Dix ans après la sortie de "Bat Out Of Hell" et des dizaines de millions d’albums vendus (surtout du chef d’oeuvre de 1977, les ventes des albums suivants ayant marqué le pas), le premier Live officiel de MEAT LOAF voit le jour. Si on est familier avec l’univers du Pain de Viande, on sait qu’il faut s’attendre à du kitsch, et on est servi ici, notamment avec ces chœurs qui donnent un charme suranné à l’ensemble. Et bien sûr, quand on regarde des concerts de cette tournée, on ne peut que sourire au vu des accoutrements et des coupes de cheveux d’un autre temps. Une tournée très importante pour le chanteur, qui a connu de gros problèmes d’argent au cours des années 1980 et qui joue de nouveau dans des salles importantes à la fin de cette décennie. Une tournée couronnée de succès, qui amènera Jim Steinman à collaborer de nouveau avec l’artiste.
Ce qui frappe d’entrée de jeu, c’est le rendu très Hard Rock de ce Live, qui délaisse le côté très boursouflé de la musique de MEAT LOAF. Les gros riffs de "Blind Before I Stop" le montrent bien : ce titre qui, en studio, voyait son aspect Heavy noyé sous des synthétiseurs et l’écho de la batterie montre tout son potentiel ici. Même chose pour "Rock’N’Roll Mercenaries", chanté en duo avec le guitariste de tournée. "Midnight At The Lost And Found" est très musclée également et se montre plus intéressante en concert.
Vu le succès astronomique de "Bat Out Of Hell", il est impossible pour MEAT LOAF de faire l’impasse sur cet album culte. L’interprétation de "You Took The Words Right Out Of My Mouth" est superbe : la version studio est largement épurée, et les chœurs discrets donnent beaucoup de charme à ce titre. Les interprétations de "Paradise By The Dashboard Light" et de la chanson-titre sont très énergiques, comme on pouvait s’y attendre. Si je devais garder un titre extrait de cet album, ce serait "Two Out Of Three Ain’t Bad" : le chanteur y est tout en sensibilité, et cette version Live est allongée de plusieurs minutes, permettant à Bob Kulick de s’illustrer.
Le gros écueil de ce Live, qui l’empêche d’accéder à une quatrième étoile, c’est sa setlist : elle fait totalement l’impasse sur le très bon "Dead Ringer", qui est un des trois meilleurs albums de MEAT LOAF avec les deux premiers "Bat Out Of Hell". Un choix assez incompréhensible : la présence de "Peel Out", de "I’m Gonna Love Her For Both Of Us", de "More Than You Deserve" ou encore de "Dead Ringer For Love" aurait tellement tiré ce Live vers le haut... On peut aussi lui reprocher sa durée (1h10 au compteur) et l’absence de version vidéo, ce qui est très important pour MEAT LOAF dont les shows ne cesseront de gagner en théâtralité avec l’arrivée de Patti Russo. Un bon Live tout de même, même s’il y en a de meilleurs de l’artiste (je pense notamment au "History Live" de 1994).
