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2019 1 Nest
2022 1 Unison Life
 

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BRUTUS - Unison Life (2022)
Par VOLTHORD le 5 Janvier 2023          Consultée 2693 fois

Y a-t-il encore des albums générationnels?
Je veux dire, au-delà de la génération des "millenials" ? Si je me pose la question, ce n'est pas uniquement parce que je suis moi-même un vieux millenial qui se pose des questions de vieux. Des groupes qui se sont imposés ces dernières années, il y en a eu, des SABATON, des POWERWOLF, des groupes de Machincore ou de Metal Alternatif. Pourtant lorsque je croise des lycéens je vois encore des patchs KORN et NIGHTWISH, des t-shirts de l'éternellement adolescent NIRVANA, puis quand on creuse un peu, on trouve la même diversité de goût chez les jeunes metalleux que chez les plus vieux. Même avec la réactance que j'avais développée à l'époque, le premier LINKIN PARK ou le "Toxicity" de SYSTEM OF A DOWN agissent comme le socle commun que j'ai avec les chevelus de mon âge.
L'arrivée des plateformes de streaming, la dissolution même du concept d'album, désormais perdu dans un flux de contenu, la fragmentation des goûts par les algorithmes, le retour en force de la vieille musique dû à ces mêmes algorithmes, le déclin de médias musicaux mainstream et de la presse, et par extension l'absence de récit pour encadrer ces potentiels nouveaux albums-phare… autant de critères qui pourraient expliquer cette impression.

Il y en aurait besoin, pourtant, d'un truc solide, fiable et neuf qui puisse mettre tous les concernés d'accord. Car si "no future" n'est pas nouveau, on ajoute désormais d'autres ingrédients : crise climatique et politique, incertitude à tous les étages, aporie de tout discours motivationnel, engagement minimal dans un monde sans promesse où s'accrocher aux autres agit comme un signal de détresse alors même que l'on se recroqueville sur son individualité. Si j'hallucine évitez de me le dire merci.

Ainsi, si ma météo du monde actuel est bonne, et si la musique en 2022 n'était pas portée uniquement par des hypes ponctuelles, "Unison Life" devient un album générationnel. Le parcours fait de têtes d'épingles et des chicanes de nos vies affectives, mené par un tempo de road trip vers nulle part, décuplant une rage sans cible. L'image de cet être qui continue à appeler à l'aide dans une foule indifférente. La représentation d'un monde intérieur qui cherche à se construire en conflit et en communion avec les autres. Un truc relatable, pour ne pas faire un anglicisme fort utile.

BRUTUS a désormais solidement ses appuis, une popularité grandissante, une identité sonore instantanément reconnaissable (difficile d'insister plus sur ce point) et de quoi accoucher d'un album où rien n'est à laisser de côté. Plus que jamais, les influences de BRUTUS sont ingérées en un tout d'une cohérence impressionnante. Des remous chaotiques d'un CONVERGE à l'éther d'un ALCEST, de sa verve Punk à sa sensibilité Rock. "Unison Life" sent moins le garage désaffecté et davantage l'air libre ; guitares pleines de reverb et touches Shoegaze à l'appui.

Plus mélodique, pourtant toujours aussi nerveux. Le double jeu batterie/chant de Stefanie Mannaerts sera encore une fois le principal vecteur d'une violence toujours aussi expressive que contenue. Colérique sur "Brave", plaintive sur "What Have We Done?", mystérieuse sur "Liar", ce sera encore une fois l'interprétation impeccable de la chanteuse qui portera "Unison Life" au sommet. Le grain au fond de sa gorge de plus en plus discernable, peut être un poil moins appréciable que sur "Nest", mais qui entre en conflit intelligemment avec la rondeur des guitares. Ce sera aussi sans doute la principale barrière pour ceux qui n'ont pas été convaincus par l'album précédent.

Je pourrais aussi parler du refrain "Liar", du riff addictif de "Victoria", de l'explosion finale de "Dream Life" et des remous de ce "Desert Rain" qui finit l'album en beauté. Mais à ce stade, c'est cette cohésion d'ensemble qui me semble encore importante à souligner.

Au milieu d'univers sonores ayant tendance à préférer soit un radicalisme brutal (pour la partie Hardcore/Punk), soit le rêve ou la nostalgie (pour la partie Shoegaze/Post Rock), BRUTUS soupèse sa modernité, ne semble plaintif que pour paraître plus courageux, triste que pour ressortir plus fort, malheureux pour mieux souligner sa quête de bonheur. Il garde deux pieds fermement sur terre, comme attaché à l'instant présent pour mieux y faire face.
Une arme puissante, en somme.

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Par ISAACRUDER




 
   VOLTHORD

 
   FENRYL

 
   (2 chroniques)



- Stefanie Mannaerts (batterie, chant)
- Peter Mulders (basse)
- Stijn Vanhoegaerden (guitare)


1. Miles Away
2. Brave
3. Victoria
4. What Have We Done
5. Dust
6. Liar
7. Chainlife
8. Storm
9. Dreamlife
10. Desert Rain



             



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