Comment enchaîner après un premier album astucieux et mémorable ? Voilà la simple et complexe question que plusieurs artistes et groupes se sont posée alors que le succès de leur offrande initiale ait brûlé de bonheur les palmarès ou les neurones des amateurs. Pas facile de se relever d'une telle cuite, surtout quand on a ni l'expérience ni la maturité pour digérer ce tas d'émotions. Nombreux sont ceux qui ont échoué dans cette entreprise cruelle et fortuite… Et personne ne pourrait les blâmer, à part les fans immédiats qui ont accroché aux précoces éclairs de génie et qui, on ne sait pourquoi, ont été si naïfs de croire que leur nouveau coup de foudre allait les étonner jour après jour, année après année…

Nombreux ont attendu de pied ferme, l'épée au poing, le second album d’Andreas Hedlund. Vintersorg est épaulé une fois de plus dans ce nouveau chapitre par Vargher et Cia Hedmark, respectivement en charge des synthés et du chant angélique. Le guitariste Andreas Frank fait aussi partie de l'aventure sur quatre titres. Rappelons que le comparse de longue date d'Hedlund, Mattias Marklund, fera son apparition sur le prochain monolithe, "Cosmic Genesis". VINTERSORG prendra définitivement son élan à partir de là.

Entretemps, ce damné "Ödemarkens Son" a été créé et continue d'exister. Eh ouais, comme une œuvre dont on a forcé la venue au monde en raison d'une pression indue liée à une prégnante création précédente. Vous aurez compris que ce second méfait du Suédois ne remplit pas toutes les promesses que "Till Fjälls" a fait grandir chez les accrocs du Viking Metal. Aucune surprise, "Till Fjälls" était une tuerie. Alors le seul et unique constat qui puisse exister est celui-ci : on est déçu, mais sans grande stupéfaction.

Sauf que VINTERSORG nous offre quelques nouveautés : la production s'est affinée de quelques millimètres, ce qui veut dire que le côté raw a droit à d'infimes améliorations, sans sacrifice majeur à la facture épique et organique qu'Andreas a tenu à extirper dès le jour un de son odyssée. On retrouve ainsi des pièces aussi homériques que sur "Till Fjalls" telles que "När Alver Sina Runor Sjungit" (il faut croire que les premiers morceaux sont souvent excellents chez VINTERSORG), "Ödemarkens Son", "Offerbäcken" et "På Landet", qui insufflent ce souffle nostalgique, inspirant, avide de grands espaces d'une beauté sublime. On nage en mer connue, appréciée rapidement un an auparavant. Qu'on ait découvert VINTERSORG sur le tard ou en direct, dans le contexte de cette fin de millénaire où il y avait encore tant à raconter en frais de Viking Metol, il ressort de l'expérience un sentiment de grandeur.

Ces louanges mises à part, on se retrouve avec un bon skeud de Metal épique sans fioritures ni passeport pour le ciel. Dommage, mais pas dommageable pour Hedlund, qui a le talent pour se faire facilement des copains. Avec deux albums de qualité sortis en autant de saisons froides, VINTERSORG était parti pour la gloire. Mais ça, on ne le savait pas encore en 1999...
Il faut garder la tête froide et le cœur chaud avec cet "Ödemarkens Son" et se dire que malgré son talent inouï, Vintersorg n'aura pas été en mesure de capitaliser avec son second legs à l'humanité.

Note : 3,5/5.

Podium : (or) "När Alver Sina Runor Sjungit", (argent) "Ödemarkens Son", (bronze) "På Landet".

Indice de violence : 2/5.