drogue et de haine. On branche l'ampli, on joue, un solo, un break, on débranche et on se casse. Ceux-là sont trois, ils sont canadiens. Et Sleep is the Ennemy, leur quatrième album, est une enfilade de tubes pugnaces et soul, parfois nonchalants et suaves, souvent colériques : Danko Jones fait mal, très mal.

Peu à peu, le truc est train de prendre. Déjà, leur album précédent avait fait du bruit. Mais là, avec des chansons comme « Don't Fall in Love », ils ne peuvent qu'exploser. Les paroles sont simples, directes. Au service d'une musique provocatrice et enjouée : une musique universelle. C'est éclatant sur « First Date », avec son riff d'une évidence incroyable, sa philosophie limpide (« Hey Hey, Do you kiss on the first date ? … 'cause I do, 'cause I do »), et plus encore sur « Invisible », monument de hard rock old-school qui sent bon la poudre avec son petit solo vicieux et basique. Chaque morceau ou presque est un classique immédiat, sans concession, à la fois ultra-traditionnel dans sa structure et ultra-accrocheur : c'est très loin d'être un hommage nostalgique à AC/DC ou à Thin Lizzy. Le groupe sait écrire des chansons très personnelles et qui, sans vraiment surprendre, ne sont jamais ennuyeuses ou répétitives. Un petit chœur par-ci, un couplet mélodique par-là, et le tour est joué. Et quand on arrive à « When Will I See You Again », l'incroyable apogée du disque, les plus costauds ont les larmes aux yeux, les plus faibles sont déjà à terre.

Et l'on se souvient alors de ce que l'on avait ressenti à l'écoute de Nobody Said It Was Easy, le premier album des Four Horsemen (rien à avoir avec Metallica, pour les ignares) du regretté Frank Starr : du hard rock, du blues, des chansons bien écrites et balancées à l'emporte-pièce, des riffs du tonnerre, une voix incroyable et inoubliable, et surtout une ambiance, une vraie. Pas d'imagerie superflue, pas de maquillage ou de poses dans les magazines. La redécouverte d'une chose devenue rare, précieuse, en passe d'être oubliée : l'authenticité. Et tant pis si quelques morceaux sont un peu en deçà du niveau général. Même un peu fondus dans la masse, « The Finger » ou « Natural Tan » sont des cris brefs et sincères qui tiennent leur rang sans diminuer l'intérêt du disque. Celui-ci est court, comme on les aime : pas de digressions symphoniques, pas de tergiversations. Même pas l'une de ces intros inutiles et prétentieuses auxquelles sacrifient trop de groupes ; un disque à vivre debout, fier, pas vautré dans son salon avec le casque sur les oreilles, un disque pour se bouger. Pour arpenter les rues : c'est le rock chaud et vif des journées brulantes. C'est maintenant, après ce foutu hiver, qu'il faut l'écouter.

Bon dieu, mais qu'est-ce que vous attendez ?

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Par THE MARGINAL




 
   BAAZBAAZ

 
   THE BLUE OYSTER

 
   (2 chroniques)



- Danko Jones (chant, guitare)
- John Calabrese (basse)
- Damon Richardson (batterie)


- Sleep Is The Ennemy
1. Sticky Situation
2. Baby Hates Me
3. Don't Fall In Love
4. She's Drugs
5. The Finger
6. First Date
7. Invisible
8. Natural Tan
9. When Will I See You
10. Time Heals Nothing
11. Sleep Is The Enemy



             



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