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AZATHOTH DEATH METAL  |  STUDIO

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SULPHUR AEON - Seven Crowns And Seven Seals (2023)
Par WËN le 22 Janvier 2024          Consultée 1518 fois

Abominables, tentaculaires, bêlantes ou ignominieusement indicibles, toutes autant qu'elles soient, ces panthéoniques monstruosités lovecraftiennes tapies au plus profond de béantes éternités l'ont toutes compris : l'humanité, de chair comme d'esprit, est faible … sous le couvert d'une méprisable et manipulable vertu, elle se ruine en d'absurdes et insignifiants conflits au nom de vulgaires et absconses icones, tandis que s'annonce à sa porte, hurlante, une irrémédiable ère de cataclysmes. C'est cette tumultueuse période de troubles qu'a choisie SULPHUR AEON, grand prêtre dévoué aux cultes des très nombreuses choses qui, sans nom, rodent au crépuscule et hantent la nuit, pour venir se rappeler à notre défaillant souvenir et nous asséner une calamité supplémentaire à une liste somme toute déjà effarante.

Suprême oratrice et figure de proue - aux côtés de ses GREAT OLD ONES d'acolytes - d'une vagissante cohorte d'adorateurs transis, bien sûr que l'entité de Rhénanie du Nord, parangon de Death-Metal abyssal et sans concession fermement et tentaculairement ancré dans son temps, a évidemment droit de cité au sein de ce renversant macrocosme à la base duquel elle se plait à sournoisement tisser ses plus improbables et sinistres trames depuis maintenant plus de 13 chaotiques années. Avec trois précédents méfaits croupissants dans le sac gulaire, elle n'a déjà plus grand-chose à prouver tant, en ses serres acérées, elle a su asservir une bonne partie de la scène actuelle. Car outre ses interdits penchants pour de tentaculaires déités, il faut bien lui reconnaitre que lorsqu'il s'agit de détourer un immonde amas cosmique, elle maitrise son sujet. Et à force d'invocations et de louanges à sa gloire, c'est Azathoth, Sultan parmi les démons, qui, tombé du ciel, saura cette fois-ci donner sa couleur à l'album. Jamais le Chaos Nucléaire ne fut si palpable.

Si de prime abord, le disque pourra paraitre étrangement plus sobre qu'à l'accoutumée ("shhhh … ne vous y fiez pas"), nous remarquerons vite, hagards - car c'est une première au sein de son court mais fieffé héritage - que la bête déchainée semble ici plutôt encline à respecter les principaux préceptes de son ascendant direct ("The Scythe Of Cosmic Chaos", 2018) à savoir, jouer un Death-Metal davantage suggestif que démonstratif, sachant se baser sur les ambiances et qui excelle, le temps de quelques fugaces sursauts mélodiques, à intelligemment savoir inspirer même le plus indicible effroi, là où à l'accoutumée elle se plaisait à ralentir à chaque fois un peu plus ses tempi, pour partir explorer de nouvelles dimensions.

A ce titre, SULPHUR AEON semble avoir trouvé le juste équilibre. Et si une place comparable est allouée à ces guitares transcendées à la réverb' patentée qui aiment dorénavant flotter au-dessus du massacre ambiant avant que de subtiles mais délétères effluves viennent vous replonger dans la réalité tandis que s'embrasent les cieux et que tout dégénère ("Hammer From The Howling Void"), la monstruosité allemande a aussi compris qu'il lui était nécessaire de doser plus finement ses plus sournois émois et nous le fait comprendre en faisant cette fois-ci fi des similitudes parfois trop prégnantes d'un titre à l'autre sur son opus de 2018. Même les débauches de chœurs squameux et de scintillantes leads de guitares paraissent moins nombreuses que sur son précédent effort au moment de les recenser. De fait, plus lascives et ainsi mises en valeur, elles sauront frapper indéniablement plus fort (les finaux mélodiques de "Usurper Of The Earth And Sea" et de "The Yearning Abyss Devours Us", les débauches de chœurs scandés à la face des éléments, aphotiques sur "The Yearning Abyss Devours Us", ou spectraux sur "Seven Crowns And Seven Seals").

Mais, comme chuchoté dans les ténèbres textuelles précédentes, ne vous fiez surtout pas à cette apparente sobriété d'ensemble ! Car l'animosité primale du propos, alimentée d'une rage sourde ourdie depuis les plus antédiluviens éons et assénée avec cette haine inaltérée des premiers jours, demeure plus que jamais de mise ! Cette hargne primordiale ne mettra jamais guère de temps à venir nous enserrer la jugulaire. Et en dehors d'évidents déchainements de riffs rudes et écailleux, SULPHUR AEON peut particulièrement compter, au moment d'abattre sa faux cosmique pour sonner le glas du monde connu, sur deux apôtres encore plus zélés que les autres. Sa fantastique batterie déjà, intarissable en roulements, en descentes de futs et blasts en tout genre à même de hâter le cours du temps ("Arcane Cambrian Sorcery", "Hammer From The Howling Void"), faisant résonner ses sinistres martellements à travers les éternités, là où la mort même n'a plus prise. Inéluctable. L'autre mention trouvera écho auprès des lignes vocales hallucinées, vociférées avec toujours autant de conviction, qu'il s'agisse d'incantations prodigieuses ou des plus purs débordements Death/Black (laissez-nous pour cela vous renvoyer … à la totalité des trois quarts d'heure du disque). Très relative ombre à cette toile de destruction, quelques passages sont à mentionner où le rendu sonore parait plus confus, sans vraiment parvenir à l'expliquer (l'attaque de "Hammer From The Howling Void", quelques courts instants de "Arcane Cambrian Sorcery").

Et n'allez pas croire que la bête relâche sa vindicte alors que s'égrènent les minutes, le disque se clôt bien au contraire sur deux phénoménales pièces de neuf minutes chacune. L'éponyme, dédiée aux plus célèbres déités lovecraftiennes et déjà brièvement mentionnée plus haut, bardée de chœurs spectraux et incantatoires, d'un pont ambiant issu des plus insondables profondeurs des immensités cosmiques d’où s'extirpe un solo à la verve avérée. Si nous évoquons sans doute là le temps fort de l'album, il serait néanmoins peu judicieux de faire l'impasse sur "Beneath The Ziqqurrats" qui réussit, ni plus ni moins, à raviver les tempi et la véhémence des ébats océaniques du premier album, nous transperçant de ses leads efficaces, comme autant de fulgurants coups de dards chthoniens.

Si "Seven Crowns And Seven Seals" peut s'avérer moins impressionnant, ou plutôt moins surprenant, que les meilleures productions passées à qui parcourt les arcanes oniriques de SULPHUR AEON depuis plus d'une décennie, force est de constater que la Bête maîtrise incontestablement son sujet. Elle croit en sa formule, et - c'est là l'essentiel - la pression ne se relâche finalement ici à aucun moment. Certes, SULPHUR AEON fait du SULPHUR AEON, sans évolution notoire (hormis le fait de plus finement distiller ses pernicieux venins et ce changement d'artiste pour sa pochette (*)) mais cela se traduit en un excellent album de Death-Metal occulte et foudroyant. A ce stade, peut-être ne faut-il plus comparer chacune de ses sorties à l'aune de la précédente, mais consacrer notre étude à l'ensemble de la scène Death-Metal actuelle, et là, inventif et aventureux comme il est, sachant débiter de l'hectoriff plasmique à la vitesse d'un Shoggoth en pleine mutation … là, seulement et salement, saura-t-on le considérer à sa juste valeur, comme une effroyable monstruosité, avide de sang et pleine d'une rare et sourde rage. C'est donc un inévitable 4/5 qui prime, mais à savoir tempérer au sein d'une tempétueuse discographie.

Sans conteste ni aucune concession : SULPHUR AEON domine, la Terre s'incline.

:::

(*) L'incontournable Paolo Girardi est à la réalisation, après trois précédentes collaborations signées Ola Larsson qui avaient le mérite d'être moins conventionnelles. Vous êtes-vous remis du double-artwork de "Gateway To The Antisphere" ?
Comme à son habitude Ván Records attache ici un grand soin au packaging, avec éditions 'deluxe' en fourreau cartonné teinté d'argent, livret copieux, etc.

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- M. (incantations, folies textuelles)
- T. (rituels, mystères phoniques)
- A. (accords yuggothiens)
- S. (pulsations abyssopélagiques, paysages sonores)
- D. (tentacules)


1. Sombre Tidings (introduction)
2. Hammer From The Howling Void
3. Usurper Of The Earth And Sea
4. The Yearning Abyss Devours Us
5. Arcane Cambrian Sorcery
6. Seven Crowns And Seven Seals
7. Beneath The Ziqqurrats



             



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