Après la sortie de "Get Nervous", les choses bougent dans la vie du couple Benatar/Giraldo. Nos deux tourtereaux passent ainsi à la vitesse supérieure et se décident à fonder une famille… sauf que bien entendu rien ne se passe comme prévu, et le répit que la sortie de "Live From Earth" permettait n'aura pas suffi. Gagner un peu de temps auprès de Chrysalis n'étant pas une mince affaire, comme les sorties rapprochées de tous les groupes de cette époque permet de le constater, les investisseurs reviennent rappeler à Pat BENATAR les conditions de son contrat.

Une nouvelle fois sous pression, le groupe ne chôme pas, et finit tant de peaufiner ses compos tout en les enregistrant et en commençant à tourner les clips. Trois titres sont choisis : "Painted Desert", "We Belong" et "Ooh Ooh Song". C'est pendant le tournage du premier que le réalisateur notera une lueur dans le regard de Pat. La lionne a lutté pour enfiler la tenue taillée sur mesure quinze jours avant le tournage et a été malade tout du long. Bingo, la belle a un polichinelle dans le tiroir.

Et d'un seul coup, le travail de galérien sous pression devient… autre chose. Si le groupe travaille dur, l'ambiance n'a jamais été aussi détendue en studio. La grossesse, aux dires de Pat, lui offre une détente vocale qu'elle a rarement connu, et le plaisir est là de toute évidence. Le choix de "Painted Desert" va d'ailleurs en ce sens, récompensant le travail de groupe (composition co-signée par Neil et Myron Grombacher). Après en revanche, la volonté d'émancipation musicale déjà bien manifeste sur "Get Nervous" est encore plus flagrante ici.

Et le pire (ou le meilleur c'est selon votre tolérance aux guitares qui saturent de moins en moins) c'est que le plus gros hit de cet album (et disons-le franchement, un des plus importants de Pat BENATAR) sera une quasi-ballade menée par la guitare acoustique, un synthétiseur qui arpège et surtout – surtout – une mélodie incroyable, portée par Pat, qui s'harmonise (le clip recourra même à un chœur d'enfants pour un peu plus de nunucherie, sans compter les plans de Pat prenant bien soin de ne pas montrer la moitié inférieure de son corps) ; on parle de "We Belong". Après "Love Is A Battlefield", Pat BENATAR atteint encore les sommets en s'éloignant du Hard Rock qui l'a fait connaître, et en proposant une chanson atypique au texte puissant.

"We Belong". C'est clairement une chanson tellement forte qu'elle fait de l'ombre à tout l'album (1). Un album aux timbres variés et parfois déroutants. "Ooh Ooh Song" en est le meilleur exemple : son introduction portée par les percussions et les guitares étouffées au rendu très Heavy, pour ensuite partir sur un tempo enlevé et sautillant, des synthés qui font gling-gling et une mélodie gorgée de chamallows. On sent d'une manière générale que le groupe s'est bien amusé ! Je pourrais aussi parler de "Diamond Field" qui mêle les sons saturés et clairs.

Mais je dois bien me rendre à l'évidence ; l'écoute de "Tropico" est aussi agréable qu'inoffensive et si j'arrive à distinguer parfaitement chaque titre qui fait étalage d'outils et d'artefacts différents pour souligner la créativité de Pat BENATAR, aucun ne parvient à me marquer en dehors des trois singles (habilement choisis pour le coup) et de "A Crazy World Like This". Mais il y a tout de même le poids des ans qui n'épargne vraiment pas "Tropico" ("Temporary Heroes" c'est clairement un produit daubé de cette époque). Mais ce n'est pas nul, et "We Belong" est une grande chanson.

(1) Tant et si bien que la version anglaise de l'album y ajoutera "Love Is A Battlefield" prenant la place de "Love On The Icy Age" relégué en toute fin d'album.