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YOG-SOTHOTH DEATH METAL  |  STUDIO

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- Style : Chthe'ilist, Hypocrisy, Immolation
 

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SULPHUR AEON - Gateway To The Antisphere (2015)
Par WËN le 8 Juillet 2015          Consultée 4890 fois

Si il y en a eu, en 2013, des disques qui ont su déboîter des culs comme il faut, peu néanmoins furent les groupes à pouvoir se targuer de nous avoir tentaculé la rondelle avec autant de vigueur et de véhémence que les teutons de SULPHUR AEON. Car à part quelques veilleurs déjà en alerte depuis la courte mais éprouvante déferlante de "Deep Deep Down They Sleep" (EP, 2012), peu nombreux étions-nous à soupçonner l'existence dans les bas-fonds, de cette abomination océanique assoupie qui brutalement, s'éveillant, n'allait manquer de déchaîner son impitoyable courroux sur notre pitoyable monde. Et "Swallowed By The Ocean's Tide" (2013), hymne dédié au pachydermique Cthulhu, de venir ainsi nous coller, d'un revers de palme dédaigneux, une putain de brasse ! Se faisant l'écho des sombres litanies incantatoires psalmodiées par la masse sans cesse grandissante de ses cultistes exaltés : ces rythmiques effrénées et ces leads infernales, en une abjecte cacophonie renforcée d'atmosphères étouffantes et foutrement denses (cette prod' abyssale, bordel !), n'allaient pas manquer de submerger toute résistance, rapidement devenue futile. Rares fussent-ils donc, ceux à ne pas courber l'échine sous les assauts répétés de son Nautik-Death-Metal évocateur et de qualité, sachant intelligemment lorgner de ses globuleuses mirettes vers une innommable et sauvage mixture de Brutal-Death et de HYPOCRISY de la grande époque. C'est donc avouer s'il était attendu, ce "Gateway To The Antisphere".

Et quitte à ouvrir un portail vers d'autres plans; en plan, laissons-le justement notre gargantuesque poulpe et joignons plutôt nos chœurs à ceux de SULPHUR AEON en beuglant la gloire de l'une de ces autres hideuses et tentaculaires déités issues de l'imagination foisonnante de H.P. Lovecraft. Clamons l'hégémonie imminente du fluctuant Yog-Sothoth, auquel l'entité germanique sacrifie cette nouvelle offrande ! L'approche avec la Bête, tandis qu'elle s'extirpe de quelque indicible néant, se fait déjà sous les plus apocalyptiques auspices via cet artwork magistral signé Ola Larsson (DISMA, DEATH FORTRESS). Sans trop en faire (nooon … si peu) voilà qui permet en tout cas de s'immerger dans l'œuvre alors que les illustrations intérieures, elles, sont prises en charge par M (incantations, vociférations et autres vagissements gutturaux). Cette fois-ci signé chez Ván Records (mais toujours en partenariat avec Imperium Productions) le trio ne perd pas de temps pour se jeter dans les eaux tumultueuses soulevées par son infâme nouveau rejeton, en témoigne l'énorme "Diluvial Ascension – Gateway To The Antisphere", dévoilé en avant-première et qui réunissait déjà en une orgie impie tous les ingrédients qui ont fait le succès et la renommée de son géniteur.

Malgré cela, alors que s'abattent les masses d'eaux précédemment soulevées par le pesant bestiau, la douche froide est de mise conclues les premières écoutes. Tout semblait pourtant en place, la haine primale de la Bête, bridée, étant préservée intacte. Dès l'intro passée, ça se met pourtant à débiter de la côtelette de Grands Anciens, comme prévu ("Devotion To The Cosmic Chaos"). Mais rapidement ce "Gateway To The Antisphere" va s'avérer être un-peu-moins que son prédécesseur. "Un-peu-moins" ? C'est-à-dire ? Un peu moins quoi ? Un peu moins "tout", simplement. Moins fougueux, déjà, car plus rares se font ces leads vicieuses qui vous transperçaient tel un harpon, de part en part. Moins apocalyptique, aussi, ces riffs antédiluviens à vous en déchirer la croûte terrestre n'étant plus aussi radicaux. Moins profond, enfin, puisque la prod' s'aventure ici bien au-deçà des immensités pélagiques dont on la savait coutumière. Même l'incantation introductive de rigueur se révèle légèrement moins immersive que son ainée.

L'une des raisons de cette apparente baisse de régime pourrait se laisser imputer à un premier tiers d'album finalement en demi-teinte, les compositions ne se révélant pas toute si profondément démente et vicelarde que ce que nos plus insanes cauchemars ne nous le laissaient présager. Quand on vous dit qu'une bonne tracklist, équilibrée et bien pensée est primordiale, en voici la preuve flagrante. Notre gros ancien de Yog, l'autoproclamé "tout en un et un en tout", s'est bien fourvoyé pour le coup. A ce que nous avons pu entendre çà et là en avant-première, la production aussi s'est apparemment souvent fait remettre en cause, mais en cela, par contre, nous ne saurions pas forcément être d'accord. Certes, cette nouvelle approche, se voulant bien moins glauque et aqueuse, presque sobre en comparaison de l'album précédent, nécessitera un certain temps d'adaptation avant d'y pouvoir pleinement s'y abandonner. Cependant, à y réfléchir, cette évolution est plutôt intelligemment menée, suffisamment en tout cas pour s'adapter à ce nouveau concept; le but du groupe n'étant plus de nous faire suffoquer à grand renfort d'atmosphères à couper au Cousteau, aux portes de R'lyeh La Morte. Car la Porte, la Clé, cette fois-ci Elle squatte la stratosphère, nous toisant de ces multiples orbites avides et tourmentées. Et en ce sens, SULPHUR AEON a bien compris où il veut amener ses fidèles crédules : directement dans les gueules béantes de sa bête.

Car passé ce premier tiers et la production appréhendée, dès l'abord de la suite - via ce pachydermique "Abysshex" révélant quelques saveurs d'antan - les cieux ne tarderont guère à s'embraser devant nos regards hagards puis subitement s'étirer jusqu'à l'inéluctable déchirement du firmament. Nous comprendrons ainsi, mais hélas trop tard, notre rôle de simple pion dans cette trame que nous mijote Yog-Sothoth et ses potes. Tous les éléments sont en fait en place pour son règne imminent et n'attendaient qu'une faille dans notre vigilance pour prendre d'un coup toute leur sinistre signification; Ces sonorités sidérales - que nous soupçonnions d'être plus légères - nous élevant 20 000 lieues dans les airs, bien aux delà des plus hautes montagnes hallucinées, permettent en fin de compte aux compositions d'exprimer leur plein potentiel. Parsemées de breaks stellaires ("Titans", "Diluvian Ascension"), d'introductions astrales ("Abysshex", "Into The Courts Of Azathoth") ces dernières vont indubitablement prendre une toute autre dimension et, sans prévenir, nous sabrer bien salement le portrait, mais d'une force ! Le chant, plus démoniaque que jamais (cette éructation concluant "Calls From Below"), parfois secondés de quelques chœurs incantatoires des plus habités ("… To Drown This World", "Seventy Steps"), fonctionne ici terriblement. Cependant, nul besoin de scruter indéfiniment les infinités cosmiques, pour s'apercevoir que de cet infâme tumulte céleste se dégage une étoile, luisant plus férocement que ses congénères. En effet, la batterie joue ici un rôle prépondérant, primordial même ("He Is The Gate", "Seventy Steps" … la majorité des compos pour être franc). Tentaculaire, hallucinée et hallucinante, à se tailler ainsi la part du shoggoth, celle-ci prendra plus d'une fois l'ascendant sur les guitares, masquant par d'infernales descentes de tomes, le manque relatif de caractère de ces dernières. Car, à de rares exceptions (ou tout du moins trop diffuses), bien peu nombreuses seront les occasions de s'extasier sur les patterns de la section cordes.

Bon, objectivement ? Cet album mérite un confortable 3,5/5 qui pour l'audacieux – ou l'insouciant – chroniqueur pourrait même se hisser jusqu'au 4/5. Mais n'est pas Abdul Al-Hazred qui veut et pour nous, malgré quelques titres qui butent et qui vous culbutent du Dagon comme un cochon ("Onwards … Towards Kadath", "Abysshex", "Seventy Steps", "Into The Courts Of Azathoth"), il demeure pourtant évident qu'il manque à cet opus ce je-ne-sais-ftaghn qui, justement, transcendait son illustre prédécesseur. Si bien qu'en découle une légère – mais certaine - déception qui aura bien du mal à s'estomper au fil des écoutes. Même si, ne nous leurrons, SULPHUR AEON continue à vous retourner la tripaille tout en défonçant 80-90% des productions actuelles du genre, il nous faut néanmoins reconnaître que nous attendions tellement plus de lui.

Note réelle : 3,5/5.

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- T. (rituels, insanités musicales)
- M. (incantations, folies textuelles)
- D. (tentacules)


1. ...to Drown This World
2. Devotion To The Cosmic Chaos
3. Titans
4. Calls From Below
5. Abysshex
6. Diluvial Ascension - Gateway To The Antisphere
7. He Is The Gate
8. Seventy Steps
9. Onwards... Towards Kadath
10. Into The Courts Of Azathoth
11. Conclusion ...



             



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