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DREAM THEATER - A View From The Top Of The World (2021)
Par FREDOUILLE le 27 Avril 2022          Consultée 4922 fois

Il y a quatre ans, pour les vacances, je me suis rendu en famille en Norvège. J’ai découvert un très joli pays, des contrées saines et pures dans lesquelles on respire assurément le grand air. Un pays qui est aussi en avance sur les autres (en particulier la France) en matière d’écologie, beaucoup de personnes roulent d’ailleurs en Tesla (c’est assez impressionnant je dois dire), voitures électriques assez onéreuses mais n’oublions pas que la Norvège est devenue riche et dispose de pétrole. C’est un pays magnifique avec beaucoup de paysages époustouflants, je pense notamment à notre périple où nous avons visité quelques villes (Ålesund, Bergen et ses maisons en bois pittoresques et façades colorées du quartier de Bryggen), et quelques sites insolites et époustouflants comme la route de l’Atlantique, Trollstigen la Route des Trolls et son panorama à couper le souffle, l’inoubliable Geirangerfjord… Bref, tout plein de sites touristiques à visiter, et je ne parle malheureusement pas des sites que nous n’avons pas pu visiter car il aurait nécessité au moins un mois pour tout faire.

Parmi ceux-là, je pense notamment au fameux Preikestolen sur le Lysefjord, ou bien encore l’incontournable Kjeragbolten, ce rocher en équilibre à près de mille mètres d'altitude entre deux falaises. Vous voyez où je veux en venir ? Si vous ne vous en étiez pas encore rendus compte, le nouvel album des Américains de DREAM THEATER intitulé sobrement "A View From The Top Of The World" arbore donc ce fameux rocher norvégien (comment ils ont pompé les salauds !) et constitue l’attraction principale du nouvel artwork (avec la grosse paire de godillots bien évidemment !). Une pochette potentiellement discutable mais qui se situe parfaitement dans la tradition du groupe. À noter que dans le livret et dans le digibook, de belles illustrations du même genre ornementent le tout, là encore bien dans la tradition de DREAM THEATER.

Je m’excuse un tant soit peu pour ces petits paragraphes tant géographiques que touristiques, cela fait plus agence de voyages que sites de chroniques Metal, mais il me fallait a minima un élément pour introduire ce nouveau disque des maîtres du Metal Progressif. Et cet élément c’est donc cette pochette pour le moins norvégienne. Quant au disque, il est rempli ras-la-gueule puisque l’album dure, tenez-vous bien, soixante-dix minutes avec seulement sept compositions au compteur dont celle de fin, éponyme, ("A View From The Top Of The World") mastodonte au passage, laquelle dépasse gentiment les vingt minutes. Vous l’aurez compris, la bande à Petrucci, une nouvelle fois, ne lésine pas sur le matériel, ne s'est mis d’ailleurs aucune limite, avec donc une poignée de titres allant de six à dix minutes (hors donc la composition de fin) et se paye donc cette fois le luxe de s’aventurer (rappelez-vous sur "Distance Over Time", DREAM THEATER avait choisi d’écrire des choses plus concises), de divaguer parfois (les claviers sautillants de Jordan Rudess sur "Sleeping Giant", ce n’est pas tout à fait le thème de la Panthère rose mais cela s’en rapproche non ?), et in fine de parfaire son Metal Progressif, assez complexe et de haut niveau, en toute sérénité et en gardant malgré tout une certaine homogénéité et une indubitable solidité dans les compositions.

Car s’il y a bien quelques qualificatifs qui me viennent à l’esprit pour décrire ce nouvel album ça serait sans doute ceux-là : homogénéité, cohérence et solidité. Ce disque en effet, est d’une assez grande cohérence, il faut bien le reconnaître, et moins « m’as-tu vu » que ses prédécesseurs. Il ne possède pas de titres monstrueux à proprement dit, ceux-là même qui sortent bien souvent du lot. Mais oui vous savez, ce genre de titre qui vous fait hérisser les poils sur les bras, je pense par exemple à "The Glass Prison" présent sur "Six Degrees Of Inner Turbulence", à "Bridges In The Sky" et à "Breaking All Illusions" sur "A Dramatic Turn Of Events", ou plus récemment encore à "Pale Blue Dot" sur "Distance Over Time". Non, rien de ce type-là sur ce nouvel effort studio, difficile d’ailleurs de sortir ici un titre plus qu’un autre (bon il y a bien le titre de fin quand même, mais qui marque plus par sa durée que par son contenu où il ne se passe pas énormément de moments forts on va dire mais ça passe crème malgré tout - on y reviendra -) tant l’ensemble parait justement homogène.

Chaque composition est pour ainsi dire, consistante, particulièrement bien ficelée et possède le juste nécessaire, le contenu suffisant en tout cas en matière de technicité, de mélodicité aussi (écoutez donc "Transcending Time", titre le plus court de l’album, le plus léger aussi à l’instar d’un "Spirit Of Radio" de RUSH, presque joyeux pour le coup et qui rappellera un tant soit peu l’époque de "Images And Words" avec quelques belles notes de piano, Petrucci y délivre aussi quelques soli particulièrement époustouflants), velléité (comment de pas citer l’entrée fracassante de "Awaken The Master" avec de gros riffs complexes et rugueux, pièce de dix minutes, plutôt lancinante, avec beaucoup de relief, particulièrement progressive dans l’esprit avec des sonorités qui sortent de l'ordinaire au niveau des claviers, alternant aussi bien passages éthérés et passages quelque peu frénétiques), et de complexité, sans que cela nous laisse pourtant sur le bord du chemin. Non, DREAM THEATER réussit tout simplement l’exploit justement, d’intégrer ici et là, et ce pour chacune des compositions, ce petit truc en plus, ces quelques passages parfois ingénieux, suffisamment intéressants en tout cas, voire même carrément excitants pour maintenir et capter l’attention de l’auditeur. Ce disque est par conséquent loin d’être ennuyeux. Quelques exemples.

On a déjà "The Alien" qui démarre en trombe avec des riffs bouillonnants et plein de groove, accompagné d’un Mike Mangini survolté et laissant parler la foudre, avant que le titre ne retombe dans des structures bien évidemment plus progressives et plus douces avec des mélodies à pleurer dont Petrucci a le secret, alors que le chant de James Labrie dégouline d’effets. "The Alien" est un titre plutôt dense et consistant, virulent par endroits, à tiroirs pour ainsi dire et qui du long de ses presque dix minutes alterne les grooves puissants et complexes, soli ahurissants de Petrucci, qui déroule sans coup férir avec la dextérité qu’on lui connaît, passages aérés, épurés avec quelques interventions non moins créatives de Mike Mangini et de Jordan Rudess qui pour le coup varie agréablement le propos. Du très bon !

Comme d’ailleurs aussi ce "Sleeping Giant", qui dépasse les dix minutes et multiplie lui aussi les thèmes. C’est très riche et assez varié. Le titre possède en introduction quelques notes de claviers qui affichent la couleur et donneront non seulement au morceau du relief mais également une tessiture un peu intrigante et quelque peu sombre. À côté de ça, là aussi on a droit à quelques chœurs pour le moins séduisants et accrocheurs, des riffs rugueux bien sympathiques, des enchaînements relativement complexes mais un peu rébarbatifs au final (pour le coup c’est un tantinet démonstratif), des rythmiques syncopées et des plus dynamiques, et un Jordan Rudess s’en donnant réellement à cœur joie, se la jouant ici parfois façon Jon Lord en faisant sortir de son clavier des sons Hammond. On n’oubliera pas non plus ce refrain très mélodieux et une nouvelle fois bien dans la tradition du groupe. Titre relativement cohérent et très fluide au final.

Il y a également et donc la pièce maîtresse du disque, ce mastodonte de fin et ces quelques vingt minutes épiques où il ne se passe au final pas grand-chose. Attention, je n’ai pas dit que cette longue composition était sans intérêt non plus, et fortement ennuyeuse non plus. Encore une fois l’ensemble est des plus cohérents, mais j’avoue avoir attendu davantage de surprises sur ce morceau, davantage de fulgurances, espérant que le titre décolle littéralement… en vain. Il y demeure néanmoins quelques très bons passages comme cette longue introduction dantesque, grandiloquente, classieuse même, faisant la part belle à la batterie de Mike Mangini, qui semble taper de plus en plus fort au fur et à mesure que l’intro avance (effet garanti !), comme cette ligne de basse également des plus jouissives et bien mise en avant aux alentours des cinq minutes, et ces quelques riffs ici ou là qui font leur effet et notamment dans la première partie du morceau. Une seconde partie qui se veut plus douce, plus gnian-gnian avec son piano, son violon et la voix presque toute en émotion de James Labrie. Je vous épargne les soli tout aussi langoureux de John Petrucci avant qu’une troisième partie (déjà quatorze minutes passées !) ne vienne relancer la composition un peu plus violemment et ne nous sorte de notre torpeur avec un duo Petrucci/Rudess qui va partir dans une série de soli durant presque trois minutes avant que James Labrie ne reprenne le micro. Je dirais que le mastodonte de fin a mieux démarré qu’il ne finit.

Enfin, et pour ne rien oublier on citera les morceaux suivants que sont "Answering The Call" et "The Invisible Monster", un peu trop familiers à mon goût et qui n’apportent que peu d’eau au moulin. On a l’impression que DREAM THEATER a déjà proposé ce type de compositions des dizaines de fois. Alors oui, "Answering The Call" n’est certainement pas le morceau le plus créatif de l’album, loin de là, et est pour ainsi dire des plus classiques avec un refrain qui a ce je ne sais quoi de déjà entendu. Il possède pourtant quelques riffs très sympathiques, des soli là aussi toujours aussi impeccables de l’ami Petrucci qui parvient presque à lui seul, à maintenir la dynamique du morceau. On soulignera aussi des variations judicieuses et particulièrement bien trouvées dans la tonalité des guitares. Quant à "Invisible Monster", c’est une composition parlant des démons intérieurs et des phobies, très classique musicalement parlant elle aussi, avec une tonalité plus sombre et rappelant quelque peu le DREAM THEATER des premières années avec quelques gimmicks époque "Images And Words" (tonalité de la guitare de Petrucci, effets à la batterie...) lesquels permettent mine de rien de garder la chanson stimulante. Pas extraordinaire c’est clair, mais là encore ça reste très agréable.

De ce fait, "A View From The Top Of The World" reste un album de bonne facture, avec il est vrai quelques facilités (les deux titres que je viens tout juste de citer et "Transcending Time"), mais aussi quelques passages un peu créatifs et aventureux (la paire Petrucci/Rudess aura su garder un peu de ressources créatives après l’enregistrement du "Liquid Tension Experiment 3") avec notamment des titres tels que "Sleeping Giant", "The Alien" ou encore le mastodonte de fin même si, une des deux dernières parties méritait franchement mieux. Un disque comme je le disais au début, plutôt solide, assez varié mine de rien, avec son lot de très bons moments, relativement homogène, et doté une nouvelle fois d’une production tip top (produit par John Petrucci lui-même et dans le studio officiel du groupe ! Mixage par Andy Sneap) mettant bien en valeur l’ensemble des instruments mais en particulier la basse de John Myung et surtout la batterie de Mike Mangini, que j’ai trouvé assez présent et efficace sur ce disque.

Note : 3,5/5 que j’arrondis généreusement à un 4/5 parce que globalement cet album est quand même bien bonnard, et ça reste mine de rien du haut niveau.

PS : à noter au final que Jordan Rudess est un peu plus intéressant sur ce disque (beaucoup moins chiant) avec pas mal de variations pour le coup et quelques sonorités nouvelles.

Morceaux préférés : "The Alien", "Sleeping Giant", la première partie de "A View From The Top Of The World", "Awaken The Master".

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   FREDOUILLE

 
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- James Labrie (chant)
- John Petrucci (guitare)
- Jordan Rudess (claviers)
- John Myung (basse)
- Mike Mangini (batterie)


1. The Alien
2. Answering The Call
3. Invisible Monster
4. Sleeping Giant
5. Transcending Time
6. Awaken The Master
7. A View From The Top Of The World



             



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