Ce douzième album studio de WIZARD n’a rien de foncièrement différent de ses prédécesseurs. Avec trente-deux années de carrière au cul, le groupe germanique en a vu d’autres et possède un savoir-faire qui lui permet de former, avec d’autres groupes tels que CUSTARD ou PARAGON, une deuxième division fort qualitative en matière de Heavy Metal teuton. "Metal In My Head" marque néanmoins les débuts du sein du groupe du nouveau guitariste Tommy Hartung, qui a rejoint la formation lors de phases de pré-production, et la concrétisation d’une amitié de longue date avec le producteur Martin Buchwalter (TANKARD, DESTRUCTION), qui offre ici au groupe un son épais et puissant.

Mais la différence est que, en ces temps de disette artistique, WIZARD nous fait du bien. Plus qu’on ne pouvait l’espérer. Entendons-nous bien, par disette, nous ne parlons pas ici de la pauvreté de création mais bien de l’absence de représentation en public, qui est tout de même une composante importante de la carrière des artistes, particulièrement dans les musiques Rock, Hard Rock et Heavy Metal qui font de la célébration en live de la musique et de l’attitude un accomplissement et une raison d’être. Ce nouvel album de WIZARD se fait donc un simulateur de concert, certainement ce qu’il y a de mieux pour s’user les cervicales en cette période misérable.

Les paroles ne vont pas chercher très loin, le groupe restant fidèle à sa veine MANOWARienne, après avoir exploré des thématiques un peu plus audacieuses, notamment sur l’album "Trail Of Death". Ici, le terme "Metal" est utilisé un mot sur deux, mais sa mise en scène nous fait saliver. Ça sent les dessous de bras, l’arrière-salle de club et la bière tiède, mais bordel que ces conditions nous manquent ! "Nous sommes sur la route pour célébrer la vie / Les valises sont faites / Et nous sommes prêts pour la nuit prochaine / De quelques heures nous serons là / Ce feu intérieur / Ce feu intérieur / Nous consume" ("Metal Feast").

Évidemment, tout cela est stupide et bas du front, mais est également assumé. Qui pourrait, le plus sérieusement du monde, déclamer "Avec fierté je porte mes t-shirts Metal / et je secoue ma tête en rythme jusqu’à en avoir mal" ("Metal In My Head"). Tout y est, l’exaltation de l’amitié, la solidarité face à l’ennemi, les false, les bien-pensants, les parents (appelez l’ennemi comme vous le souhaitez), et alors que ce genre de gaminerie se révèle parfois agaçante, nous laissant espérer que le Metal grandisse un peu, on s’en repaît ici avec délectation et gourmandise. Encore, encore ! "Les imposteurs et les menteurs ne nous ont jamais vaincu / Notre destinée est aiguisée comme l’acier / Les critiques pondues par des gros tas, on s’en fiche / Nous restons forts" ("30 Years Of Metal").

Les digressions littéraires suffisent. Car si le ridicule ne tue pas, il est bon tout de même de prendre ses distances avec les textes pour apprécier l’album aussi, et surtout, par sa musique. Étonnamment, et comme PARAGON sur ses albums récents, WIZARD bastonne sec et fort sur ce "Metal In My Head" qui se fait à la fois intense et varié, évoquant un HELLOWEEN... d'il y a trente ans ? Quelques speederies bien senties se voient portées par des refrains qui envoient dans les cordes quelques grands noms du genre, ACCEPT en tête. "I Bring Light Into The Dark" en guise d’entrée, mais aussi et surtout "Victory" en plat de résistance témoignent de l’intransigeance d’un groupe qui ne sacrifie pas la nécessaire qualité des mélodies proposées au profit d’un tempo enlevé.

L’apologie d’un hédonisme métallique se retrouve également dans l’immédiateté des morceaux proposés, puisqu’une seule écoute suffit à les mémoriser, résultante de trois décennies d’une carrière peut-être peu inventive, mais toujours menée avec le souci de proposer des albums réussis. Même la ballade "Whirlewolf", dédiée à un ami disparu, combat le kitsch de son refrain et de son dernier couplet parlé par une certaine subtilité dans les arrangements et surtout par un refrain qui, rappelant les grandes heures de MANOWAR, contribue à renforcer la qualité globale de ce douzième album.

C’est tombé sur "Metal In My Head", mais c’est surtout le hasard qui fait que, le l’âme en peine de ne pouvoir vivre en concert sa passion du Hard / Heavy, les compositions virevoltantes et les textes débiles de WIZARD résonnent particulièrement dans nos petits cœurs de metalleux. Ceci dit, l’album prévaut également, et plus objectivement, grâce à une bonne poignée de morceaux qui, portant haut l’étendard du Heavy à la teutonne, sont parmi les plus percutantes proposées par la formation trentenaire. Un album bon à s’en froisser les cervicales.

3,5/5.