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CONVERGE - Bloodmoon I (2021)
Par VOLTHORD le 16 Octobre 2022          Consultée 1015 fois

Il était impossible qu'une collaboration entre les géants de CONVERGE, saints-pères du Hardcore chaotique, et la non moins géante CHELSEA WOLFE, icône gothique moderne, puisse tomber à l'eau. Les attentes étaient forcément grandes tant les deux noms sont évocateurs, mais ce "Bloodmoon I" m'est dans un premier temps apparu passable, malgré quelques solides accroches rythmiques et mélodiques. Un CONVERGE diminué, une CHELSEA WOLFE en pilote automatique. Fin de la chronique ; sans me sentir trahi, je me sens indigne de cette collaboration.

Il m'aura fallu cette performance au Hellfest, véritable moment de grâce, pour me faire réaliser à quel point "Bloodmoon I" ne cache en réalité pas son potentiel. Accroché au refrain de "Coil" depuis des mois et me levant du lit avec son riff final, il me fallait bien la pondre tôt ou tard, cette bafouille.

Même après tant d'écoutes, et un album qui tourne en boucle en remémoration d'un instant d'une intensité indescriptible, le principal défaut de "Bloodmoon I" demeure. Raisonnons par l'absurde, et commençons avec les deux titres où CHELSEA WOLFE ne se trouvent pas.
Dans ces deux instants de quartier libre, CONVERGE tend davantage à réveiller sa fibre groovy ("Tongues Playing Dead") ou à tomber dans une mollesse sans précédent ("Failure Forever") plutôt qu'à retomber dans les ténèbres les plus denses. Le Cœur de la lune sanglante ne sera jamais Hardcore, la voie faite à un Doom/Sludge atmosphérique revêtant ce flot hurlant de modernité, rarement épuisante et troublante, mais gardant ses dissonances et sa fatalité lumineuse. Ben Koller a peu à se mettre sous les fûts : la première minute de "Viscera Of Men" sera ce seul moment tempétueux qui créera instantanément cet appel d'air pour un ralentissement d'une béante lourdeur. Contraste esquissé, qui aurait pu lancer cette oscillation constante entre la furie étouffante de CONVERGE et la beauté lascive de CHELSEA WOLFE, mais qui préfère très vite (trop vite !) trouver un compromis qui sera le fil rouge de la collaboration ; les deux entités se retrouvent dans une atmosphère où les voix claires alternées aux hurlements trouvent un écho religieux, où la lourdeur Doom se meut en une énergie solennelle, sentencieuse ("Viscera Of Men", "Daimon" en étant les meilleurs exemples, et bien sûr "Coil").

Les poings de Jacob Bannon restent serrés, rage primitive retenue, le "Post" de "Post Hardcore" surligné au marqueur. Compromis pour les gars, environnement taillé sur mesure pour la chanteuse. Si CONVERGE semble réduire son champ des possibles, le curseur quelque part entre "Wretched World" et "Hell To Pay", l'environnement déjà protéiforme de la chanteuse n'en est en aucun cas impacté.

Au delà desdits moments sentencieux, c'est donc là où CHELSEA WOLFE brille que je porterai principalement mon regard. Sur ce "Lord Of Liars" rappelant le meilleur de "Abyss", alors que "Scorpion's Sting" ou "Blood Dawn" rappellent son retour plus récent à l'acoustique. Là, le groupe de Salem accommode sa sorcière, dans cet environnement de dépression sereine et évasive. Enfin, le duo amoureux de "Crimson Stone", influences Post-Rock et battements de cœur, piano céleste et arpège volatile, à la montée en puissance aussi évidente que prenante, se constate plus qu'il ne s'écoute.

Plutôt que d'amener sa nouvelle recrue dans le Chaos dont il a été porteur à ses débuts, CONVERGE rencontre CHELSEA WOLFE là où elle excelle déjà. Espérer mieux est relativement sain, bouder son plaisir n'a aucun sens. "Bloodmoon I", malgré quelques longueurs, reste une mine de mélodies et d'ambiances, et bénéficie d'une performance vocale d'une justesse imperturbable. Un emportement dans une mélancolie plus douce que la houle qu'annonçait la rencontre, mais touché de grâce et de ferveur.

Ainsi, dans la lignée des récentes collaborations entre groupes Post Hardcore/Sludge et chanteuses, ce premier volet de "Bloodmoon" est loin de la pureté émotionnelle du "Mariner" de CULT OF LUNA x Julie CHRISTMAS ou de l'étonnant mélange NEUROSIS x JARBOE. Normal, les deux chanteuses restaient dans leur genre de prédilection. Que THOU et Emma Ruth RUNDLE aient peut être davantage réussi à trouver cette fusion parfaite n'est alors plus de mon domaine de jugement, étant absolument allergique au premier mais fan de la seconde…
Alors si on espère une suite à "Bloodmoon" qui puisse davantage remonter le curseur de violence, on peut aussi tout simplement croiser les doigts pour plus d'initiatives, pour aucune raison de plus que mon impérieux désir.

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- Chelsea Wolfe (chant)
- Jacob Bannon (chant)
- Kurt Ballou (basse)
- Nate Newton (guitare)
- Ben Koller (batterie)


1. Blood Moon
2. Viscera Of Men
3. Coil
4. Flower Moon
5. Tongues Playing Dead
6. Lord Of Liars
7. Failure Forever
8. Scorpion's Sting
9. Daimon
10. Crimson Stone
11. Blood Dawn



             



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