LONEWOLF regrettait déjà amèrement, à la sortie de "Unholy Paradise", la production très moyenne qui n'avait pas aidé à mettre en valeur les compositions d'un deuxième album qui marquait une marge de progression certaine par rapport à "March Into The Arena". Les contacts établis avec la Grèce ("Hellenic Warriors" sort en vinyle en 2004 pour remercier ces trve défenseurs du Heavy à l'ancienne) et l'Allemagne sont solides et LONEWOLF passe le plus clair des années suivantes à écumer les festivals et les premières parties intéressantes (PARAGON, GRIM REAPER, DARK AGE…). C'est d'ailleurs de DARK AGE que va venir la connexion avec Eike Freese, qui va apporter son talent au moment de mixer le futur "Made In Hell". Ce qui en soi marque une évolution très nette par rapport à l'opus précédent. Ajouté à cela un enregistrement à la maison dans la salle de répétition, LONEWOLF a essayé de mettre un maximum d'atouts de son côté pour partir du bon pied, presque cinq ans après "Unholy Paradise".

Ne nous méprenons pas, comme Jens Börner aime à le rappeler, c'est avec STORMWITCH, OMEN, RUNNING WILD ou MANILLA ROAD qu'il a grandi et le True Metal est sa maison. Ainsi, la moindre ligne de synthé serait pour lui une trahison envers les fans de LONEWOLF. Il ne faut donc pas s'attendre à de la délicatesse et à un grand éventail de nuances ; la musique de LONEWOLF se distingue principalement par le fait qu'elle est vraie, organique et couillue.

Et des titres fédérateurs comme "Divine Art Of Lies" ou "The New Inquisition" ne sont pas là pour faire de la figuration et montrent qu'une bonne production met davantage en valeur les idées du combo. Et d'une manière générale, les Grenoblois ont progressé dans l'écriture, même si le départ de Dryss pour le Canada (où il rejoindra ICEWIND) chasse le relief que la basse apportait aux riffs (cela fait illusion le temps de "Shadowland"). C'est Alex Hilbert, qui vient de quitter NIGHTMARE, qui rejoint l'effectif, et nul doute que l'expérience acquise avec ce combo historique apporte un plus indéniable, ne serait-ce qu'en ce qui concerne la cohérence basse-batterie, et l'ouverture de l'endiablé "Shadowland" permet de la constater sans sourciller.

LONEWOLF a progressé oui, mais Jens Börner a encore du boulot… Si son chant est un peu moins monocorde, il reste vraiment limite en termes de justesse ("Seawolf" est un véritable supplice de ce point de vue) et la conviction qu'il met ne suffit hélas pas à passer outre les maladresses qui parsèment "Made In Hell". Toutefois, et c'est ce qu'il faudra retenir, ce troisième album est celui de la révélation pour nos loups grenoblois car les compositions sont plus affûtées, le riffing, toujours basique, sait demeurer efficace la plupart du temps et les refrains en forme d'hymnes sont légion. ("Host Of The Dark", "Made In Hell", "The New Inquisition").

S'il est devenu très difficile de se le procurer, "Made In Hell" demeurera longtemps le préféré des fans du combo qui dans les années suivantes parviendra à accomplir de nouveaux progrès et d'accéder à un niveau de notoriété plus enviable, et clairement "Made In Hell" y est pour quelque chose. Néanmoins ne vous attendez pas non plus à découvrir ou redécouvrir une gemme cachée, clairement "Made In Hell" marque une progression, mais c'est pas la fête à neuneu non plus, l'album se révélant linéaire et assez laborieux.