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TOKYO BLADE - Blackhearts & Jaded Spades (1985)
Par DARK SCHNEIDER le 9 Décembre 2018          Consultée 2914 fois

Fort du bon accueil dont bénéficia logiquement le très tranchant "Night Of The Blade", TOKYO BLADE revint à peine un an plus tard pour son troisième album, avec de grandes ambitions. Comme ses congénères, TOKYO BLADE veut conquérir le pays de l'oncle Sam. Et ce n'est pas l'arrivée de Vic Wright pour l'album précédent qui allait réfréner les véléités commerciales du groupe : si vocalement l'homme assure totalement dans un registre Heavy Metal pur jus, son jeu de scène largement calqué sur un certain David Lee Roth trahissait alors ses principales références. Vic Wright, totalement tourné vers les USA, influencera clairement la direction musicale prise par cet album, lui qui co-signera tous les titres avec Andy Boulton.

Cependant, à l'écoute de "Dirty Faced Angels", on est plutôt rassuré : TOKYO BLADE ne semble pas avoir changé. Certes, les guitares adoptent un jeu plus flashy, bien dans l'air des guitares-héros du milieu des années 80, mais une certaine urgence toute NWOBHM demeure encore. Ce titre d'ouverture est d'ailleurs sacrément nerveux et efficace. En revanche on pouvait craindre le pire à l'écoute des arpèges délicats qui ouvrent "Make It Through The Night" : comment ça ? Déjà une ballade dès le second titre ? Pas d'inquiétudes, on respire : le titre prend vite la voie d'un mid-tempo puissant, une fois de plus très réussi. Quant à "Always", les paroles (niaises) et le refrain appuyé par des choeurs laissent cette fois-ci apparaître l'américanisation du groupe, mais le morceau est efficace, prenant, et montre que TOKYO BLADE a un songwriting qui n'a rien à envier à MÖTLEY CRÜE ou RATT.

Malheureusement, passé ces trois premiers titres, TOKYO BLADE fait n'importe quoi.

Croyant peut-être que la couronne de VAN HALEN est prenable, TOKYO BLADE se sent obligé de remplir son album avec des bêtises comme "Loving You Is An Easy Thing To Do" titre Boogie Blues dénué de toute saturation faisant la courbette aux Américains. Si ce genre d'amuse-gueule léger pouvait marcher chez VAN HALEN, ce n'est pas du tout le cas chez nos Anglais qui accouchent là d'un titre impersonnel et idiot. Ils nous avaient certes déjà fait le coup avec "Blue Ridge Mountains Of Virginia", mais il était placé en fin d'album et durait bien moins longtemps. Le problème c'est que les mauvaises surprises continuent avec la ballade ultra glucose "You Are The Heart", très mauvaise (qu'on est loin d'un "Dead On The Night" !), qui n'aurait même pas trouvé sa place dans la BO de La Boum ; pas sûr que beaucoup de monde ait emballé là-dessus. Très moyen également est le single "Undercover Honeymoon", totalement ancré dans le Hard commercial de l'époque, mais sans réussite.

Heureusement, sur la face B, TOKYO BLADE se ressaisit.

Face B qui commence par le title-track, titre agressif au refrain vindicatif, enfin TOKYO BLADE ressort son katana pour trancher dans le vif, et ça saigne. On a droit également à une deuxième ballade avec "Dancing In Blue Moonlight", mais cette fois-ci on est sous le charme : c'est classieux, les claviers sont de sortie uniquement pour le meilleur, ça ne sombre pas dans la guimauve, et Vic Wright est absolument brillant, quel chanteur ! Et TOKYO BLADE enfonce une deuxième fois sa lame avec "Playroom Of Poison Dreams", titre qui renoue avec les rythmes épiques et qui aurait pu être un de ses tous meilleurs morceaux s'il ne s'achevait pas sur un fondu agaçant pour gagner de la place sur le vinyle.

Et comme TOKYO BLADE a décidé de surprendre jusqu'au bout, il achève son album par ce "Monkeys Blood" qui nous fait comprendre pourquoi il y a un foutu singe sur la cover !! Si je vous dis que là on est carrément dans le Thrash Metal vous ne me croyez pas ? Et pourtant c'est bien le cas tellement ce titre avoine, avec en prime, des cris de singes (véridique !) de la part de Vic Wright.

Bon, il est clair que ce "Blackhearts..." manque cruellement d'une ligne directrice précise. En fait, TOKYO BLADE ne semble pas réellement vouloir trancher entre son envie de conquérir les USA et celle de garder sa fan-base européenne. Les titres prennent des directions trop radicalement opposées. Évidemment, ça ne fonctionnera pas pour TOKYO BLADE et le groupe splittera l'année suivante. Vic Wright n'en démordra pas : il s'installera au USA et tentera une nouvelle aventure musicale quelques années plus tard avec JOHNNY CRASH. Reste finalement un album bancal, mais qui contient tout de même quelques excellents morceaux qui justifient largement son écoute.

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   DARK SCHNEIDER

 
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- Vic Wright (chant)
- Andy Boulton (guitare)
- John Wiggins (guitare)
- Andy Wrighton (basse)
- Steve Pierce (batterie)


1. Dirty Faced Angels
2. Make It Through The Night
3. Always
4. Loving You Is An Easy Thing To Do
5. Undercover Honeymoon
6. You Are The Heart
7. Blackhearts And Jaded Spades
8. Tough Guys Tumble
9. Dancing In Blue Moonlight
10. Playroom Of Poison Dreams
11. Monkey's Blood



             



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