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SETH - La France Des Maudits (2024)
Par PERE FRANSOUA le 22 Septembre 2024          Consultée 1100 fois

J’avais neuf ans en 1989 lorsqu’eurent lieu les fêtes du bicentenaire de la Révolution française. Prise de la Bastille en carton, flonflons et bonnets phrygiens qu’on n’associait pas encore à des mascottes en forme de clitoris, je sais aujourd’hui que tout avait été fait pour dépolitiser l’événement et en faire une vaste teuf consensuelle pour les petits et les grands.
Parce qu’évidemment se révolter ce n’est pas gentil et puis vous savez c’est compliqué comme période, et la complexité ça oblige à réfléchir et s’instruire, l’horreur quoi, et puis les historiens ne sont pas d’accord entre eux, mieux vaut retourner se divertir sur TiqueuToque.

La Révolution française, maelström d’évènements, est venue déchirer le cours de l’Histoire, matrice bordélique de toutes les révolutions futures, capharnaüm et laboratoire aux multiples rebondissements, cascade de gouvernements tâtonnants dans l’obscurité des temps fiévreux, et mettre un premier coup d’arrêt aux anciens maîtres du jeu, noblesse et clergé, ces deux États qui s’accaparaient tout, qui bien qu’ils furent remis en selle pour quelques temps encore, mordirent une poussière annonciatrice de leur future fin.
L’Église catholique fut critiquée et attaquée pour son hégémonie sur les âmes, les Lumières éreintant depuis des décennies la superstition et l’obscurantisme, certes, mais c’est surtout son immense pouvoir économique et politique qui fut attaqué, d’abord remis en cause puis quasiment détruit. L’Église était avant tout le premier propriétaire foncier du pays, percevant de plus l’impôt le plus copieux et avait la main mise sur les registres (naissance, mariages, décès) et les écoles (l’État français se construira en reprenant tout cela sous son giron.)
Dans un reversement à la mesure de leurs anciennes hégémonies vouées aux gémonies, l’institution de l’Église et la foi chrétienne connurent durant cette période une annihilation à faire rêver les plus méchants groupes de Black Metal. D’abord relativement modérée, abolition des privilèges, nationalisation, puis nettement plus radicale, à partir de l’obligation des prêtres de prêter serment à la Constitution créant un schisme dans l’institution, bientôt vue comme une force contre-révolutionnaire, exilée, criminalisée, persécutée, parfois exécutée, églises fermées ou détruites, pillées, croix et reliques brûlées. Il y aurait matière pour bâtir une discographie.

Si cette déchristianisation forcée connue de multiples et diverses causes, d’une laïcisation rationaliste à l’athéisme le plus dur, parfois venu de la paysannerie maltraitée mais le plus souvent des franges sans-culottes citadines ou des députés dépassés, ce serait faire un grand écart que d’y voir un quelconque rapport avec le Diable.
C’est bien évidemment ce qu’ont fait nos chers amis de SETH avec "La France Des Maudits", l’aspect antireligieux et anticlérical qui est utilisé en poussant le curseur de la fantaisie jusqu’à tout relier au satanisme. Ce faisant, ils nous concoctent une œuvre thématique sur la revanche des renégats, des maltraités, des marginaux, pactisant avec Satan pour enfin filer une raclée aux chrétiens, vivre libre (mais soumis au démon), avec en toile de fond la Révolution, mais au loin, comme un décor de théâtre peint. La guillotine en pochette sera là pour faire une belle évocation mais il n’en sera pas question dans les chansons.

Fort d’un line-up solide, de nombreux concerts partout et d’un prestige inégalé depuis "La Morsure Du Christ", SETH revient donc avec un disque pas du tout révolutionnaire (elle était facile celle-là.) Enregistré au même endroit par le même producteur avec le même groupe et surtout avec la même patte artistique, il s’agit d’une totale continuité d’avec l’opus précédent, c’est ce qui s’appelle enfoncer le clou et satisfaire les attentes. Après tout, une révolution c’est aussi un mouvement orbital pour revenir au point de départ.
Des différences lors de cette période de révolution ? Tout de même, ma chère. La batterie est encore plus nettement définie, les claviers légèrement plus audibles, et surtout la voix qui est à la fois plus humaine et plus agressive (avec nettement plus de distorsion), ce qui fait qu’on perd parfois en compréhension du texte ce que l’on gagne en agressivité (par rapport à avant).
Des textes, toujours en français, toujours écrits en alexandrins, et c’est bien heureux car c’est un des plus gros atouts du groupe selon moi. J’aime les mots dits par ces maudits.

Dans ce style de Black Metal à tendance légèrement mélodique, traditionnel et accessible, loin des arythmies et dissonances qui sont devenues la norme et l’horizon, ce qui prime c’est la qualité sonore (de la prestation des musiciens, de l’enregistrement et du mixage) et la qualité des mélodies. Jugeons donc cet album à l’aune de ces critères.
Indépendamment de nos envies esthétiques et préférences Black-Metalliques, il apparaît de manière objective que "La France Des Maudits" est un accomplissement sonore. C’est parfaitement exécuté, produit et mixé. Qualité professionnelle.

Là où il décevra peut-être c’est au niveau de la qualité des riffs et des mélodies, dont un trop petit nombre imposera son air immédiatement. Mis à part sur "Paris Des Maléfices" et surtout "Et Que Vive Le Diable !", immédiatement séduisants, le charme agira lentement, est-ce un mal ? L’étonnante ballade "Dans Le Cœur Un Poignard" aurait de quoi rebuter de prime abord avec ce romantisme exubérant et kitsch mais finalement on se laisse faire (et quand on la chante au bureau on sait que le charme agit.)
Il y a des leads de guitares qui conduisent la musique (sympa sur "Insurrection" dans son registre MGŁAesque) mais souvent la ligne mélodique est cachée dans des arpèges ("Ivre Du Sang Des Saints") et de ce point de vue on constatera qu’il ne tient pas la comparaison avec son prédécesseur qui regorgeait de riffs marquants. Ce qui en revanche vous sautera aux oreilles ce sont les vocaux de Saint Vincent, pour mille raisons, mais aussi et surtout pour sa capacité à assumer un effet "chanson" en particulier sur des refrains fédérateurs. L’effet accrocheur immédiat qui vous fait fredonner sous la douche viendra principalement de ses refrains nourris aux punchlines pleines d’assonances et d’allitérations : « Oh Paris parle-moi », « Signe de ton sang », « Ivre du sang des saints », « Plus jamais à genoux », par exemple.

SETH excelle donc dans son Black Metal plutôt mélodique et très majoritairement véloce, la volonté de frapper et d’agresser (la batterie tabasse athlétiquement et les vocaux arrachent) comme des vrais méchant contrastant tout de même avec des airs plutôt accueillants, dans la veine des "Blessures De l’Âme" finalement, offrant un côté rafraichissant et presque easy-listening, en ces temps de confusion et de dissonances. Disons que sur le spectre Black Metallique, si d’un côté se tient IMPERIAL TRIUMPHANT, son exact opposé sera notre SETH.
Nous serions bien mesquins de leur reprocher l’absence de prise de risque, pour une fois, eux qui avaient tant bougé jadis. Laissons-leur donc profiter de ce boulevard et de ce succès.
En revanche, et sans revenir sur mes réserves à propos du relatif manque d’accroche de ce Black-pour-toustes, je regrette sincèrement que l’utilisation de la Révolution française comme thématique n’ai été qu’un décorum pour de sempiternelles élucubrations sataniques convenues, certes fort bien écrites (saluons encore le boulot de Saint Vincent pour les textes), alors qu’il y aurait eu matière à tellement d’explorations et inspirations, tant la période folle regorge de monstruosités et d’espoirs où l’humain et l’inhumain valsèrent.

Note réelle : 3,5/5 (plus le temps passe et plus mettre une note m’insupporte.)

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   PERE FRANSOUA

 
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- Saint Vincent (vocaux)
- Heimoth (guitare)
- Drakhian (guitare)
- Esx Vnr (basse)
- Pierre Le Pape (claviers)
- Alsvid (batterie)


1. Paris Des Maléfices
2. Et Que Vive Le Diable !
3. La Destruction Des Reliques
4. Dans Le Cœur Un Poignard
5. Marianne
6. Ivre Du Sang Des Saints
7. Insurrection
8. Le Vin Du Condamné



             



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