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KATAKLYSM - Sorcery (1995)
Par SIRFRANGILL le 13 Février 2019          Consultée 1833 fois

KATAKLYSM est unique. Bien que la formation n'aie jamais vraiment fait partie de ce qu'on pourrait appeler la première division du Death, il est indéniable qu'elle a su, au cours de sa prolifique carrière, proposer un travail de qualité qui, dans une certaine mesure, a su se distancer de certains critères habituellement attribués au Death Metal. En effet,en particulier à partir de "Serenity In Fire" (2004), les Québécois n'ont pas hésité à largement diluer leur mixture, introduisant du Mélodeath à la suédoise (non sans s'approcher de temps à autre d'AMON AMARTH ou d'HYPOCRISY) et du Groove Metal (voire même du Metal Hardcore) puisé chez le voisin américain. Les années 2000 ont ainsi vu le combo canadien enchaîner les petites perles, leçons d'efficacité issues de l'alchimie entre ces trois genres, emmenées par le riffing simple et singulier de Jean-François Dagenais et le charisme de Maurizio Iacono.

La décennie qui avait précédé n'avait cependant pas connu le KATAKLYSM qui est le nôtre aujourd'hui. Alors que le Death Metal avançait peu à peu vers son déclin, le groupe qui nous intéresse ici offrait une musique beaucoup plus en adéquation avec son patronyme sans pour autant partager le territoire de chasse du super-prédateur SUFFOCATION. Il suffit de poser son regard sur l'étrange pochette colorée (oeuvre de Sylvain Bellemare, ayant notamment travaillé sur les covers de "Thy Mighty Contract" de ROTTING CHRIST et de "Tales From The Thousand Lakes" d'AMORPHIS) dépeignant des contrées imaginaires désolées mais baignées de magie, pour se convaincre que nous n'avons pas là affaire à une offrande typée. Le dessin n'est cependant pas dénué d'une certaine forme de kitsch, par son aspect presque cartoon et le choix discutable de la police d'écriture utilisée pour le titre, qui aurait tout aussi bien pu figurer sur le logo d'une marque de confiture. L'envie de rire que l'on pourrait ressentir alors est cependant balayée dès les premières secondes d'écoutes. Après quelques bruissements de guitare préliminaires, nous sommes accueillis par un tonitruant « THE TIME HAS COME! » entonné par Houde, introduisant un passage contenant en lui tout ce qui fait de cet album une oeuvre originale. Ce sont tout d'abord les vocaux qui interpellent tant ils ont tendance à s'éloigner de tout ce qu'on connaît en matière de growl, pas tant par leur tessiture que par leur aspect rythmique. Sylvain Houde semble parfois ne pas se préoccuper de la justesse du placement de ses vocalises ce qui donne à certains passages un côté assez anarchique voir hystérique, d'autant qu'il n'hésite pas à superposer ses voix et alterne régulièrement entre growl en cris aigus (ce qu'il ne faisait pas en 1993 sur l'EP "The Mystical Gate Of Reincarnation" où il se contentait d'aboyer ses lignes). S'il ne semble pas maîtriser totalement son chant, le gaillard compense donc en surprenant l'auditeur, en particulier lorsqu'il pousse dans ses retranchements ses ultra-gutturaux qui finissent par ressembler aux coassements que poussera Joe Wolfe dans son projet HEINOUS KILLINGS.

L'autre homme se distinguant par l'utilisation particulière de son instrument est Max Duhamel qui pour la première fois ici fait démonstration de sa botte secrète, celle qui sera à l'origine de la dénomination particulière que KATAKLYSM donnera à son style (le « northern hyperblast ») : la double-croche sur caisse claire accompagné de la grosse caisse marquant le temps, il s'agit donc d'une sorte de gravity blast (technique en aucun cas courante alors) mais allégé au niveau des basses, destiné à créer le chaos plus qu'à marquer le rythme, donnant un aspect grindeux aux passages les plus effrénés. À noter que cette technique particulière à tendance à remplacer le blast traditionnel dans le jeu de Duhamel, qui fait donc peu usage de ce dernier. Mais le maître de cérémonie reste avant tout Jean-François Dagenais, de tout temps principal compositeur du groupe. Ici, le six-cordiste se montre assez versatile (davantage que sur le premier EP ou il donnait dans de
la double-croche plus classique à la IMMOLATION) et va régulièrement piocher dans un registre plus aigu (il est alors accordé en ré standard, conformément à la norme floridienne) donnant ainsi à l’œuvre une coloration épique, séant parfaitement aux volontés narratives de celle-ci. Car oui, nous avons bien là affaire à un concept-album (comme le confirment les titres à rallonge des morceaux, presque systématiquement précisés par une parenthèse indiquant dans quel segment de l'histoire nous nous trouvons). Si j'ai bien du mal à comprendre ce qu'on essaie de me raconter, il semblerait que le groupe tente de broder un récit suivi d'album en album, presque à la manière d'Émile Zola, ce qui témoigne d'une ambition extra-musicale peu commune dans le milieu.

Le talent de Dagenais réside dans le fait de proposer un riffing somme toute assez classique mais réussissant néanmoins à se distancer suffisamment de ses influences pour quelles ne soient pas reconnaissables dans la musique de KATAKLYSM (en dehors peut-être de DEATH qui transpire légèrement de certaines parties). Toujours dans cette volonté narrative, nous sont présentés des morceaux assez longs (de cinq à six minutes pour la plupart) où les changements de rythmes sont constants. Les mélodies s'y mêlent (sur les intros de "Whirlwind Of Withered Blossoms" et de "Garden Of Dreams" notamment) à une volonté déjà certaine de groover (on notera les différents ralentissements écumant l'album, en particulier le final de "Sorcery", véritable mosh-part hyper efficace tombant presque comme un cheveu dans la soupe après ces torrents de notes solennelles). Maurizio Iacono, qui alors ne nous gratifie pas encore de ses vocalises (bien qu'étant crédité aux « backing vocals » que je recherche encore activement sur ce skeud), sait se faire remarquer comme peu de bassistes dans le monde du Death. Son instrument est constamment audible et a même droit à deux solos sur "Feeling The Neverworld" et "World Of Treason", et a systématiquement l'honneur d'annoncer les ralentissements de fin de morceau.

Indéniablement, cet album n'a rien d'un coup d'essai, il sait imposer sa personnalité et se montrer rafraîchissant par ses ambiances fantastiques particulières. Son plaisir d'écoute ne saurait être altéré par sa production vieillotte et son homogénéité absolue obligeant l'auditeur à se faire l'album d'un coup en l’absence de morceaux se démarquant. Ce qui n'enlève rien au potentiel affiché, en particulier sur l'instrumental final "World Of Treason" avec son intro de basse me faisant penser à l'ouverture de "Lethe" de DARK TRANQUILLITY suivie de doux arpèges qui auraient très bien pu figurer sur une ballade de METALLICA. Il n'y aura pourtant que le successeur de "Sorcery" pour confirmer cette tendance au Death Épique qui se muera par après en son antithèse, un Death simple et groovy, une mutation que je ne peux critiquer car elle mènera KATAKLYSM sur les sommets qu'il n'aurait certainement jamais atteint si il avait conservé sa première recette destinée à l'underground.

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   SIRFRANGILL

 
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- Sylvain Houde (vocaux)
- Jean-françois Dagenais (guitare)
- Maurizio Iacono (basse)
- Max Duhamel (batterie)


1. Sorcery (kataklysm Part Ii)
2. Mould In A Breed (chapter I, Bestial Propagation)
3. Whirlwind Of Withered Blossoms (chapter Ii, Forgot
4. Feeling The Neverworld (chapter Iii, An Infinite T
5. Elder God
6. Garden Of Dreams (chapter I, Supernatural Appearan
7. Once... Upon Possession (chapter Ii, Legacy Of Bot
8. Dead Zygote (chapter Iii, Dethroned Son)
9. World Of Treason (instrumental Vibrations)



             



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