Mark Lanegan est un homme occupé. Mais maintenant que SCREAMING TREES est mort et plus ou moins enterré, l’homme à la voix de baryton peut maintenant se consacrer à son projet solo. "Scraps At Midnight" sort dans les bacs quatre ans après son second album. Les écarts entre ses projets solos sont grands, mais cette fois ce n’est pas dû aux nombreux problèmes d’alcool et de drogues ni à la dépression. La raison est plutôt technique : il est question des abondantes tournées et des nombreux projets du monsieur retardant l’avancement des compositions.

Toujours est-il que ce troisième essai met un terme à un cycle musical bien particulier dans la vie discographique de Mark. En effet, "Scraps At Midnight" est le dernier album à être autant inspiré par le "Blues" semi-acoustique. Avec ce troisième essai, Lanegan conclut donc l’odyssée qu’il avait débutée il y a huit ans. Si "The Winding Sheet" annonçait un nouveau style bien particulier et novateur, "Whisky For The Holy Ghost" était plus expérimental, un peu plus difficile dans son approche. Ce troisième album est quant à lui (et de loin) le plus cohérent du trio, les titres étant pratiquement pareils en longueur (sauf la toute dernière), mais aussi au niveau de la présence des différents instruments : la guitare acoustique y tient évidemment la plus grande place, devant tout le reste. Le disque est épuré d’orchestrations, la voix de Lanegan étant amplement suffisante pour nous remplir les oreilles avec son timbre unique mêlant à la fois mélancolie, nostalgie et tristesse.

"Scraps At Midnight" est également un peu moins dépressif que la précédente galette, le thème de l’amour étant présent par l’entremise de l’excellent "Stay" et du touchant "Bell Black Ocean". Un mot également sur "Last One In The World" composé pour celui qu’il considère comme son frère jumeau, Layne Staley. Un grand moment musical, surtout lorsqu’on connaît la fin tragique du chanteur d’ALICE IN CHAINS. "Because Of This", long de huit minutes, est peut-être le seul bémol : beaucoup trop long, on se perd à travers des temps morts, des moments d’arrêt… Un peu trop bancals. Je comprends ce que Lanegan a tenté de faire, malheureusement le morceau ne me touche pas particulièrement.

La fin d’une époque, voici ce qu’est "Scraps At Midnight". Après trois albums de "Blues Grungy" semi-acoustique, Mark Lanegan se tournera vers un disque de reprises avant d’aller vers d’autres cieux. Il conclut de bien belle façon sa trilogie avec son album le plus cohérent, du grand art.

Morceau préféré : "Stay".