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EMPEROR - Prometheus - The Discipline Of Fire & Demise (2001)
Par JULIEN le 9 Janvier 2004          Consultée 24046 fois

Album testament d'EMPEROR, ce « Prometheus » est LE disque d'Ihsahn : le travail de composition et d'enregistrement de ce quatrième et dernier disque du groupe norvégien lui échoient en effet en totalité, Samoth, le frère d'armes de toujours, n'étant que minoritairement impliqué ici. Seul un Trym au sommet de son art créatif a été convié au festin somptueux et luxuriant qu'est « Prometheus », assurément l'oeuvre la plus ambitieuse et complexe de l'entité EMPEROR.

Pour être franc, il est très difficile de parler de ce disque ultime. Libéré de toute entrave suite à l'annonce qu'il s'agirait là du dernier disque de groupe, livré à son seul désir de repousser encore une fois les limites du Black Metal, dans la grande tradition d'EMPEROR, Ihsahn s'est véritablement affranchi de toute retenue pour nous offrir un véritable monument d'expérimentation débridée, assujettie à la seule contrainte de ne s'en fixer aucune, excepté le respect du cachet luxuriant du groupe, qui marquera à jamais les générations du Black et du Metal en général.

Si je devais saisir au vol un image pour mieux figurer la richesse ébouriffante du son d'EMPEROR sur ce quatrième opus, il me semble que celle d'un laboratoire grinçant de mille secrets et de pléthore de flacons mystérieux et intrigants serait des plus appropriée. « Prometheus » n'est pas qu'un disque de Black, « Prometheus » est comme une danse de flammes sur le mur de pierre d'une masure d'alchimiste, découpant les silhouettes de formes que l'on se plaît à reconnaître comme appartenant à des objets connus et familiers (Progressif, déchaînement Black, envolées symphoniques, lourdeur Death)... jusqu'à ce que l'on constate avec effarement que tout n'est que leurre, qu'EMPEROR ne pioche pas au petit bonheur dans des fioles en espérant un résultat autre qu'une lamentable explosion signifiant l'échec.

Savant fou du Metal, Ihsahn ? Disons, explorateur de contrées antagonistes, intrépides et glauques autant que merveilleuses dans l'affirmation d'une beauté laissée à la discrétion des esprits les plus extrêmes et désespérés. Un monde où les clavecins grinçants et horrifiques, presque ironiques (« The Eruption ») croisent le fer avec les assauts orageux et terrifiants des guitares s'emballant sur fonds de cuivres guerriers (« In The Wordless Chamber »). Ici, ce sont des guitares lancinantes qui dessinent une douleur troublante (« Depraved »), là des solos apaisants qui s'abreuvent d'orchestrations en voûtes (« He Who Sought The Fire »), tracées par les mains fines d'un mental cultivé, sans oublier les cordes qui cisaillent (« Empty ») ; et Ihsahn de donner de la voix au milieu de ce magma, éclatant de rage, ou s'attifant de la panoplie théâtrale de vocalises aiguës dont seul King Diamond pensait détenir le secret.

Ihsahn demeure ainsi l'un de ces rares artisans du Metal qui peut se targuer de bâtir - à la force d'un esprit indomptable - la musique classique moderne : Majestueuse, complexe et affolante, d'une difficulté d'approche peu commune, presque hermétique, mais riche, tellement riche... la musique de « Prometheus » irradie d'une telle ambition de conquête de nouveaux espaces sonores que l'on se voit contraint d'y percevoir une flamme révolutionnaire. Qu'il soit plaint, celui qui n'aura pas écouté au moins une fois « Thorns On My Grave », l'épitaphe de « Prometheus », car rares sont ces oeuvres qui font la preuve, avec force, du pouvoir fantasmatique du Black Metal lorsqu'il est porté à la cime d'une inspiration sans limites.

« Prometheus » fait partie de ces créations qui réclament patience et implication de l'auditeur, jusqu'à l'abnégation, tant la matière y est dense. Mais la singularité de l'expérience apparaîtra dans toute splendeur à ceux qui y consentiront, étanchant leur soif de connaissance à la source d'une fontaine intarissable. Car pour autant que ce « Prometheus » sonna le deuil discographique d'EMPEROR, rien ne saurait jeter un linceul sur la personnalité d'un musicien dont le souffle restera vivace tant qu'une seule de ses notes sera suspendue à la mémoire de ceux qui l'auront connu. EMPEROR n'est pas mort avec « Prometheus ». Il y a obtenu… ses lettres d'immortalité.

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Par JULIEN, MEFISTO




 
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- Ihsahn (chant, guitare, basse, claviers)
- Samoth (guitare additionnelle)
- Trym (batterie)


1. The Eruption
2. Depraved
3. Empty
4. The Prophet
5. The Tongue Of Fire
6. In The Wordless Chamber
7. Grey
8. He Who Sought The Fire
9. Thorns On My Grave



             



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