La vie n’est décidément pas un long fleuve tranquille pour le line-up de NIGHTRAGE… Une fois encore, seule la section rythmique reste sur le pont, le reste du groupe quitte le navire, sans compter le non renouvellement du contrat avec LifeForce Records. C’est donc avec uniquement Mario à la guitare que le groupe reprend le chemin du studio, accompagné d’un nouveau chanteur, en la personne de Ronnie Nyman.

Il suffit de quelques notes sur le premier morceau "The Puritan" (titre au passage bien peu inspiré côté dénomination) pour se retrouver en terrain connu et (ultra) classique. Riffs classiques du Death Mélodique de Göteborg, tellement calibré qu’il s’essouffle à vitesse grand V. C’est bien simple, on tient ici un IN FLAMES de seconde zone. La batterie et les guitares semblent en pilotage automatique, les soli ne présentent pas beaucoup d’originalité, encore moins de transcendance.

Au fil des écoutes, c’est plutôt Ronnie Nyman qui cristallise les reproches : ce nouveau chanteur ne possède aucune modulation de sa voix et reste toujours sur le même rail. S'il s’applique correctement à sa tâche, il n’en délivre qu’une prestation quelconque, sans grand intérêt. Oui, évidemment, le constat est amer mais il est à la hauteur de ce que NIGHRAGE véhicule depuis de nombreuses années : en soufflant le chaud et le froid au fil des albums voire des titres, le combo semblait armé pour passer un cap, sans jamais y parvenir. Inutile d’indiquer que l’absence de stabilité au sein de ce projet qui apparaît trop annexe pour plusieurs membres du groupe ne peut pas jouer en la faveur de la réussite de l’entreprise.

Techniquement, encore une fois, peu ou pas de grand reproche. Marios et Ronnie ont intégralement composé les onze titres de ce "The Puritan". Un long tunnel de 38 minutes où vous subirez l’insupportable refrain de "Desperate Vows", un instrumental ("Lone Lake") vide de sens et d’un ennui profond (acoustique) avant "Son Of Sorrow" qui déboule dans un bien trop rare excès de rage et d’énergie. NIGHTRAGE savait transporter son auditoire avec des titres efficaces et entrainants. Ici, l’ennui et le "déjà vu" sont de rigueur : cet album s’écoute avec l’arrière goût du "tellement classique et prévisible" à chaque morceau qu’il en devient une sorte de musique d’ascenseur. Vous l’écoutez en "musique de fond", en faisant autre chose. Le titre "Kiss Of A Sycophant" résume cette idée parfaitement, mais il n’est pas le seul malheureusement ("Fathomless" et "When Gold Turn To Rust" pour ne citer que ces deux-là). "With A Blade Of A Knife" semblait toutefois proposer une débauche d’énergie saine et entraînante, mais bien trop rare à l’échelle du L.P.

"The Puritan" est une définition du son de Göteborg : il suinte de tous ses pores ce Death Mélodique qui pourra plaire aux mordus complets du genre (ce que je suis) mais les moins exigeants ! Une sorte de Methadone© quand on veut se passer de l’original… Le genre étant tellement saturé en offre qualitative que "The Puritan" semble se prendre un train face à la concurrence… Monde cruel...

NIGHTRAGE cultivait plutôt habillement le formatage ultra calibré de sa musique jusqu’alors. Avec ce "The Puritan", il semble quasiment s’auto-parodier tout en affichant clairement le besoin évident de trouver un second souffle : manque de fraîcheur et offre rachitique qualitativement parlant. La situation apparaît préoccupante : Marios doit-il débrancher l’animal ou continuer à se battre pour une cause qui semble bien difficile à défendre avec ce type de proposition ?

Note réelle : un 1,5/5 arrondie à la note inférieure.

Top : "Son Of Sorrow" histoire de vous citer quelque chose.