Il y a peu de temps sur un salon discord, on s'est lancé un petit défi solo de guitare. J'en ai profité au passage pour partager une tentative de cover d'un titre de LOUDNESS qui avait l'avantage d'avoir un solo accessible. Un autre participant, lui, indiquait qu'il peinait à maitriser le solo qu'il souhaitait reprendre et qu'il adorait depuis des décennies. Je lui ai demandé de quel titre il s'agissait, et là il me répondit "If Heaven Is Hell" de TOKYO BLADE ! Instantanément j'ai eu des étincelles dans les yeux. J'ai réécouté immédiatement ce titre et je me suis rendu compte à quel point il avait raison : ce solo est grandiose ! Après l'avoir félicité pour son bon goût j'ai passé deux heures de mon temps à décortiquer le solo, à corriger les tablatures disponibles et à enregistrer une première version, pas tout à fait parfaite mais plutôt pas mal. Tout cela pour vous dire que ça m'a rappelé à quel point ce groupe avait pu être génial à une époque et que... il venait de sortir un nouvel album il y a peu !

Le fait est que je l'avais déjà écouté ce "Time Is The Fire" pour finalement le mettre assez vite de côté. Pourtant, on ne peut pas dire qu'il soit spécialement mauvais. Il est même parfaitement exécuté et mis en boîte. Cependant, rien qu'en jetant un œil sur la pochette et sur la tracklist je sentais déjà venir poindre plusieurs problèmes. En proposant de nouveau le même univers graphique que celui de "Fury", on se doute que le groupe va certainement proposer quelque chose de très semblable musicalement. Évidemment, c'est le cas. La seule différence étant peut-être que la basse harrisienne d'Andy Wrighton se calme un peu. Mais à part ça, ne cherchez surtout pas la moindre petite évolution. Vient donc l'autre problème majeur : la durée monstrueuse de 74 minutes pour 14 titres, soit 4 minutes et un titre de moins que "Fury" (et là si je pouvais je mettrais un smiley avec la petite goutte de sueur qui perle). Vous l'avez compris, ce n'est pas ces quelques minutes en moins qui vont rendre l'album plus digeste.

Alors moi je veux bien admettre que TOKYO BLADE propose toujours un Heavy de qualité en 2025, mais faudrait-il encore qu'il arrive vraiment à se démarquer de la masse. La qualité seule ne suffit plus à notre époque où des albums de ce niveau sortent par dizaines tous les mois, et où notre temps d'écoute est limité de fait. Résultat, la durée de vie de ce "Time Is The Fire" est extrêmement faible. Sans surprise, beaucoup de morceaux sont très oubliables et il n'est pas sûr que l'on ait vraiment la patience d'écouter suffisamment cet ensemble surchargé pour en tirer une tracklist pertinente. Je vous dirais bien d'aller écouter "The Six Hundred" par exemple, qui se veut plus ambitieux que la moyenne, et où on s'amusera à découvrir un passage complètement inspiré du mythique "Die Young" de BLACK SABBATH. Retenons aussi "Ramesses" (pour Ramsès II), le titre final épique, grandiloquent, plus arrangés que les autres, équivalent en quelque sorte au "Cold Light Of Day" de "Fury" et qui cherche presque à être leur "Alexander The Great" à eux, surtout avec cette courte narration en intro. Pour ce qui est des morceaux vraiment directs, aucun ne parvient véritablement à se distinguer. Notons aussi une petite bizarrerie : les deux seules power-ballades s'enchainent consécutivement dès le premier tiers de l'album, de quoi bien nous plomber l'ambiance.

Celui qui continue de tirer son épingle du jeu, ça reste encore Alan Marsh qui arrive toujours à déployer une certaine vigueur dans ses lignes de chant, même si les artifices de production commencent à se faire sentir. Par contre on aura beau tenter de chercher un lead de guitare aussi mythique que celui de "If Heaven Is Hell", notre quête restera vaine. Andy Boulton ferait bien de réécouter les premiers albums de son groupe pour tenter d'en extraire leur substantifique moelle et la faire rejaillir sur son écriture.

Bref. Je vais préférer me laisser envahir par la nostalgie et rebosser mon interprétation du solo de "If Heaven Is Hell" plutôt que de donner de mon temps à l'écoute de ce douzième album trop juste pour vraiment me satisfaire.