Difficile de se distinguer en cette fin de décennie 2000 parmi la pléthore d’artistes se vautrant dans la béance ouverte par le Metalcore et ses sous-genres. Les précurseurs commencent à s’y installer confortablement et à y asseoir leur hégémonie (AFTER THE BURIAL, AS BLOOD RUNS BLACK, AUGUST BURNS RED, JOB FOR A COWBOY, j’arrête le name-dropping ici), et arriver sur le tard comme l’ont fait les Américains de WITHIN THE RUINS n’est pas chose aisée. Et ce n’est pas cet artwork hideux qui fera la différence, non, non, non !

Baignant dans un Metalcore consensuel à l’orée de ses homologues, ce "Creature" n’en demeure pas moins un bon passe-partout en tâche de fond, possédant, tout de même, quelques singularités à souligner et sur lesquelles il est bon de s’attarder. Et sans plus de suspens, la principale particularité du quintet demeure dans ce son très hachuré et sec dans les coups de plectre sur les guitares de Joe Cocchi et de Klye Marcoux (pour lequel ce debut album studio sera son premier… et également son dernier tout court). Nous sommes très loin de ce que WTR sera amené à nous proposer dans les années qui suivent, à savoir la surproduction assistée par ordinateur, mais il est clair que cette bascule ne s’est pas manifestée un jour comme une envie de ch… et s’est plutôt ancrée dans un processus de maturation sur la durée.

En reprenant les inspirations consorts citées précédemment, et pour être tout à fait concret, l’écoute de certains titres évoque un hybride parfait encore des sonorités calquées sur ABRB, et le chant / les ponts caractéristiques - et un peu agaçants - d’ABR à l’instar de "Holy Mess" ou "Arsenal" (oui, j’ai fait en sorte de vous paumer dans les acronymes pour voir si vous suivez).

En parlant de chant et de membre qui ne fait pas long feu, nous citerons Jon Grande, qui aura la même sanction que son compère guitariste (*), et dont la prestation vocale tout en growl, assez linéaire pour ne pas dire plate, ne laissera pas de souvenir impérissable. Ceci explique cela.

Hormis ces quelques approximations, et si l’on passe au-dessus du prosaïsme ambiant, l’écoute est homogène et agréable, sans temps faible (ce qui est assez remarquable) et arrivant à offrir de surcroît des temps forts : le riff de "Call Off The Wedding" est catchy au possible, le break de "Arsenal" fait mouche, l'instrumental "Jump Ship" idéalement placé avec sa seconde moitié acoustique… Le tout étant évidemment portée par la dualité des guitares, sublimant à elle seule la galette, recelant d’une technicité à revendre certes juvénile mais qui ne demandera qu’à se peaufiner avec le temps, et qui saura nous contenter allègrement du long de cette petite quarantaine de minutes.

Le final "Victory" pourra paraître superfétatoire pour certains, pas evil pour deux sous avec ses voix angéliques conclusives, mais dont il faut reconnaître l’audace, et donnant un vrai goût d’achevé à ce premier jet. Puisque je vous dis que ça se laisse écouter !

Note réelle : ça ne serait pas autant analogue et redondant ça vaudrait plus, mais moins que 3/5 me semblerait bien sévère !

Morceaux préférés : "Dig A Ditch", "Holy Mess", "Arsenal".

Point pochette : c’est toujours osé le rose bonbon sur des artworks de Metal… Et en statuant que la seule prise de risque du skeud est sur la jaquette, on peut se satisfaire que ça n’eût été plus loin !

(*) Et histoire de boucler la boucle, le bassiste, Madison Roseberry, lui aussi ne fera que sa seule et unique apparition au sein du combo sur "Creature"... Il n’y a que le remaniement ministériel pour être plus sec dans son turnover !