En 1987, MEAT LOAF aura sorti son premier album dix ans plus tôt. Un gros carton en Angleterre, qui aura été le pays à lui faire le meilleur accueil. En une décennie, il se sera passé des choses, à commencer par une brouille avec Jim Steinman après "Dead Ringer" qui fera qu’aucun album ne connaîtra la popularité ni la qualité du premier effort de notre Pain de Viande. Mais il se peut que Marvin Lee Aday se soit souvenu que la Grande Bretagne a cru en lui au moment de publier son premier album live en allant l’enregistrer au Wembley Arena (à ne pas confondre avec le stade de Wembley, théâtre du Live Aid en 1985 et d’une prestation devenue culte de QUEEN l’année suivante - et accessoirement de quelques grosses compétitions sportives).

Sur scène, MEAT LOAF évolue dans une formation plus ramassée qu’en studio, ce qui paraît assez évident vue la logistique développée pour produire les albums en termes de musiciens et de choristes. Cela reste conséquent mais c’est plus facile à gérer. Et surtout cela permet à l’ensemble de sonner de façon très dynamique, ce qui forcément montre un visage de MEAT LOAF plutôt séduisant par rapport aux derniers efforts studio qui traînaient un peu la patte, surtout "Blind Before I Stop". D’ailleurs les titres de cet album prennent une autre dimension.

"Rock’N’Roll Mercenaries" a ainsi un rendu plus Heavy, qui permet au morceau de briller. Les chœurs sont toujours bien en place – une constante que l’on retrouvera sur tout l’enregistrement – et Meat Loaf donne tout ce qu’il peut. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il assure très bien, en véritable frontman. Il est juste dommage qu’il n’échange pas plus avec le public, qu’il ne partage rien, qu’il se contente de faire le show de façon très, trop pro peut-être. Ici, pas de place à l’improvisation, il faut balancer la sauce et c’est justement ce qui est fait.

Le groupe derrière lui balance la sauce, les grosses orchestrations en moins. Le regretté Bob Kulick balance des soli solides, qui font mouche à chaque fois et c’est un véritable show de Hard Rock que délivre MEAT LOAF. Un peu pompeux, certes, plein de chœurs kitsch et de duels entre Marvin Lee Aday et les sœurs Goff. C’est l’image d’une époque un peu désuète qui nous est livrée là, cela a son charme et cela fonctionne tout de même relativement bien.

La tension monte de quelques crans sur certains titres qui n’ont plus grand-chose à prouver pourtant, comme cette triplette "Paradise By The Dashboard Light"/"Two Out Of Three Ain’t Bad"/"Bat Out Of Hell" qui ne fait pas dans la dentelle. Ça fonctionne toujours bien, ces classiques indéboulonnables qui passent plutôt bien l’épreuve de la scène. En même temps, c’est quelque chose d’attendu, on n’imagine pas la formation se vautrer dessus et si tout l’aspect comédie musicale s’étiole quelque peu du fait du manque d’orchestrations et du côté plus lisse conféré par le studio.

Cependant, il est également un peu difficile de rentrer pleinement dans le show. C’est le genre d’album live qui se vit mieux en vidéo, qui a besoin de l’image pour être plus expressif. Parce que là, on nous balance des morceaux qui développent souvent une histoire, qui donnent lieu à un jeu de scène que nous n’avons pas du coup. On entend le public répondre de façon très positive, mais il manque un truc et on peine un peu à bien réaliser toute l’étendue du spectacle. Et ça devient frustrant, voire agaçant quand on a envie de plus, quand on a envie de savoir comment est interprété "Paradise By The Dashboard Light", par exemple, vu la teneur du titre. Bref, dans cette version disque, ce Live est malheureusement incomplet.

Les prises ont été faites sur deux jours, début mars 1987. Ce n’est donc pas un rendu d’une date unique, mais la compilation de deux journées, les meilleures prises étant retenues et assemblées pour former un tout. Après, le souci c’est que ça ne respire pas beaucoup, c’est très condensé, peut-être un peu trop, même si cela a le mérite d’alléger la durée. Et terminer par un medley de standards du Rock’N’Roll ("Johnny B Goode" – d’ailleurs mal orthographié sur la pochette – ainsi que "Jailhouse Rock", "Blue Suede Shoes" et le "Slow Down" du moins connu Larry WILLIAMS), c’est sympa, mais ça laisse une impression d’inachevé. Qu’il manque un petit truc. Genre un "Peel Out", un "More Than You Deserve" ou encore un "Dead Ringer For Love".

Globalement ça reste agréable à écouter et les points faibles retenus, c’est surtout parce que je chipote et que j’aime bien chipoter. Si vous ne connaissez pas l’œuvre de MEAT LOAF passé les grands tubes, vous pouvez très bien vous laisser séduire par cet album live qui fait un petit résumé – discutable – de la première partie de la carrière de l’artiste. Les fans, eux, se le procureront de toute façon et prendront beaucoup de plaisir à redécouvrir certains titres dans des versions souvent plus directes et Hard que sur les opus desquels ils sont tirés. Après, chacun se fera son opinion. Pour ma part, c’est un bon petit disque, mais qui me semble malheureusement bien incomplet, ne serait-ce qu’un DVD bonus qui permette de se faire une vraie idée de ce qui se passe sur scène.