Que pouvaient-ils espérer de mieux que de se voir attribuer un certain Vinnie Paul aux manettes pour le mixage de ce deuxième méfait, cher à nos Belges de thrasheurs ? Rien à part le succès qui aurait dû suivre… C’est donc bien le batteur de PANTERA qui fit résonner "Stigmatised For Life" comme un de ses enfants chéris. D’ailleurs, cela s’entend dans le son (forcément, hein, sot !) mais aussi dans l’attaque des riffs et de la frappe des fûts.

Mis à part cela - qui est important, je vous l’accorde - cet album a un cachet personnel et colle parfaitement à la peau de CHANNEL ZERO. Cependant, il y a une différence - et de taille en ce qui me concerne - c’est que l’album sonne plus froid, de manière clinique, que son prédécesseur aux incalculables changements de rythmiques qui donnaient un confinement chaleureux et très énergique. Ici, nous dirions plutôt qu’une atmosphère des plus sérieuses vient de se coucher telle une nappe de brouillard sur la présence d’un resplendissant soleil, quelques minutes auparavant !

La qualité est cependant au rendez-vous. Les compos sont plus abouties et les différents passages sont raccords avec l’entièreté des 10 morceaux. Même les cassures sont étudiées et bien engagées. Les soli de Xavier n’ont pas leur pareil pour nous faire sourire de gratitude ; sans pour autant être techniques, ils sont percutants. La basse de Tino ressort enfin et son jeu, manque de bol, est simplifié ! Heureusement, efficace. Donc, il nous reste le chant de Franky et là, whaw : il n’est toujours pas avare de textes, un tantinet longuets certes, avec sa tessiture fêlée, écorchée mais, en même temps, hargneuse et imposante . Ça passe à merveille. L’exécution travaillée de cet opus permit au groupe de partir sur les routes avec des musiciens confirmés émanant de monstres métalliques tels que BIOHAZARD, OBITUARY, NAPALM DEATH ou encore LIFE OF AGONY, etc…

Alors, qu’est-ce qui coince ?

Si la frappe des fûts est bien amenée, sa résonance est crue, pratiquement sans punch ? ! La caisse claire claque et le jeu de la double pédale (actionné par la voûte plantaire de Phil) ne ressort qu’à demi, si bien que son impact en est diminué, c’est râlant parce que, en écoutant attentivement, sa technique s’est améliorée - et c’est sûr que Vinnie dû lui apprendre deux ou trois trucs de batteur… Ok, c’est une expérimentation sonore mais, pour les avoir vus souvent en concert, sachez que le live rend justice à la puissance de CHANNEL ZERO mille fois mieux qu’en studio (en tout cas pour cet album en particulier)… A vous d’écouter et de rendre un verdict abondant dans mon sens ou non. J’enfoncerais le clou en disant que leur apothéose musicale a explosée avec l’album qui suivit, "Unsafe" (1994) au son bougrement différent de celui-ci !

Et puis, les riffs, moindre que par le passé sont souvent repris plusieurs fois. C’est peut-être aussi cette répétition qui lasserait nos auditions consécutives. Qui sait ? En tout cas, de facture classique, c’est du bon thrash sans toute fois révolutionner la sphère Metal de l’époque. Personnellement, j’aime ce CD car, faisant fi de tout bois, je soutenais bec et ongles ce groupe qui mettait notre peuple aux portes de la reconnaissance mondiale du Metal ! Et puis, après leur décès annoncé en août 1997, c’est par nostalgie de ces moments qui me submergeaient à chaque écoute (les souvenirs des diverses prestations me revenaient encore et toujours en tête, pfff ! )…

… Quand soudain, par une matinée de décembre dernier, je fus électrocuté à l’annonce de Monsieur Aaargh, officiant en ces lieus depuis, ôh et plus que ça même (!) , bref, CHANNEL ZERO se reforme (voir ma prédiction sur leur 4ème album "Black Fuel", hé hé…) et a une demi-douzaine de concerts sold-out en quelques jours : ce qui annoncerait un retour probable en studio, m’est avis. Alors, si cela se confirme, je vous promets de tout faire pour les chroniquer en nouveauté sur le site de Nightfall !!!

P.S. : le dernier morceau est très bizarre, donc à part. Le chanteur rend hommage au travail artistique de ses potes de KEATON (voir chronique de Bionic ! ) au moyen d’un porte-voix en guise de micro ! Sympa et déroutant…

Bises aux filles et salutations aux mâles (tatoués ou non, ne soyons pas sectaire !).