Ces Anglais n'ont pas fini de faire couler l'encre et le sang avec leur musique intense, épique et plus colorée qu'auparavant. Souhaitons que cet éclair de génie s'allonge par monts et par vaux pendant nombre d'années encore.

Ainsi concluais-je presque naïvement ma chro de l'illustre "The Reckoning Dawn", qui avait mérité la note maxi, la première depuis le surprenant lever de rideau "The Ghost Heritage". Imaginez la pression… Imaginez l'attente…
Et quelle est la première nouvelle qu'on apprend ? Un nouveau lead guitariste se joint au combo anglo ! Ouf… Est-ce que ça va casser le charme ou au contraire lui concéder une double enflure ? Bonne nouvelle pour contrecarrer l'info : le reste du cast est pareil, des instruments aux manettes, le cœur du groupe n'est pas touché, alors on peut respirer… Imaginez la pression…

Le Black de WINTERFYLLETH, vous le savez depuis le temps, est un des seuls à évoquer avec autant de maestria métaphorique les beautés de la Nature, les affres des guerres, les hoquets surets de l'Histoire et les lamentations des époques évanouies. Sa musique se distingue de la marée de groupes préconisant des thématiques connexes, à la verve beaucoup trop prétentieuse ou juste trop éparpillés entre Atmo, Pagan, Folk ou Orchestral. WINTERFYLLETH quant à lui n'a jamais dérogé à sa formule – ou si peu, en ajoutant un synthé à temps plein dès "The Dark Hereafter" pour enrober son armure ; Chris et sa bande de chevaliers riffent en fou et abusent du trémolo pour agresser nos esgourdes d'airs empuantissant la nostalgie, le regret et les grands espaces. Sur le bien-baptisé "The Imperious Horizon", c'est plus que jamais réussi.

Partout, partout, trônent ces pics enneigés à coups de chœurs, ces plaines vertes et mornes, ces vallées envahies de chênes vieux et fiers, ces couchers de soleil triomphants, ces brouillards épais déchirés par les volatiles, ces plaques souterraines jouant du coude sur notre avenir, ces gloires disparues qui ont peinturluré l'herbe repoussée… La « sombrissitude » (©MefistoDico2024) au chagrin vorace du morceau-titre et la tristesse miroitante sur "Dishonour Enthroned" et sa finale magistrale, prouvent hors de tout doute raisonnable que WINTERFYLLETH manie aussi bien les armes que les émotions. Idem sur "Upon This Shore", idem sur "The Insurrection", idem sur, idem sur, blabla... La décision d'injecter du synthé dans cette marée de lames aura été salutaire, c'est ici confirmé et écrit dans le marbre. Le fourreau est équipé pour trancher tard…

Et que dire de ce menu détail : la dernière note de la progression d'accords toute chouette et si épique de "Like Brimming Fire", qui me fait penser à du WODENSTHRONE sur "Curse", mais que je sais « pompée » dans une pièce de DIABOLIC MASQUERADE (je vous laisse nous dire laquelle en commentaire !). Vous entendez, ce petit revirement de situation à la dernière note du couplet ? Ça vous remonte le morceau vers le haut en vous foutant les frissons jusqu'à la moelle !

Parlant d'épées miniatures qui vous transpercent le confort… La cerise sur la montagne est ce magnifique "In Silent Grace", sur lequel AA Nemtheanga brille de mille feux. Son timbre unique colle à merveille aux prodigieuses envolées mélodiques de ce pavé de onze minutes jamais fastidieux. WINTERFYLLETH en mode Pagan Doom sirupeux, j'achète ! Quelle idée ! Encore !

Justement, z'en voulez encore ? Les valeureux Anglais n'ont vraiment peur de rien en nous exhibant une reprise hallucinante de "The Majesty Of The Night Sky" de l'EMPEROR lui-même ; ça nous confirme que WINTERFYLLETH est (aussi) un as du Black Atmo/Mélo contre qui le Titanic II pourrait désormais entrer en collision et perdre.

Essoufflant tout ça… Or, ça vaut la peine parfois d'aller jusqu'au bout de ses poumons afin de ressentir l'extase.

WINTERFYLLETH maîtrise son art. C'est un fait. Fuck la subjectivité ; quand on est témoin d'un tel dévouement envers sa création, on ne peut que s'agenouiller et tendre les bras, tête baissée. Qu'on aime ou pas la « musique lourde », il se passe un truc sur "The Imperious Horizon" qui transcende les frontières du
« préconsauvage » (©MefistoDico2024).

Pas besoin de Sélection malgré ce 5 étoilé, car chez les Anglais, la notation est désormais inutile. On a juste envie de planer, en chassant les vœux pieux ou les espérances. Plus de pression, fini les attentes. Profitons du présent et des prochaines heures en bonne compagnie.

Bravo (encore) gentlemen, mes plus impériales félicitations et sincères remerciements.

Podium : (or) "In Silent Grace", (argent) "The Imperious Horizon", (bronze) "Upon This Shore" – "Like Brimming Fire".

Indice de violence : 3,5/5.