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KATAKLYSM - Victims Of This Fallen World (1998)
Par SIRFRANGILL le 25 Mars 2019          Consultée 1630 fois

N'ayant pas vécu l'époque, je ne puis décrire quel était l'état d'esprit des fans de KATAKLYSM, conquis par le son épique et furieux des premiers essais, alors qu'ils étaient dans l'attente de ce "Victims Of This Fallen World". En effet, le vocaliste Sylvain Houde, sans doute le premier responsable du caractère unique de ce qui avait précédé, a quitté le navire et a été remplacé par Stéphane Barbe, jusque là tout à fait inconnu et recruté non pas pour sa voix mais pour ses qualités de bassiste, car c'est en réalité Maurizio Iacono, anciennement quatre-cordiste dans la formation, qui se charge à présent des vocaux. Cette nouvelle aurait pu avoir quelque chose de rassurant pour les amateurs d'alors car ce dernier avait déjà fait usage de sa voix sur "Temple Of Knowledge", il y avait alors fort à parier que ses lignes se rapprocheraient de celles de son prédécesseur malgré leur côté très personnel. Sans compter le fait que Jean-François Dagenais soit toujours aux commandes de la création, pourquoi aurait-il jeté la recette qui avait fait le succès de son groupe ?

Il n'a certainement pas fallu beaucoup de temps aux acharnés les plus exclusifs du passé de KATAKLYSM pour déchanter : un simple coup d’œil à la pochette permet de comprendre ce qui distingue cet album de la période Houde. Terminé les visions majestueuses de temples oubliés et les incantations de prophète hissé sur une falaise au abords de terres désolées, place à la misère urbaine et aux difficultés pour les classes laborieuses de vivre une existence sereine et épanouie dans un monde où le pouvoir se concentre plus que jamais entre les mains de quelques groupes milliardaires. Plus de textes énigmatiques invoquant des patronymes oubliés depuis des millénaires, ils ont été remplacés par une critique de la société qui est toujours la nôtre aujourd'hui et qui nous contraint notre vie tout en amenant l'humanité dans une situation critique (c'est en tout cas ce que semble exprimer le titre de l'album). En l'espace de deux ans, le groupe a donc laissé de côté son imagerie fantastique abstraite pour virer dans l'exact opposé : nos problèmes actuels qui doivent être résolus et non contournés par le refuge dans un univers imaginaire.

Ces considérations, nouvelles pour la bande à Dagenais, ne sont pas sans évoquer ce qui constitue une des influences principales de ce disque, fort diffuse jusque là : le Hardcore. Si sa présence est manifeste au travers de la pochette et des titres ("As My World Burns", "Imminent Downfall", "Cage In" ou encore "Courage Through Hope" pour la critique sociopolitique et la résistance qui en découle et "Extreme To The Core" pour l’authenticité revendiquée), elle est plus que jamais palpable dans la musique. En effet, l'accent est placé désormais sur les mid-tempos groovy, ce qui peut déplaire à pas mal de fans de Death pur tout en appâtant l'auditeur en simple recherche d’efficacité. "As My World Burns" annonce la couleur dans ce sens en tant qu'opener avant d'être confirmé par le terrible riff d'ouverture de "Imminent Downfall" au palm mute puissant mais étranger au Death Metal, on se rapproche ici plus de la moshpart qu'autre chose, qui existait déjà sur les albums précédents mais qui se généralise désormais tout en bénéficiant d'une descente d'un ton et demi dans l'accordage, passant du ré au si standard.

Les Québécois n'intègrent pas pour autant la scène Hardcore avec cet album, ils n'oublient pas en effet d'alterner le riff et l'agression purement Death. "As My World Burns" est là encore l'exemple parfait puisque la séance d'headbang inaugurale est coupée brutalement par un trémolo tout à fait Death (on retrouve un séquence comparable sur "Feared Resistance" également). À noter le retour aux percussions de Max Duhamel et de son gravity blast qui, comme sur "Sorcery", ébranlent les morceaux par le chaos. L'introduction d'influences urbaines (confirmée ça et là par quelques accélérations Punk sur "Portraits Of Anger") ne nuit pas non plus à la mélodie toujours présente par instants, mais sans cette fois être chargée d'une valeur narrative. Il s'agit plutôt d'octroyer à l'auditeur des plans plus accrocheurs apportant ainsi un brin de variété dans cette œuvre très rythmique (les solos, en progression sur "Temple Of Knowledge" sont ici totalement absents). Parmi ces mains tendues aux plus résistants à la brutalité, depuis lors caractéristique de KATAKLYSM, on retiendra notamment le refrain de "Imminent Downfall".

Au delà du défouloir quasi constant, le groupe propose sur "Victims Of This Fallen World" son petit lot d'originalités qui ne manqueront pas de surprendre le fan plus récent comme elles ont certainement dérouté les aficionados d'alors. En premier lieu, on remarquera ce violon à la MY DYING BRIDE sur "I Remember" faisant de ce dernier un ovni dans la discographie du combo, aujourd'hui très loin de ce genre d'initiative (d'autant que les couplets du titre sont interprétés en murmures qui, ajoutés au sons de l'archet, donnent à ces derniers un aspect plus fragile). Dagenais s'octroie aussi quelques excentricités en matière de riff, sur "As My World Burns" dont l'un des breaks dissonants usant d'harmoniques pourra interpeller, mais surtout sur "Embracing Europa" qui, non content de se distinguer de ses congénères par ses textes plus science-fiction, propose des riffs moins évidents à base encore une fois d'harmoniques mais aussi d'accords plus complexes. Il est dommage cependant que ces expérimentations soit tentées avant tout en fin d'album, échouant ainsi à briser l'homogénéité de ce disque qui reste assez long pour ce qu'il a à proposer. Elles restent de toute façon très marginales, même "I Remember", sur son refrain, retombe dans le pilonnage bien gras.

Encore aujourd'hui, "Victims Of This Fallen World" est l'album le moins apprécié des adeptes de KATAKLYSM, quand il n'est tout simplement pas oublié. Le groupe lui même semble ne pas l'apprécier outre mesure, il est de loin le skeud le moins représenté en live de la formation, en dehors de la tournée 98-99, Setlist Fm n'a répertorié que deux représentions de "As My World Burns", la dernière datant de 2011. On pourra s'étonner du triste sort qui a été celui de cette œuvre qui malgré tout offre son lot de titres accrocheurs, en face A avant tout, et qui, finalement, est très proche de ce que les Canadiens proposeront dans le second chapitre de leur carrière. Il est en cela un album-charnière et voit Iacono proposer sa première performance vocale qui, bien qu'étant évidemment moins personnelle que celle de Houde, se fait apprécier. Déjà la conviction est au rendez-vous tout comme l'alternance entre voix grave et aiguë (qui pourra faire penser à l'organe de Glen Benton en plus naturel et moins maîtrisé, surtout dans les fréquences hautes, sans que cela ne pose problème). Si vous avez aimé le KATAKLYSM des années 2000, vous devriez être en mesure de trouver votre compte ici, même si aucun titre ne rivalise en qualité avec les tubes qui, plus tard, seront ceux des Québécois.

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   SIRFRANGILL

 
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- Maurizio Iacono (vocaux)
- Jean-françois Dagenais (guitare)
- Stéphane Barbe (basse)
- Max Duhamel (batterie)


1. As My World Burns
2. Imminent Downfall
3. Feared Resistence
4. Cage In
5. Portraits Of Anger
6. Extreme To The Core
7. Courage Through Hope
8. A View From Inside
9. (god)head
10. Embracing Europa
11. I Remember
12. World Of Treason Ii



             



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