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SETH - The Howling Spirit (2013)
Par PERE FRANSOUA le 17 Juillet 2017          Consultée 1956 fois

Si on vous demande quel est le plus emblématique groupe de Black Metal Français de la fin des 90s, vous répondrez : "euh... les LÉGIONS NOIRES ?" - non mais qui a sorti de vrais disques ! "BLUT AUS NORD ?" Évidemment, toujours debout aujourd'hui et déjà excellent en 1995, préservé de la masse mais limité par son statut kvlt. Qui d'autre ? "ANOREXIA NERVOSA ? - Assurément, ayant surfé sur la vague du gothico-symphonique à fond les ballons jusqu'à presque chatouiller les grands. Mais quand PESTE NOIRE et DEATHSPELL OMEGA était encore au biberon, un groupe français venu de Bordeaux à fait la course en tête : SETH.
"Les Blessures De l’Âme" son premier opus sorti en 1998 chez le tout jeune Season Of Mist avait ébloui avec son vrai Black ambitieux, bien joué, avec des guitares brutes, de légers claviers et de beaux passages à la guitare acoustique, et qui se payait en plus le luxe de paroles en français délicatement vomies avec de la belle haine. Rapidement la veine DIMMU BORGIenne éclatât en un geyser de violence industrielle, valse de chanteurs, privilégiant désormais l'anglais, jusqu'à l'ultime album "Era-Decay", noir déferlement technique et mécanique, avant le split qu'on crut irrémédiable. 

Et bien non, SETH s'est reformé, neuf ans plus tard et avec le même line-up que le dernier disque en date (chose rare). En neuf ans rien n'a changé, tout a changé, bien au contraire : Black Metal moderne plein de breaks, où riffs rythmiques et arpèges dissonants règnent en maîtres, il semble que "The Howling Spirit" soit le prolongement de "Era-Decay", à l'exception des éléments Electro-Indus omniprésents auparavant et qui ont ici disparu, ou plutôt qui se sont fondus dans la masse. Un prolongement donc qui pousse la démarche jusqu'au bout, le groupe misant sur ces oripeaux techniques et son écriture complexe, au détriment de la vitesse et de la pure agression (l'album nouveau est en effet dominé par le mid-tempo). Tout en étant fort sombre le SETH 2013 s'est émancipé de sa colonne vertébrale Black Metal : les blasts, les trémolos supersoniques, l'abus de double pédale, tout cela s'est perdu en route. Il n'en reste plus que des traces, sédiments cachés nous faisant un coucou au détour d'une allée du labyrinthe. 

De titres rapides on ne parlera pas car il n'en existe pas. Seuls certains passages nous font le plaisir - fugace - d'accélérer la cadence. Les rares blasts se comptent sur les doigts d'une main (en tout cas ceux qui durent plus que 10 secondes) : refrain de "In Aching Agony", micros passages perdus dans "Killing My Eyes", début et fin de "He Whose Heart Is Heavy With Sin", refrain de "Scars Born From A Bleeding Stars".
Frustration, je crie ton nom, car sans être un fan dogmatique de la vitesse dans le Metal je ne peux que déplorer la rareté des passages rapides chez un artiste spécialiste du genre, et cela d'autant plus que ceux proposés ici sont tous jouissifs et font mouche à chaque fois. 

SETH semble compenser avec une écriture prenante, mature et ambitieuse, avec un niveau technique élevé (on sait le guitariste et le batteur fort capables), et qui sait rester limpide malgré ses arcanes alambiqués (on remerciera la production formidable, puissance et assassine). On est simplement mis à genoux par  "In Aching Agony", le titre d'ouverture totalement génial qui n'a rien perdu de sa superbe en quatre années d'écoutes. Une intro à la gratte acoustique, clin d’œil immédiat au mythique premier album, prélude à l'enchaînement de riffs mid-tempi vigoureux ou sournois nous conduisant irrésistiblement au refrain blasté excellent où se mêlent chant clair et chant Black. Pas le temps de s'ennuyer, de break en contre-break le morceau avance sans jamais nous décevoir.
Mais l'album va souffrir de ce titre parfait qui rend la suite moins goûteuse, la barre ayant été mise trop haute. Bien entendu le reste est globalement sympa, de nombreux passages de-ci de là sont même très bons, mais à l'exception de "Scars Born From A Bleeding Stars" (le deuxième meilleur titre), et éventuellement "One Ear To The Earth, One Eye On Heaven " (titre oppressant ayant bénéficié d'un clip et que Matthew "Kvohst" McNerney (ex-CODE) vient illuminer de quelques vocalises claires) mais on reste toujours sur notre faim. La faute à la rareté des passages rapides, on l'a dit, mais aussi et surtout à une tendance à faire dans le pétard mouillé (soufflé qui retombe castrant un passage prometteur) et la culture d'ambiances tortueuses et pesantes, pas mauvaises en soi, mais qui engourdissent l'attention. À réécouter les précédents méfaits on voit bien que SETH a toujours fait dans le tortueux et le difficilement lisible, avec de temps en temps un passage super accrocheur. En abaissant le niveau de furie les Français ont mis à nu leur écriture. Les meilleurs moments de "The Howling Spirit" sont carrément les plus réussis de leur carrière, le reste s'écoutera simplement avec moins de plaisir.

Pour classifier la bête on pourra ranger le SETH millésimé 2013 du coté d'un Black moderne développant une noirceur contemporaine avec comme parrains d'un coté le MAYHEM seconde génération (époques Blasphemer et Teloch) pour les agressions labyrinthiques jusqu'à entrevoir fortement le THORNS le plus martial (de façon troublante sur "One Ear To The Earth, One Eye On Heaven" ou "Dancing With Death") et de l'autre le SATYRICON période "Volcano" et "Now, Diabolical" pour certaines parties lentes au climat pesant plein de dissonances vicieuses.
Les vocaux du mystérieux Black Messiah jouent un peu dans la même cour que ceux de Satyr de SATYRICON (avec un soupçon de Legion de MARDUK) : virils et rageurs, au timbre grave et bien râpeux. Sa diction compréhensible et ses paroles souvent bien posées donnent un résultat classique mais très efficace et tout à fait indémodable. Il a depuis été remplacé par l'excellent Saint Vincent (BLACKLODGE) qui accompagne le groupe en live depuis un bon moment maintenant et qu'on aura certainement le plaisir d'entendre sur le futur nouvel album qui se laisse désirer. 
On notera la présence de quelques rares paroles en français, principalement sur le puissant "Mort-Luisant" où le monument Français Stéphane Buriez (LOUDBLAST) vient d'ailleurs poser quelques growls (disque de come-back oblige).

En résumé c'est un retour réussi pour SETH, qui gagne en maturité sans perdre en personnalité et qui passe bien l'épreuve du temps. Il ne fera pas d'éclats excessifs non plus, n'ayant pas l'art de sculpter le chaos et de repousser les limites comme a pu le faire DEATHSPELL OMEGA. Il possède en revanche un sens de la chanson et de l'efficacité qui s'illustre de façon brillante sur certains morceaux et passages disséminés sur un disque malheureusement inégal où le meilleur côtoie le simplement bon.

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   PERE FRANSOUA

 
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- Alsvid (batterie)
- Heimoth (guitare)
- Cyriex (guitare)
- Black Messiah (vocaux)
- Eguil (basse)


1. In Aching Agony
2. Killing My Eyes
3. One Ear To The Earth, One Eye On Heaven
4. Howling Prayers (act I)
5. He Whose Heart Is Heavy With Sin
6. Ten Barrels (a Scourge For The World, A Plague For
7. Scars Born From Bleeding Stars
8. Howling Prayers (act Ii)
9. Mort-luisant
10. Dicing With Death



             



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