Des riffs comme vaches qui pissent ! Pour un début, c’est un bon début.

Les choses sérieuses démarreront pour le groupe bruxellois en 1992 avec ce premier album éponyme. En reprenant toutefois 4 titres de leur première démo sortie en 1990 que sont "Tales of Worship", "Inspiration to Violence", "Save Me" et le fameux "Run With The Torch" qu’ils retravailleront sur leur 3e album "Unsafe" et rebaptisé pour l’occasion en "Run W.T.T.".

"Channel Zero", l’album, est un véritable catalogue de rythmiques, principalement thrash. L’ensemble est donc généreux à souhait et, à ce titre, c’est avec délectation que nos conduits auditifs s’enthousiasment à son écoute. Certes, il y a des longueurs mais ce n’est pas trop dérangeant.

Franky D.S.V.H. - de son vrai nom De Smet Van Damme, si ça c’est pas vendeur !? - (le seul de la bande à avoir gardé ses longs cheveux par la suite… euh, pardon, hors de propos !) a un timbre de voix assez particulier. Rares sont les moments purement musicaux, car du texte, y en a à foison ! A moins que ce ne soient les passages où les soli se développent à tout va et sont libérateurs d’un Thrash parfois oppressant mais sentant bon l’adrénaline. Nous respirons cette ambiance comme un très bon moment de détente. Pourtant, rien de comparable, il est vrai, avec leurs prestations live, ce qui n’est pas peu dire !

Les riff sont carrés, tranchants. Mention spéciale pour celui de "Painful Jokes" : dantesque ! Un peu à la METALLICA des débuts sans pour autant copier le style. Pas forcément rapide, CHANNEL ZERO évolue vers un Thrash mid-tempo privilégiant une atmosphère lourde et suante… Ça donne malgré tout l’envie de bouger. Phil B. préfère jouer avec ses différents tomes plutôt que de marteler indéfiniment la caisse claire. Ce jeu de batterie renforce la patte artistique du groupe en lui donnant cette couleur unique propre à CHANNEL ZERO. Attention, le mixage a également son importance (enregistré en Allemagne) et confère à l’album un son plutôt poussiéreux. Je m’explique, la basse de Tino Demartino a son importance dans pas mal de breaks et ce n’est que quand elle est seule qu’elle ressort véritablement. Elle ronronne tout au long des compositions. Dommage, car son jeu est très varié et nous n’en profitons pas à fond, je trouve. Ce sera également la seule fois où ils feront appel à un guitariste en renfort en la personne de Patrice Hubloux.

Mais au fait, d’où vient ce patronyme ? D’une chanson du groupe de rap sulfureux américain PUBLIC ENEMY qui s’intitule "She want channel zero".

Mais CHANNEL ZERO c’est aussi un logo. Véritable marque de fabrique du groupe. Nous dirions une sorte de talisman avec 3 pointes, tel une marque de voiture allemande, où 3 « sortes » de rasoirs stylisés se décalant par rapport aux pointes pour former une espèce d’étoile. Le tout ressortant en relief, sorte de mise en abîme, triangulaire cette fois-ci. Voyez la pochette, c’est plus clair. Il n’empêche que le groupe avait, dès le départ, mis tout en avant pour la reconnaissance des fans et/ou du genre. Qu’il pouvait y en avoir des t-shits à leur effigie du temps de leur splendeur !