Huit albums, une naissance fracassante, des premiers pas dans des bottes de sept lieues, mais un parcours en descente depuis, avec un plafonnement qui n'en finit pas, selon mon analyse. Le graphique de LEPROUS ferait peur à tout investisseur tellement ses courbes et ses flèches pointent vers le bas depuis trop longtemps.

Ça vaut la peine de réitérer ma frustration. J'ai la désagréable impression qu'à partir de "The Congregation", les compos de LEPROUS ont toutes été calquées sur le même modèle : début lent avec bidouillages, dévoilement de l'ambiance et vocalises doucereuses d'Einar Solberg, ouverture, accélération et empesage avec refrain atteignant son paroxysme sous les envolées lyriques des zicos et de Solberg, dans une osmose prenant aux tripes et rameutant les plus impressionnables et sentimentaux d'entre nous. Ouf, quel résumé, n'est-ce pas ? Bah, facile quand on est habitué d'ouïr la même chose…
Les quatre derniers albums des Norvégiens m'ont laissé ce feeling et m'ont surtout fait regretter la variété du génial "Bilateral" et du sombre génie de "Coal". Et c'est là que je me rends compte que j'ai écrit pratiquement la même chose dans ma chro assassine d'"Aphelion" en 2021. Comme quoi le groupe ne m'inspire guère que du radotage ! Il serait peut-être temps de…

Bien que la musique de LEPROUS demeure ambiguë et mystérieusement intéressante, j'ai encore cette insatisfaction qui me reste en travers des oreilles. Le schéma se répète et sert avant tout servir les intérêts de Solberg, qui s'amuse encore comme un enfant avec ses "ouhouh", "ahhhh-ahhhhhhhh-ahhhhhhh", "pampampam", "toudou", "lalalalala" et autres onomatopées complètement inutiles à l'appréciation de l'amateur de Prog et de Metal mélodieux orienté Électro. Que de la masturbation, de la paresse. Triste démonstration de cela : la pourtant très agréable "Like A Sunken Ship" (qui se retrouve quand même sur le podium), dont la coque se trouve plombée par nombre de mièvreries vocales indignes de cet échelon. J'ai toujours cru que lorsqu'on n'a rien à dire, on se tait. Laissez le remplissage à la pop insipide, SVP…

Je vous entends : « Ouvre ton esprit, on te l'a fait comprendre dans nos commentaires au fil des ans, que LEPROUS c'est plus LEPROUS, mais un autre lépreux qui a perdu la moitié de sa peau, mais qui cherche notre pitié avec ses airs poignants et caramélisés. Tu devrais réécouter avec des tympans différents et ne plus hurler à la nostalgie castratrice, espèce de vieux con de Québécois ! »

D'abord, je suis prêt depuis plusieurs années à tourner la page et embrasser leur nouvelle orientation « musixuelle » (©opyright MefistoDico 2024). Encore faudrait-il, surtout sur les dernières sorties, que j'aie suffisamment à me mettre sous la canine pour que mon petit monde de gérant d'estrade soit chamboulé ! Putain, à part les complaintes aiguës de Solberg et les maigres trouvailles transcendantes de ses comparses, LEPROUS m'a abandonné comme plusieurs d'entre vous. Je devrai donc déclarer forfait et céder la discographie à un collègue beaucoup plus réceptif que bibi à cette déferlante de notes accessoirisées par un chantre qui ne fera jamais l'unanimité, à part chez ses disciples.

Pour l'instant, je suis responsable de juger les Norvégiens, aussi me contraindrai-je à jouer ce rôle ingrat. Évidemment, LEPROUS ne pouvait faire pire que sur "Aphelion", alors on oublie le caveau. Sauf que pour attirer notre attention, pas juste la mienne, est-ce que le quintette accumule assez de pépites pour au moins se hisser au niveau de la mer ?

OUI.

C'est dit-écrit. OUI.

"Silently Walking Alone" m'a surpris en ne perdant pas de temps à envoyer la purée émotive, afin de rendre hommage à un texte simple auquel nous pouvons tous nous rallier. Les effets de guitare sont originaux et nous rappellent que derrière Solberg, il y a des orchestrations et des cordes qui claquent et vrombissent à l'occasion ! "Atonement" contient aussi de bons moments, amenés encore une fois par le brio des petites mains derrière Einar, qui s'époumone évidemment à gogo... comme sur la majorité des pièces d'ailleurs (vous référer à ma description de la structure créative de LEPROUS). "I Hear The Sirens", "Starlight" et "Unfree My Soul" ont aussi résonné en moi, surtout en raison de la beauté des arrangements et de la maestria de Tor et Robin, qui abattent un bon boulot tout du long.

Le reste ne me parle pas assez pour que je répète. Y'a du remplissage, du gaspillage, mais raisonnablement de recherche pour que les Norvégiens obtiennent la note de passage. Je vous le conseille, rien que pour ça.

LEPROUS a une tête de mule bien dure, car il croit en ce qu'il fout. On peut l'en féliciter. Est-ce que ça continuera ainsi jusqu'à ses derniers soubresauts ? J'en sais rien, mais ce sera un autre chroniqueur qui vous le racontera. Allez, bon vent.

Ceux et celles qui me trouvent sévère trouveront bien plus rustre que moi en surfant sur le dos des Norvégiens…

Note : 3,5/5.

Podium : (or) "Unfree My Soul", (argent) "Atonement", (bronze) "Like A Sunken Ship".

Indice de violence : 1/5.