Le pilotage automatique, voilà bien un des problèmes majeurs des artistes vétérans. Après des années de recherche d’identité, la plupart des groupes trouvent finalement leur façon de faire, leur recette gagnante. Bien plus qu’un état de stagnation, le pilotage automatique se caractérise par une espèce de volonté de rester enfermé dans une nostalgie, obligeant ces membres à reprendre les mêmes sonorités sans possibilité d’évolution. Le résultat en est immédiatement et à jamais gravé sur le CD en question. Perte d’intérêt, manque de mordant, etc. Les exemples ne manquent pas dans notre monde de metalleux, je ne montrerai personne du doigt et vous laisserai le soin d’avoir une petite pensée pour certains de vos groupes préférés qui ont depuis longtemps jeté l’éponge.

Si je commence ma chronique par cette caractéristique si détestée des fans de musique, ce n’est évidemment pas un hasard. Oui, cher ami lecteur, cette galette ("originalement" nommé "Chapter V") est l’exemple parfait d’un groupe sur le pilotage automatique, ou comment faire du neuf avec du vieux tout en souhaitant que personne ne s’aperçoive de rien. Peut-être qu’Aaron et compagnie n’avaient pas les pires intentions du monde en composant l’album, peut-être que leur Post Grunge de pépère leur convenait, mais toujours est-il qu’on a droit à exactement la même soupe qu’avec "14 Shades Of Grey". Et comme leur quatrième album n’est pas ce que j’appellerais une franche réussite, nous sommes maintenant partis pour une série de quatorze autres morceaux pris dans le même moule que les précédents, un peu comme s’ils avaient été composés dans la même fournée que leurs prédécesseurs. Dans les faits, "Chapter V" aurait très bien pu s’intituler "14 Shades Of Grey Part 2".

Assez rapidement, on retrouvera les mêmes défauts que sur son frère, à savoir une surcharge de morceaux : 14 titres pour 58 minutes de Post-Grunge, c’est beaucoup trop long à avaler, même pour un vétéran. L’idéal aurait simplement été de diminuer le nombre à 10, ce qui aurait laissé environ 40 minutes de musique. Deuxième problème : La musique en elle-même, très répétitive et redondante. La même recette est utilisée pendant le parcours : chant mélodieux et plaintif, guitare saturée sur les refrains, et bien sûr des morceaux qui ne dépassent jamais les cinq minutes. "Right Here" et "Falling", faisant supposément figure de tête de proue de l’album, ne sont en rien différents des autres morceaux de "Chapter V", à savoir du Post Grunge peu inspiré.

Il serait injuste pour moi de ne pas mentionner quelques points intéressants. Premier constat positif : lorsque l’on utilise la même sauce tiède, aucun morceau ne touche les bas-fonds. En ce sens, "Chapter V" réussit à ne pas offrir de chansons réellement mauvaises. Deuxièmement, un titre sort du lot : "Everything Changes", qui est pourtant écrit de la même façon que les autres. Néanmoins je trouve ce titre mélodique et fort bien composé, avec des paroles tout de même touchantes même si la thématique a été vue des milliers de fois (la séparation d’un être cher).

STAIND poursuit son petit bonhomme de chemin avec son deuxième album à composition 100% Post Grunge. La recette reste la même, les compositions aussi. Les petits nouveaux vont certainement crier au génie, alors que les vétérans ne feront que passer. "Chapter V" est un bel exemple de pilotage automatique dans un contexte où un groupe s'assoit sur ses acquis. La suite ne sera pas mieux.

Morceau préféré : "Everything Changes".