Quasiment dix ans jour pour jour après la livraison de la première fournée de "Phenomena", voici que les WITHIN THE RUINS remettent le couvert avec un second opus, ingénieusement appelé… "Phenomena II". Smart move. Impossible qu’il s’agisse d’un hasard, et dans la même lancée que pour le numéro 1, les Massachusettais vont refaire parler leur côté geekos et nous balancer des palanquées de références de comics, en délaissant DC pour ne se focaliser qu’exclusivement sur X-Men. Bon, c’est parti pour de la lecture de lyrics et de l’échauffement de cervelle pour faire coller les morceaux !

Avant toute chose, il est à souligner l’effort du quartet de s’être replongé dans l’atmosphère d’il y a une décennie, assurant une continuité respectueuse de l’oeuvre originale, tout en faisant des appels du pied jusqu’aux sein même des paroles, et assez subtilement pour ceux qui auront le courage - comme moi - de les éplucher.
Non, vraiment, ils auraient pu nous fournir le service minimum avec la reprise du thème des mutants sur le dernier titre de la galette pour exciter la Gen-Y en manque de "Planète de Donkey Kong"(*). J’espère avoir créé un instant nostalgie. Citons aléatoirement le septième titre, dépeignant le personnage de Scarlet Witch, fille de Magneto, lui-même abordé dans "Gods Amongst Men" au cours du premier volet :

"Father I forsake you
For I know not who you are
You chose this, you ruined us
No more mutants [...]
We're not evolution, we're not gods" - "Chaos Reigns"

Nous avons même le droit à une petite référence au titre "Death Of A Rockstar" de l’album "Halfway Human" dès les premières paroles de "Demon Killer".

Arrêtons un instant la masturbation intellectuelle, et insérons un soupçon d’honnêteté à ce stade de la chronique : le coup de collier qu’avait donné les Américains en 2020 sur "Black Heart" était ce qui avait propulsé le groupe de djenteux corrects à fins techniciens avec une réelle sensibilité dans la composition.
L’introductif "Castle In The Sky" et le promotionnel "The Last Son" sont ainsi les parangons de ce "retour en arrière", qui nourrit (au passé simple) ma crainte d’une rétrogradation à quelque chose de plus insipide et produit industriellement, mais toute angoisse s’estompa rapidement par la suite. La production, numérique à souhait, est mitonnée et aux petits oignons : rien ne dépasse comme sur un gazon anglais malgré la copieuse fournée de chugs secs comme un coup de trique et autres de breaks redoutables ("Daywalker"). L’hyperproduction caractéristique au combo (avec l’omniprésence de phaser et de killswitch) couplée à l’arythmie imprévisible des notes qui déboulent forcent ainsi un magnétisme de bout en bout. Magnétisme, Magneto… Je sors ?

En rupture avec les cinq albums précédents, point d’"Ataxia VI" ici, mais en contrepartie, ce "Phenomena II" nous prodigue non pas un, pas deux, mais bien TROIS instrumentaux ("Level 12", "Death Mask" et "Enigma II"), et tous d’excellente facture. L’enchaînement "Demon Killer"//"Level 12" est… killer justement. On se projette, à juste titre, en situation de combat intense dans la Danger Room du professeur X. Joie.

Cependant, le mix absolument inorganique a beau être la signature de WTR, la batterie semble également s’être fait happer dans cette spirale informatique infernale… Kevin McGuill a-t-il troqué son pseudonyme de "Drummer" en "Coder" ? Blague à part, le martèlement des fûts ne prend jamais corps, et en plus d’avoir un son monotone, le bonhomme semble être en autopilote, tel un automate qui suit servilement le flot ambiant, plutôt que de cadencer l’orchestre… Tiens, soyons fous, demandons son avis à une IA, peut-être va-t-elle, elle aussi, voir la supercherie ?

-"Alors ChatGPT, t’en penses quoi de la batterie sur "Phenomena II" de WITHIN THE RUINS ? Surtout n’hésite pas à être honnête, des millions de gens te lisent ! Ne me déçois pas !"

(Véridique) -"Personnellement, je pense que le travail de batterie sur Phenomena II est à la hauteur des attentes pour un album de ce type. Bien que je comprenne que l'aspect "robotique" puisse être un peu déconcertant pour certains, cela fait partie intégrante de l'identité sonore du groupe. Ce n'est peut-être pas aussi organique que ce que l'on pourrait entendre dans d'autres styles de Metal, mais pour ceux qui apprécient la précision chirurgicale et la complexité rythmique, c'est un excellent exemple de ce que le genre peut offrir."

Bon, de une, je ne suis pas prêt de me faire remplacer avec toute cette bienveillance qui me ferait dégueuler, et de deux, évidemment que tu admets que ça sent ProTools et Cubase à des kilomètres à la ronde ! Pas besoin d’avoir fait le Conservatoire pour deviner qu’on est plus proches de BERRIED ALIVE que des BEATLES, merde ! Bref.

Il fallait bien trouver quelques évidentes goguenardises à balancer au visage de WTR, car cet album respecte finalement un cahier des charges que le combo s’est lui-même imposé… Et le remplit donc avec brio. Applaudissements, cotillons, tout ça. Plus qu’à attendre le vrai après-"Black Heart" désormais…

Note réelle : 3,5/5, arrondi au supérieur, pour garder une cohérence dans la disco… Et parce qu’il le mérite, finalement !

Morceaux préférés : "Death Mask", "Chaos Reigns", "Demon Killer".

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(*)"DKTV.cool" pour les moins vieux, avec la 3D approximative d’époque quand même.