Phil Baheux n'est plus.
Remise en question du groupe ;
Faut-il continuer l'aventure sans un des piliers fondateurs ?
Les fans adoraient Phil.B,
Philby vénérait ses fans.
Pour le "bien" de tous, CHANNEL ZERO décide de poursuivre...

Cet album est plus sombre, plus recherché - mélodies et structures légèrement plus complexes - moins rentre-dedans que leur "Feed'Em With A Brick", 2011 - dernier enregistrement officiel avec Phil derrière ses fûts).

Cela redevient du Thrash tranchant/agressif, en alternance d'un mid-tempo moderne et parfois décliné avec une touche de mélancolie - sic. Cet opus est, à plusieurs égards, plus abouti. Maturité ? Non, ils l'avaient déjà atteinte avec "Black Fuel" en 1996, pour ma part. Ici, c'est plutôt une musique un poil plus hermétique.
Avant, tu voulais retrouver du punch, une envie de sauter partout avec un truc direct qui pète dans l'oreille : Ok CHACHA est là ! C'était au temps de la fête...

... Bon, ce côté "chacha" est mis au vestiaire (révolu depuis le fatidique 10 août 2013 ? Nous verrons). Il n'empêche que "Kill All Kings" se veut tortueux ; au caractère sérieux (entendez par là, on ne fête plus quoique ce soit, on est impuissant face à la perte d'un être cher et donc on rage à sa façon).

Y a de l'émotion, c'est palpable et ça ouvre une nouvelle facette au groupe. Pour un mieux ? Je n'irai pas jusque là ; j'ai adoré les premiers exploits, les retrouvailles puis - passage à vide - j'ai aussi grandement apprécié qu'ils sortent un nouvel album (malgré la rupture) d'une part, et que celui-ci soit différent de ce qu'ils nous avaient concocté jadis.

C'est donc un CHANNEL ZERO autre qui nous est présenté.
La galette se mange aisément à condition d'accepter le cours de l'histoire et donc, de digérer cette nouvelle approche musicale. Oh, ce n'est pas révolutionnaire non plus - quoique "Duisternis" est chantée en Français, une première pour Franky, mais aussi en néerlandais (soit il chante aussi comme un Flamand... : dans sa langue natale, sot !), le tout agrémenté d'un Anglais habituel, ouf ! Cela surprend mais c'est en quelque sorte rafraîchissant.

Il y a également des ballades de facture classique, sans plus : une calme "Brother's Keeper", une plus "à la CHANNEL" soit "Heart Stop". Elles se laissent écouter, voilà.

"Ego" est particulier. La mélodie qui surplombe ce titre est désabusée, aérienne mais d'une tristesse rarement atteinte chez nos Belges. On dirait que CHANNEL a décidé de prendre son temps, de peaufiner, de fignoler là où, faut l'avouer, on sentait plutôt une énergie qu'il fallait dépensée coûte que coûte, quitte à ce qu'elle soit "bâclée" sans pour autant nuire à l'efficacité !

Donc, dans son ensemble, ce sixième opus est correct, au son moderne, mélodique et permet au groupe de se maintenir musicalement.

Nous leur souhaitons de perdurer.

P.S. : Juste avant cet album de 2014, le groupe sortit - à la suite du décès inopiné : rupture d'anévrisme - le morceau "Angel" (dont la version de départ est en fait le dernier titre de cet album-ci, "Heart Stop") en hommage (vous le retrouvez sur l'album "Unplugged",2015, version acoustique et bien plus poignante, trouve-je). Un concert de prévu s'est transformé en recueillement public, sobre, acoustique et réduit pour l'occasion. Nous n'avions pas le cœur à la fête, ce soir du 14 août 2013, trois jour seulement après, à Bruxelles... chez eux, chez moi...

re-P.S. : Phil, comme on a dit, hein ? ! Bye mec.