Le Rock’N’Roll n’est pas un luxe, c’est une nécessité. C’est le sang qui coule dans nos veines et le feu qui anime nos cerveaux. Le Rock’N’Roll n’est pas un choix, c’est une évidence. Ses porte-drapeaux ne le jouent pas, ils le vivent. Qu’ils s’appellent MOTÖRHEAD ou DANKO JONES, ils fédèrent autour de leur amour du genre tous les styles annexes qui en ont découlé, qu’ils s’appellent Punk, Heavy Metal ou Grindcore. L’universalité du Rock’N’Roll est telle que ses pratiquants ne peuvent s’en détourner. Depuis la deuxième moitié des années 90, DANKO JONES propage le sien. Blindé comme un tank, le Rock’N’Roll du trio canadien a offert au style quelques-uns de ses meilleurs moments, via notamment l’incontournable album "Sleep Is The Enemy" en 2006. Depuis, et avec une régularité exemplaire, le groupe n’a eu de cesse de faire parler la poudre en ne changeant que très discrètement sa formule, pour revenir depuis 2015 à ses fondamentaux : un riff, un refrain, une énergie de tous les instants.

"I’m In A Band" n’est pas l’ouverture d’album la plus marquante proposée par DANKO JONES. Le riff, bien qu’efficace, témoigne d’un trait un peu forcé, d’une énergie pas vraiment naturelle. Le résultat est bon, mais l’authenticité en pâtit quelque peu. On aurait préféré que l’album débute par "I Love Love" dont le riff frénétique évoque le début des années 2000, ou encore par "We’re Crazy", sorte de version "lente" de "Sticky Situation". Mais il va de soi que, si vous découvrez le groupe par le biais de cet album, l’agencement des morceaux n’aura que peu d’importance : Avec sa sensualité débordante, sa violence contenue et son côté fun, DANKO JONES parvient, en restant fidèle à lui-même, à frapper juste, sans effort. Composé en fin de tournée, enregistré et mixé rapidement, "A Rock Supreme" monte en puissance à mesure que les morceaux se succèdent. Dans la lignée des deux albums précédents, "Dance Dance Dance" et "Lipstick City" se font des tubes Hard Rock mid-tempo aux mélodies très évidentes, parfois proches d’un Punk 90s.

Il est difficile de trouver de nouvelles choses à dire sur un album, fût-il tout juste sorti, du père DANKO. Car on retrouve, avec grand plaisir, un environnement à la fois espiègle et très balisé, de même que tous les éléments-clés qui confèrent à la musique du Canadien une saveur de tous les instants. Le plus, bien entendu, c’est la gouaille naturelle du chanteur, qui s’en donne à cœur joie sur le rapide "Burn In Hell", un des morceaux les plus vindicatifs et réussis de ce nouvel album. Jamais à court de choses à dire, Danko reste fidèle à lui-même, sort de son chapeau quelques pépites bien senties ("Party" et son refrain imparable), et n’hésite pas à réaffirmer son amour inaltérable pour le Rock’N’Roll graisseux de papa : "You Got Today", dans la plus pure tradition du genre, est d’une puissance phénoménale. Le groupe rajeunit de vingt ans avec ce morceau survolté.

Chez DANKO JONES, le fer est toujours chaud, et le groupe le bat avec une régularité et une vigueur qui imposent le respect. Similaire dans l’esprit et la construction aux deux albums qui le précèdent, "A Rock Supreme" saura séduire les amateurs de longue date du combo grâce ce sens inné du tube et une efficacité qui se vérifie sur chacun des morceaux qui le composent. Le groupe ne change pas. Tant mieux, ce n’est pas ce qu’on demande aux bienfaiteurs du quotidien.