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BRUTAL/SLAM DEATH  |  STUDIO

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DEVOURMENT - Obscene Majesty (2019)
Par SIRFRANGILL le 25 Octobre 2019          Consultée 2374 fois

DEVOURMENT, c'est le bordel. D'abord musicalement, c'est gras, guttural, anti mélodique au possible, à un point tel que ça a plus ou moins chamboulé le monde du Death Brutal à la fin des années 90, démocratisant les vocaux ultra profonds monosyllabiques et les morceaux uniquement composés d'une suite de moshparts laissant tomber la plupart du temps les trémolos pourtant à la base du riffing Death orthodoxe. En résulte une bouille Death Brutal dans la forme (les vocaux sont gutturaux, le batteur use de double pédale et de blasts lors de breaks sporadiques, le son rappelle plus SUFFOCATION que AGNOSTIC FRONT) mais Hardcore dans le fond (une musique sans réelle structure et exclusivement rythmique ayant vocation à faire bouger un maximum le pit réuni dans des salles confidentielles) radicalisant ainsi la formule de la scène Death new-yorkaise du début des années 90. Si vous doutez de la radicalité de la formation texane et du choc qu'elle a alors pu inspirer, écoutez donc l'à peine écoutable démo de 97 "Impaled".

Au cours de l'existence de DEVOURMENT, le bordelisme de son art a trouvé écho dans l'affectation des tâches en son sein. En effet depuis le départ de Mike Majewski (en 2014), il n'existe plus un musicien qui ait participé à tous les enregistrements du groupe (non, pas comme SEPULTURA). De surcroît certains membres ont vu leur fonction évoluer au fil du temps, ainsi, ce fameux Majewski est passé de la basse aux vocaux, Chris Andrews de la basse à la guitare tandis que Ruben Rosas a officié en tant que frontman avant de bifurquer sur la guitare pour finalement reprendre en main le micro.

C'est à ce dernier que revient définitivement les rênes de la formation suite au départ de Majewski et il y a fort à parier que l'homme ait formulé, au cours des années 2010, un constat similaire à celui-ci : DEVOURMENT a fait des émules, ses clones se sont multipliés, autant aux États Unis qu'en Russie et en Asie du Sud-Est, refaire un "Molesting The Decapitated" ou un "Butcher The Weak" partie II serait bien vain et ne pourrait qu'entacher l'image reluisante dont dispose le groupe dans l'underground. Il leur fallait alors bouger pour se démarquer à défaut d'à nouveau innover. La chose fut faite sur "Conceived In Sewage" qui diluait son Slam au Brutal Death plus classique et force est de constater que, si cet effort fut appréciable, il ne fit pas de ce cru de 2013 l’œuvre la plus marquante du quartette. Il était indiscutablement possible d'aller plus loin.

Pour ce faire, les Texans ont décidé d'allier ce qui avait fait leur succès fin des années 90 avec l’élément sensé rafraîchir leur formule : la saleté et le trémolo blasté. Le résultat ne pourra qu'étonner dès les premières notes de "A Virulent Strain Of Retaliation" : que c'est méchant, boueux, ça a presque un côté INCANTATION mais en pire pour vous donner une idée dans quelle cour joue "Obscene Majesty". Cette nouvelle orientation phonique est imputable à la production , qui évite par exemple de placer la batterie trop en avant, préférant lui octroyer un son plus naturel et étouffé, favorisant ainsi la morbidité à l'agressivité. La guitare quant à elle gronde d'une âpreté jamais entendue chez DEVOURMENT, tirant probablement son origine d'un accordage plus grave qu'à l’accoutumé ou à l'utilisation d'un octaveur (à vous de trancher si vous êtes plus informés que moi). Ainsi arrangés, les passages rapides sont si confus qu'il devient difficile de distinguer les riffs qui y sont joués. Le tout est très chaotique au point d'atteindre des pics de bordel rares, comme sur "Arterial Spray Patterns", ce qui ne fait que rajouter à la violence dégagée.

Si la formation a choisi d'ouvrir les hostilités sur une accélération immédiate, le cœur de l'ouvrage reste naturellement la slam part, toujours omniprésente tout au long de cet "Obscene Majesty" qui conserve donc, malgré son côté très obscur, un indubitable attrait accrocheur. Ça va d'ailleurs parfois très loin dans le ralentissement, comme sur l'écrasant "Narcissistic Paraphilia".

Les thèmes abordés par Ruben Rosas ont eux aussi connu quelques évolutions sur ce skeud. En effet, il n'aura échappé à personne que l'imagerie du Brutal Death (et donc du Slam Death) hérite en grande partie des délires particulièrement misogynes que furent ceux de Chris Barnes lorsqu'il officiait en tant que frontman de CANNIBAL CORPSE. Ainsi, si dans cette scène on aime faire souffrir les gens de manière générale, c'est logiquement la domination de l'homme sur les femmes qui s'est imposée en thématique centrale, elle qui est légitimée par la culture machiste dans laquelle baignent les auteurs. Sur la question, Ruben Rosas semble avoir pris du recul, comme en témoigne son interview donnée sur le sujet dans Kerrang!. En guise de rachat et en dehors du fait qu'il attribue à Majewski la paternité de l'image passée du groupe, l'homme a pris soin d'inverser les rôles habituels sur "Truculent Antipathy", soulignant ainsi la prétendue folie de l'humanité dans son ensemble. Si cette dernière idée reste discutable, cette évolution dans le texte à le mérite de témoigner d'un début de prise de conscience. La pochette antiquisante de cette nouvelle offrande elle aussi arbore des contours assez inhabituels (bien qu'elle représente des femmes dominées par un personnage masculin, comme celle de "Conceived In Sewage" alors que les premiers artworks épargnaient assez étonnement les femmes, ce qui prouve que du travail reste à faire).

Au delà de ces considérations extra-musicales, DEVOURMENT fait l'exploit d’encore impressionner en 2019 alors qu'il évolue dans une niche où les possibilités de progressions artistiques sont faibles et la course à l'extrême terminée depuis plusieurs années déjà. En restant fidèles à leur esprit de bordelisme, les Texans sont parvenus à imposer leur majesté obscène et insolente sur le petit monde du Slam Death et ce malgré la dureté de leur nouvelle œuvre (quarante sept minutes pour du Death aussi sale et homogène ça fait long quand même) et les limites de l'organe de Rosas qui aura néanmoins contribué à la fin des années 90 à populariser l'ultra guttural.

Certainement l'album Death de l'année, je ne sais pas trop pourquoi je n'en fais pas une sélection d'ailleurs.

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   SIRFRANGILL

 
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- Ruben Rosas (vocaux)
- Chris Andrews (guitare)
- Dave Spencer (basse)
- Brad Fincher (batterie)


1. A Virulent Strain Of Retaliation
2. Cognitive Sedation Butchery
3. Narcissistic Paraphilia
4. Arterial Spray Patterns
5. Profane Contagion
6. Dysmorphic Autophagia
7. Sculpted In Tyranny
8. Xenoglossia
9. Modum Sui Morte
10. Truculent Antipathy



             



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