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KATAKLYSM - Epic (the Poetry Of War) (2001)
Par SIRFRANGILL le 19 Mai 2019          Consultée 2239 fois

Un an, c'est ce qu'il aura fallu à Caius Iulius Caesar, après son retour en Italie, pour se faire nommer consul de la ville. Ça a été aussi le délai nécessaire à KATAKLYSM pour sortir le successeur de "The Prophecy", signe de la volonté des Québécois de confirmer leur retour amorcé sur ce dernier, après la chute de 98. 498 jours, ça peut parfois être long, mais certainement pas quand il s'agit de la période séparant l'arrivée dans les bacs de deux albums d'un même groupe. Pourtant, il n'aura pas fallu plus de temps à la formation en formation depuis le départ de Sylvain Houde pour terminer sa mue et se montrer enfin telle qu'elle sera pour le restant de sa carrière.

C'en est en effet terminé des violons, morceaux longs ne portant qu'une ligne de texte et autres incongruités, KATAKLYSM va désormais à l'essentiel. Comment aurait-il pu en être autrement après un laps de temps aussi court ? Ainsi nous est proposé ce qui est alors l'album le plus homogène de la encore courte mais déjà prolifique histoire du combo. Chaque morceau est peu ou prou maçonné des mêmes briques : des riffs Death Mélo, des breaks lourds est groovy et beaucoup plus de blasts traditionnels que de gravity. C'est donc bien la mélodie qui impose son règne ici, davantage encore que sur l'album précédant, les éléments purement Death sont pour ainsi dire éjectés dans un souci, semble-t-il, de maximiser l'accroche. "Il Diavolo In Me", suite à une très brève intro samplée, se révèle immédiatement plus légère que les pièces qui d'ordinaire ouvrent le bal sans cependant sacrifier le dynamisme qui a toujours caractérisé nos Québécois préférés. Le tube de l'album, "Manipulators Of Souls", parvient à ses fins non seulement grâce à son refrain accrocheur scandé dès les premières secondes mais aussi par son caractère purement Death Mélodique qui a certainement pu parler à l'époque à un public bien différent (et plus large) que celui qui avait acclamé le combo dans les années nonante. Rien d'étonnant que de voir encore régulièrement ce titre être performé sur scène.

Aux côtés de ces mélodies majoritaires, Dagenais n'a point omis de placer quelques lourdeurs bienvenues décuplant de manière exponentielle l'efficacité de l’œuvre. "Damnation Is Here", "Era Of The Mercyless" et surtout "Shivers Of A New World" sont les titres les plus représentatifs de cet aspect de "Epic". Ils n'empêcheront cependant le constat suivant : ces breaks typés "Groove-Hardcore" sont ici en réelle régression, ce qui n'a sûrement pas été pour déplaire à une frange importante des fans, elle qui avait délaissé la formation pour sa brusque moshpitisation de 98.

À défaut de présenter des influences nouvelles, KATAKLYSM semble avoir trouvé le dosage entre ses différentes facettes, qui sera à peu de choses près constant pour le reste de sa carrière (même si "Epic" se révèle particulièrement mélodique, même au regard de ses productions sœurs). Le progrès est cependant trouvable, et ce dès le premier regard à la pochette flanquée de statues et bas reliefs romains. Iacono semble en effet s'être décidé à aborder la glorieuse histoire de sa contrée d'origine qui l'a toujours passionné (en témoigne son tatouage d'aigle impérial surmontant la devise INVICTUS). La cover reste cependant quelque peu trompeuse car "Epic" n'est pas à proprement parler un album-concept, seul "Era Of The Mercyless" et "As The Glorious Weep" sont dédiées au passé antique de la ville éternelle (malgré le titre en italien choisi pour le titre d'ouverture au cours duquel Maurizio se fend de deux vers dans la langue transalpine). On pourrait reprocher l'aspect un peu péplumesque de paroles assez approximatives (présentant César comme un empereur romain) mais il est certain qu'un album, tout comme un film, n'a pas forcément pour but de retranscrire fidèlement un événement qui de toute façon nous échappe au moins en partie. Si la thématique ici abordée n'aura que peu de postérité sur les enregistrements suivants, il annonce le side-project des Québécois qui ne verra le jour que huit ans plus tard, formation qui pourrait être taxée de « Ben-Hur Metal » : EX DEO, qui saura se distinguer du cataclysme par un Death plus mélodique encore, aux accents symphoniques et épiques.

On remarquera que cette envie de conter des épopées romaines et accompagnée d'une volonté de les enrober dans une musique plus évocatrice et narrative, ce qui explique certainement la mélodification de leur art mais aussi le choix judicieux du titre, cet album se montre en effet plus épique que ses deux prédécesseurs. "As The Glorious Weep" en est la preuve avec son refrain particulièrement prenant, mais aussi "When Time Stand Still" avec son intro simple mais conquérante et "What We Endure" au break proche de ce que AMON AMARTH produisait à la même époque, sans oublier la complainte athée "Wounds". S'adaptant à ce tournant plus solennel, Iacono fait ici à nouveau plus usage de son chant aigu, que certains pourraient toujours qualifier de bancal (écoutez la prononciation du vers "In the name of the Father" sur "Wounds").

Aujourd'hui, difficile de ne pas voir en "Epic" l'aboutissement de dix ans d'existence (résumés par ailleurs par les paroles de "What We Endure" évoquant explicitement les différentes périodes traversées par le groupe, les titres des albums sortis jusque là et remerciant les fans étant restés fidèles à leur Northern Hyperblast), marquant le véritable coup d'envoi de la seconde partie de carrière dévastatrice de KATAKLYSM, au cours de laquelle les légions canadiennes remporteront maint succès écrasants non sans y laisser quelques pertes, mais qui peut prétendre à la victoire sans dommage ?

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   SIRFRANGILL

 
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- Maurizio Iacono (vocaux)
- Jean-françois Dagenais (guitare)
- Stéphane Barbe (basse)
- Max Duhamel (batterie)


1. Il Diavolo In Me
2. Damnation Is Here
3. Era Of The Mercyless, Roma: Part I
4. As The Glorious Weep, Roma: Part Ii
5. Shivers Of A New World
6. Manipulator Of Souls
7. Wounds
8. What We Endure
9. When Time Stand Still



             



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